Axon, entreprise spécialisée dans les appareils de sécurité non létaux comme les tasers ou les caméras, vient de dévoiler un drone équipé d’un taser afin de neutraliser les auteurs de tueries de masse… Un concept qui est loin de faire l’unanimité.
La firme a publié un communiqué pour présenter son projet, seulement quelques jours après qu’un adolescent a fusillé 21 personnes dans une école primaire à Uvalde, dans l’État du Texas. Un timing parfait pour exploiter un marché à fort potentiel outre-Atlantique, celui des armes non létales.
Un drone taser accompagné de caméras de surveillance
Face à l’inaction du gouvernement américain devant les tueries de masse, Rick Smith, P-D.G. et fondateur d’Axon, souhaite mettre en place des « solutions différentes et meilleures, y compris celles qui exploitent la technologie pour protéger nos écoles, nos enseignants et nos étudiants ». Le drone dévoilé par l’entreprise serait ainsi capable de neutraliser un assaillant en moins de soixante secondes, à en croire le communiqué.
Pour le moment toutefois, peu d’informations quant aux caractéristiques de l’appareil ont été dévoilées. Il n'y a que des modèles 3D qui ont été présentés dans le communiqué de presse de la société. « Des drones non létaux peuvent être installés dans les écoles et autres lieux, et jouer le même rôle que les arroseurs et autres outils d'extinction des incendies pour les pompiers : prévenir un événement catastrophique, ou du moins, en atténuer les pires effets », continue Rick Smith. Pour accompagner son drone, il souhaite également installer un réseau de caméras de surveillance afin de détecter un potentiel danger.
Conscient de la dangerosité d’un tel dispositif, il propose trois règles pour encadrer l’utilisation de son drone taser. La première interdit à l’arme de tuer une personne, la deuxième établit que les humains doivent « s'approprier les décisions relatives à l'usage de la force et en assumer la responsabilité morale et juridique », et enfin, « les agences doivent assurer une surveillance et une transparence rigoureuses pour garantir une utilisation acceptable », selon la dernière.
Les critiques pleuvent
Le projet d’Axon est loin de faire l’unanimité. L’Electronic Frontier Foundation, une ONG qui défend les libertés numériques, a publié un communiqué dans lequel elle s’oppose vivement au projet de l’entreprise, dans lequel elle craint l’utilisation d’un tel dispositif par la police :
Cela créerait, avec l'autorisation des propriétaires des caméras, mais pas des personnes qui passent devant elles tous les jours, un réseau de surveillance massif. Comme les drones, il sera finalement utilisé par la police beaucoup plus souvent que dans de rares situations d'urgence critiques.
Nous avons déjà vu cela auparavant. À maintes reprises, la police évoque la menace extrême du pire scénario afin de déployer des pouvoirs extraordinaires, qui finissent par être utilisés dans des actes quotidiens de maintien de l'ordre qui affectent de manière disproportionnée la vie des personnes de couleur, des immigrants et d'autres membres vulnérables de la société. Avant que ces outils ne soient déployés, nous exigeons que les drones de police armés ne voient jamais le jour.
L’ONG rappelle en outre que l’utilisation de tasers par la police a tué près de 500 personnes aux États-Unis depuis 2010. Le drone d’Axon fait même polémique en interne. Le bureau éthique de l’entreprise, qui n’a qu’un pouvoir consultatif, a lui aussi publié un communiqué pour ouvertement s’opposer au déploiement d’un tel engin. Rick Smith promet qu’il donnera davantage d’informations sur son drone taser ce vendredi sur Reddit.