Des chercheurs de l'Institut Karolinska en Suède ont publié les résultats d’un projet-pilote portant sur le déploiement de défibrillateurs par drones, en cas d’appel aux services d’urgence. Si l’expérience n’a pas encore permis de sauver des vies, elle a montré des résultats très encourageants.
Malgré les limitations techniques et réglementaires actuelles, plus de 60 % des drones ont en effet pu intervenir avant l’arrivée des ambulanciers.
Une expérience prometteuse
On le sait depuis longtemps, le massage cardiaque et l’utilisation d’un défibrillateur automatique externe (DAE) multiplient les chances de survie en cas de crise cardiaque. Si les lieux publics mettent de plus en plus souvent à disposition des DAE, leur présence à portée immédiate est encore très loin d’être assurée. La survie de la victime dépend donc, bien souvent, de la réactivité des services de secours.
Face à ce constat, les chercheurs de l’Institut suédois Karolinska, le service d’urgence national SOS Alarm ainsi que l’opérateur de drones Everdrone AB ont effectué une campagne d’essais en conditions réelle dans les villes de Gothenburg et Kungälv, dans l’Ouest de la Suède, pendant l’été 2020.
Lorsqu’un appel pour une crise cardiaque exigeait le déploiement d’une ambulance, un drone transportant un défibrillateur s'envolait pour se rendre sur les lieux de l’accident. En tout, 12 vols ont été effectués sur une période de quatre mois, avec un taux d’arrivée effective sur site de 92 %. Dans 64% des cas, le défibrillateur volant arrivait même sur les lieux avant les secouristes en ambulance. Pour le moment, aucun de ces DAE n’a cependant pu être utilisé avant l’arrivée des ambulanciers.
Pour la doctorante Sofia Schierbeck, co-auteure de l’étude, l'expérience a quand même permis de démontrer « qu’il est possible d’utiliser des drones pour transporter des défibrillateurs de manière sûre, avec précision, pour de véritables urgences ». Pour un futur usage opérationnel, il faudra cependant que les régulateurs des services d’urgence, au téléphone, puissent guider les personnes présentes sur les lieux afin d’utiliser au plus vite (et correctement) le défibrillateur ainsi acheminé.
Un futur outil pour les services de secours ?
Cette étude s’inscrit dans une longue lignée d’expériences et d’utilisations opérationnelles de drones par des services d’urgence. En cas d’avalanche, de secours en mer ou d’incendies, des drones sont régulièrement déployés pour repérer des victimes ou acheminer du matériel d’urgence. L’étude suédoise porte pour sa part sur l'envoi régulier de drones dans des zones densément peuplées, ce qui implique des limitations de survol et un rayon d’action réduit. Outre les problématiques de navigation, les drones restent également limités à une utilisation diurne, par beau temps. C'est d'ailleurs ce qui explique que seuls 12 vols ont été effectués, sur les 53 suspicions de crise cardiaque relevées par SOS Alarm.
Au fur et à mesure que les technologies et les réglementations évolueront, il devrait cependant être possible de voir des drones intervenir en soutien (et non en remplacement, la nuance est d'importance) des services d’urgence. Leur réactivité et leur souplesse d'utilisation permettront alors d’étendre le champ d’action des secouristes, aussi bien en ville qu’en zones rurales.
Source : news.ki.se