L'évolution des technologies d'affichage n’a jamais été aussi rapide. Après l'essor du MiniLED, une nouvelle déclinaison promet de redéfinir les standards : le RGB MiniLED. Développée par des acteurs majeurs du secteur comme Hisense, Sony et Samsung, cette technologie se distingue par son approche unique de l’émission lumineuse. Mais en quoi consiste exactement cette technologie ? Quels sont ses atouts face aux écrans OLED et MiniLED classiques ? Décryptage d’une innovation qui pourrait bien redéfinir les écrans du futur.

Voilà le tout premier modèle RGB-MiniLED présenté en début d'année par Hisense © Matthieu Legouge
Voilà le tout premier modèle RGB-MiniLED présenté en début d'année par Hisense © Matthieu Legouge

Depuis le début de l'année, les annonces se sont enchaînées chez certains grands acteurs de l'industrie de l'affichage, et plus particulièrement du téléviseur. Si nous avons déjà analysé chacune d'elles, notamment à l'occasion du CES 2025, puis un peu plus tard avec la présentation de Sony, nous n'avions pas encore pris le temps de faire le point sur cette technologie. On vous résume tout ce qu'il faut savoir des promesses faites par cette technologie, ses atouts, ses faiblesses et comment elle pourrait rapidement transformer le secteur.

RGB MiniLED : une alternative aux technologies traditionnelles ?

Comme vous le savez sans doute, la majorité des téléviseurs actuels repose sur deux grandes technologies.

D'un côté, on retrouve les écrans LCD qui utilisent un rétroéclairage blanc pour illuminer une dalle LCD, elle-même dotée de filtre de couleurs transformant les photons dans un spectre rouge, vert et bleu. Bien sûr, différentes approches existent pour produire la couleur (par exemple, avec les Quantum Dots), ou encore avec différents types de rétroéclairages. De l'autre côté, les écrans auto-émissifs où chaque pixel est capable de produire directement sa propre lumière, et donc de se passer de rétroéclairage. C'est le cas de l'OLED et du MicroLED, qui produisent les photons à partir de matériaux organiques pour le premier et inorganiques pour le second.

Le Hisense 116UX, premier téléviseur RGB-MiniLED présenté en début d'année au CES © Matthieu Legouge
Le Hisense 116UX, premier téléviseur RGB-MiniLED présenté en début d'année au CES © Matthieu Legouge

Toujours basé sur la technologie LCD, le RGB MiniLED se situe pourtant à mi-chemin entre ces deux approches. Plutôt que d'utiliser un rétroéclairage blanc, cette technologie intègre des MiniLEDs tricolores (Rouge, Vert, Bleu) capables d’émettre directement de la lumière colorée, éliminant ainsi le besoin de filtres de couleurs. Autrement dit, dans un téléviseur MiniLED classique, les diodes servent uniquement à rétroéclairer une dalle LCD, qui filtre ensuite la lumière pour afficher les couleurs. Ce procédé a permis de largement améliorer la technologie LCD/LED, qui compte malgré tout toujours certaines faiblesses. On pense notamment à la perte d'efficacité lumineuse, puisque les filtres LCD absorbent une partie de la lumière émise.

Le RGB MiniLED, lui, adopte une approche différente :

  • Les pixels sont formés à partir de diodes RGB organisées en "clusters", permettant une émission directe de lumière et de couleurs
  • Il supprime les filtres LCD, ce qui améliore la pureté des couleurs et augmente la luminosité globale
  • Le RGB MiniLED offre une gestion plus avancée de la lumière et des couleurs. Cela permet aux constructeurs d'implémenter des modulations plus fines de l’intensité lumineuse et des couleurs. Cela permet notamment d'améliorer la dynamique de l’image et la précision des dégradés, tout en réduisant l’effet de blooming.
Voilà une image comparative parfaite pour vulgariser le concept et montrer les différences entre Mini-LED, à gauche, contre RGB-MiniLED, à droite. © Sony

Au final, le RGB MiniLED tente de réunir le meilleur des deux mondes. Il partage ainsi plusieurs principes fondamentaux avec le MicroLED, notamment l’émission directe de lumière par des LEDs individuelles de couleur rouge, verte et bleue, sans recourir à un rétroéclairage blanc ni à des filtres LCD. Toutefois, contrairement au MicroLED, où chaque pixel est une LED auto-émissive, le RGB MiniLED utilise des groupes de diodes pour éclairer plusieurs pixels, ce qui limite la granularité du contrôle lumineux. La taille des diodes reste naturellement supérieure à celle de la technologie MicroLED, résultant sur une production plus simple et des coûts réduit par rapport à celle-ci.

