© General Atomics
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Vendredi dernier, 125 États et de nombreuses Organisations Non Gouvernementales se sont réunis lors d'un sommet de l'ONU à Genève. Le but était de prendre des décisions sur l'utilisation des « robots tueurs », les drones dits autonomes, après huit ans de discussions. Hélas, le sommet s'est soldé par un échec cuisant.

Il y avait peu d'espoir de faire changer d'avis les plus gros États militaires du monde sur l'utilisation et le développement des drones de combat, qu'ils soient autonomes ou dirigés par des humains.

Huit ans de discussions pour rien

En mars 2021, l'Organisation des Nations Unies publiait un rapport faisant état de frappes de drones 100 % autonomes en Libye. Une première dans l'histoire qui a fait réagir nombre d’États membres. Si la véracité du terme « 100% autonomes » est encore à bien confirmer, il n'en demeurait pas moins urgent pour les États de se réunir et de discuter des problèmes posés par l'utilisation des drones de combat, qu'ils soient autonomes ou non.

Vendredi dernier donc, les 125 acteurs internationaux se sont réunis, accompagnés de quelques grandes ONG, pour tenter de légiférer au niveau international sur l'utilisation de ces « robots tueurs ». Aucun accord n'a été trouvé : le poids des grandes puissances militaires (Israël, l'Inde, les États-Unis ou encore la Russie), farouchement opposées à une quelconque interdiction, était trop fort.

Rien n'est encore gravé dans le marbre et de nouveaux essais de négociations pourront voir le jour. Ce sommet de l'ONU était d'ailleurs surtout tourné sur la question des robots autonomes utilisés pour des frappes militaires, usant des technologies de pointe comme l'IA ou la reconnaissance faciale. Selon les ONG et les États opposants, l'utilisation de ce genre de drones augmenterait les risques pour les civils, poserait des problèmes de responsabilité (si personne n'est aux commandes, qui peut-on blâmer ?) et augmenterait le risque d'escalade des conflits.

Des discussions plus larges

Pendant huit ans, les discussions au sein de l'ONU concernaient plus largement l'utilisation des drones de combat, pilotés par des humains ou non. Force est de constater que dans tous les cas, les dommages collatéraux ne sont pas évités et que, de ce fait, les drones ne servent qu'à protéger les soldats du pays attaquant mais pas les civils des pays touchés.

Le New York Times a publié samedi dernier une enquête accablante pointant du doigt les dysfonctionnements du Pentagone américain sur l'utilisation des drones. Selon l'enquête, depuis 2014 les États-Unis ont effectué quelque 50 000 frappes de drones en Afghanistan, Syrie et Irak, qui ont causé la mort d'au moins 1427 civils. Qu'un drone soit autonome ou non, l'erreur est toujours présente.

Les opposants à leur utilisation se sont évidemment montrés déçus des résultats des discussions et António Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a appelé les pays à mettre en place un plan ambitieux pour développer de nouvelles règles.