RGB MiniLED, une technologie encore en quête de maturité ?

L’idée d’utiliser des diodes RGB pour créer des écrans n’est pas nouvelle. Les panneaux LED géants (comme ceux des stades ou des publicités urbaines) utilisent depuis longtemps des LED rouges, vertes et bleues pour afficher des images sans filtre LCD. Cependant, c'est une autre paire de manches de miniaturiser cette approche pour un usage domestique, notamment en raison de la taille des diodes et des contraintes de fabrication que cela implique.

Le RGB-MiniLED présenté par TCL. Peu d'informations circulent pour le moment sur les plans du constructeur chinois sur cette technologie © Matthieu Legouge

Sony fut l’un des premiers, en 2004, à explorer cette voie avec le Qualia 005, un téléviseur LCD haut de gamme intégrant un rétroéclairage LED RGB dynamique. Cette approche permettait une reproduction des couleurs plus fidèle que les écrans LCD classiques à rétroéclairage fluorescent (CCFL), mais son coût prohibitif a limité sa diffusion. Quelques années plus tard, en 2008, le Bravia KDL-46X4500 a repris ce principe avec un rétroéclairage LED RGB local dimming, offrant une meilleure gestion du contraste et une couverture colorimétrique élargie. Néanmoins, la complexité et le coût de production ont freiné l’adoption de ces technologies, incitant les fabricants à privilégier des alternatives plus abordables, comme le LED blanc avec filtres de couleur.

Le RGB MiniLED s’inscrit dans la lignée de ces innovations en reprenant le principe des LED RGB pour une émission directe de lumière, tout en optimisant leur conception pour une fabrication à plus grande échelle. En réduisant la taille des diodes et en améliorant leur intégration, cette technologie pourrait enfin apporter les bénéfices du rétroéclairage LED RGB au grand public.

Quels avantages concrets pour les téléviseurs de demain ?

Le RGB MiniLED offre plusieurs atouts qui pourraient redéfinir les attentes des amateurs d'image sur le segment haut de gamme. Voici, en résumé, ce que l'on peut en attendre :

  • Une reproduction des couleurs plus précises, une couverture colorimétrique élargie et un volume de couleurs accru pour des teintes plus riches et plus intenses.

Comme des diodes sont dédiées à chaque couleur primaire (RGB, ou RVB dans la langue de Molière), la couverture des espaces colorimétriques et la pureté des couleurs sont améliorées. Contrairement aux LCD classiques, qui utilisent une lumière blanche filtrée, le RGB MiniLED produit directement les couleurs au niveau du rétroéclairage, permettant une meilleure couverture des espaces colorimétriques comme le BT.2020.

Ci-contre, deux images comparatives entre un rétroéclairage MiniLED classique et le RGB-MiniLED © Sony
  • Une luminosité de pointe pour l'HDR, proche des moniteurs de post-production

Les téléviseurs MiniLED offrent déjà des pics de luminosité impressionnants, mais le RGB MiniLED va encore plus loin. Certains prototypes sont annoncés avec une luminosité de 10 000 cd/m², dépassant largement les standards HDR actuels. Un atout clé pour les contenus HDR10+ et Dolby Vision et pour les futures mises à jour de ces standards.

Luminosité, volume de couleurs, gradation… le RGB-MiniLED ne manque pas de promesses. © Sony
  • Un contraste et des noirs qui se rapprochent encore de l’OLED

Plutôt que de moduler un simple rétroéclairage blanc comme dans un MiniLED classique, le RGB MiniLED ajuste individuellement la luminosité des différentes couleurs. Bien qu’il ne permette pas encore un contrôle pixel par pixel comme l’OLED ou le MicroLED, cette gestion plus fine de la lumière et des couleurs pourrait résulter sur des noirs plus profonds, un contraste amélioré et une meilleure gradation des nuances sombres. Il est également probable que le blooming soit moins impactant avec le RGB MiniLED. Contrairement aux MiniLED classiques où le rétroéclairage blanc crée des halos diffus et parfois très perceptibles autour des objets lumineux sur fond sombre, le RGB MiniLED contrôle indépendamment la luminosité des trois couleurs primaires. Cela pourrait ainsi adoucir les transitions lumineuses et produire des halos moins perceptibles, de mêmes couleurs que les contours de l'objet diffusé, rendant leur présence beaucoup moins intrusive.

Le "RGB MicroLED" de 98 pouces présenté à la presse par Samsung lors du CES 2025 © Matthieu Legouge

Les défis à surmonter avant une adoption massive

Malgré ses nombreux atouts, le RGB MiniLED doit encore franchir plusieurs obstacles avant d’être largement adopté. Voici notamment les facteurs limitant qui se posent actuellement comme des défis à surmonter pour les fabricants :

  • Un coût de fabrication encore élevé

Les MiniLED RGB sont plus coûteuses à produire et à assembler que les diodes blanches utilisées dans les écrans LCD actuels. L’enjeu va donc se concentrer sur l'optimisation de la production pour proposer des téléviseurs RGB MiniLED à des prix compétitifs.

  • Une complexité d’assemblage accrue

Chaque pixel étant composé de trois MiniLED distinctes (R, G et B), l’alignement et l’assemblage doivent être parfaitement précis pour déboucher sur un modèle exempt de défauts. Cette complexité ralentit la production et augmente le coût final.

  • Une miniaturisation délicate

Si le RGB MiniLED est idéal pour les très grands écrans (100 pouces et plus), il reste difficile à miniaturiser pour des formats plus courants (55 à 75 pouces). Les constructeurs vont donc devoir redoubler d'effort pour réduire la taille des MiniLED tout en conservant une production rentable.

Où verrons-nous du RGB-MiniLED prochainement ?

Comme nous l'avons expliqué tout au long de cet article, le RGB MiniLED représente un compromis intéressant entre MiniLED et MicroLED, en offrant une meilleure précision des couleurs, une luminosité extrême et un contraste amélioré, tout en évitant les problèmes de burn-in de l’OLED.

Cependant, son coût de fabrication élevé et sa complexité d’assemblage restent des freins à son adoption immédiate. Il est probable que cette technologie soit d’abord réservée aux écrans haut de gamme et aux écrans professionnels avant d’être pleinement démocratisée.

Pour l'heure, quatre grands acteurs ont annoncé avoir investi dans cette voie. Le premier d'entre eux fut Hisense, à l'occasion du CES 2025, avec un téléviseur géant et une approche ambitieuse du rétroéclairage avec son "RGB Local Dimming". TCL lui a emboité le pas, sans grande annonce toutefois, mais en présentant un prototype sur son stand.

Ce fut également le cas pour Samsung qui présentait un prototype, non sur son stand, mais dans un showroom réservé à la presse à l'occasion du CES 2025. Le fabricant coréen avait alors nommé son prototype "RGB MicroLED", une façon de distinguer son produit, bien qu'il ne s'agisse techniquement pas de MicroLED.

Enfin, le dernier acteur historique en date à avoir annoncé développer le RGB MiniLED n'est autre que Sony. Le fabricant nippon a pour le moment baptisé sa technologie "RGB LED à haute densité" et explique être parvenu à concevoir "un nouveau système d’affichage qui intègre un pilotage indépendant des LED RVB". Il faut dire que Sony a été un pionnier dans le développement de cette technologie grâce à son QUALIA 005 lancé en 2004. Nous vous invitons à consulter notre article ci-dessous pour en savoir plus sur l'annonce de Sony.

Avec des géants comme Hisense, Sony, Samsung et TCL investissant dans cette voie, il ne fait aucun doute que nous verrons dans les prochaines années des téléviseurs RGB MiniLED capables de rivaliser avec les meilleures technologies actuelles. Reste à savoir quand et à quel prix.