Canyon Precede:ON CF9

Dans la catégorie haut de gamme, l'Allemand Canyon fait figure de référence. Ses vélos traditionnels, plébiscités par les amateurs de la Petite Reine, sont reconnus pour leur fiabilité. Depuis quelques années, il propose des vélos à assistance électrique qu’il présente comme irréprochables.

L’une des spécificités de Canyon est de ne pratiquer que la vente en direct, sans passer par un réseau de distribution. De ce fait, il est quasiment impossible de l’essayer avant l’achat. De même, la maintenance n’est pas toujours simple en cas de problème, beaucoup de boutiques refusant de prendre en réparation un produit d’une marque qu’ils ne distribuent pas.

Tout ceci n’empêche pas le constructeur de trouver son public. Mais que valent les vélos à assistance électrique de ce constructeur pas vraiment comme les autres ? Pour le savoir, nous nous sommes fait prêter un exemplaire du Precede:ON CF 9, son modèle haut de gamme urbain. Avec comme objectif de répondre à une question très simple : vaut-il réellement son impressionnant tarif de 5 000 € ?

Design et ergonomie

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Precede:ON CF9 en jette. Notre exemplaire de test dispose d’un cadre en carbone à la finition irréprochable. Certes, il n’est pas très discret avec ses lignes un tantinet épaisses, mais on apprécie le soin qui a été apporté à son design, notamment la ligne interrompue qui relie le cockpit au moyeu arrière. Du guidon aux pédales, il dégage une incontestable impression de qualité ainsi qu’une certaine élégance.

Le cockpit a été pensé afin d'intégrer au mieux l'ordinateur de bord. Et c'est réussi !
Le cockpit a été pensé afin d'intégrer au mieux l'ordinateur de bord. Et c'est réussi !

Le cockpit a été conçu afin d’intégrer au mieux l’ordinateur de bord et donner un accès rapide aux commandes. Il embarque pour cela un ensemble de six touches logées sur le poignée gauche et que l’on peut piloter du pouce. Également fait de carbone, il se compose d’un cintre et d'une potence unifiés, au design réussi.

Il comprend des freins ainsi qu’un éclairage qui pivote en même temps que le guidon. La câblerie électrique, quasiment invisible, passe pour l’essentiel dans le cadre du vélo. On trouve sur la poignée de droite une sonnette mécanique aussi minimaliste qu’efficace.

L’ordinateur de bord dispose du module d’affichage Kiox amovible. Conçu par Bosch, il est accompagné de deux touches servant à mettre sous tension le vélo et à activer les feux, cette dernière étant aussi déportée sous la forme d’un poussoir logé près du frein gauche.

Le feu arrière présente un design si dépouillé qu'on a cru qu'il manquait quelque chose. Mais non.

Au passage, la forme pour le moins bizarre du feu arrière — 3 LEDs dans leur plus simple appareil — nous a fait nous demander s’il manquait une pièce à notre vélo. Renseignement pris auprès du constructeur, il n’en est rien. Les goûts et les couleurs…

En plus d’une béquille, le Precede:ON dispose d’un porte-bagages arrière pouvant supporter une charge de 25 kg. Canyon a eu la bonne idée de lui intégrer le système de fixation Ortlieb QL3.1 afin d’attacher/détacher rapidement les sacoches (optionnelles) proposées par la marque.

Enfin, le cadre dispose de trois points de fixation sur le tube vertical afin d’y placer un support d’antivol Abus de Bordo. Le constructeur conseille d’ailleurs le modèle Xplus 6500/85, qu’il propose en option à l’achat. Vu le prix du vélo, on aurait tort de se passer de ce dispositif, l’un des plus dissuasifs en matière de cycles.

Un équipement technique aux petits oignons

Vu son prix, nous attendions un équipement irréprochable pour le Precede:ON CF9…. Et nous n’avons pas été déçus. Le cadre en carbone et les freins, conçus par Canyon, sont à notre avis des modèles du genre. Bien sûr, on aurait aimé un aspect un peu moins anguleux et plus de finesse dans la ligne. Mais en l’état, le Precede:ON nous satisfait.

Le vélo est construit autour d’un moteur Bosch Performance Line CX (génération 4), soit l’un des meilleurs du moment avec ses 85 Nm de couple. Son alimentation est fournie par une imposante batterie PowerTube 500 Wh, elle aussi conçue par Bosch. On peut la retirer du châssis assez simplement afin de la recharger.

Pas de concession non plus sur le moyeu Envolio, servi par une courroie en carbone d’origine Gates. Plus propre qu’une chaîne, elle réduit considérablement le risque de projection de saletés, ce qu’on ne peut qu’apprécier en utilisation urbaine. Le moyeu, de type automatique, évite d’avoir à passer manuellement les vitesses à l’aide d’un dérailleur.

Si les puristes crieront au scandale, nous apprécions fortement cet aspect « boîte automatique ». Cela doit en théorie rendre la conduite du vélo nettement plus agréable en ville en évitant d’avoir à jongler avec le changement de vitesse.

Cela dit, le Precede:ON se décline en version à chaîne et dérailleur mécanique (modèle CF8) et vaut dans ce cas un millier d’euros en moins. De quoi faire réfléchir.

La selle est quant à elle un modèle de réussite. Equipée d’une tige en fibre de carbone concoctée par Canyon, elle est produite par le très réputé Fizik. Elle dispose d’un mécanisme de réglage précis afin de coller au mieux à la morphologie du cycliste. L’ensemble s’avère étonnamment confortable, y compris pour notre postérieur de citadin habitué à des assises plus larges et rembourrés.

Conduite : parfait, à un détail près

Conduire le Precede:ON est un véritable plaisir. La puissance déployée par le moteur Bosch est très largement suffisante pour une utilisation urbaine, y compris en chargeant lourdement les porte-bagages.

Différents modes d’assistance électrique permettent de fournir un effort plus ou moins important lors d’un déplacement. On pourra aussi désactiver complètement l’assistance, le vélo restant tout de même agréable à piloter. Le mécanisme de freins à disque s’avère réactif et fiable.

Les commandes de l'ordinateur de bord sont facilement accessibles.

Bref, une réussite… à un (petit) détail près : si la gestion automatique des vitesses est agréable, on regrette que la transmission donne parfois l’impression de patiner. Nous avons constaté ce phénomène à de nombreuses reprises, essentiellement au démarrage ou après un fort ralentissement.

Il faut en effet un certain temps pour que le changement de vitesse s’effectue et que la transmission s’adapte. Le cycliste a alors l’impression de « mouliner dans le vide » puisqu’il n’y a plus de résistance au niveau du pédalier. Il est alors impossible d’accélérer.

Certes, ce défaut n’est pas insurmontable (ni insupportable) et pour tout dire, on s’y fait après quelques heures d’utilisation. Mais pour un produit de ce prix, on aurait préféré ne pas avoir ce type de désagrément.

On apprécie les différentes possibilités proposées par l’ordinateur de bord. Celui-ci suffit à piloter et paramétrer l’intégralité des fonctions proposées et dispose d’un écran suffisamment lumineux pour rester visible en plein soleil.

On pourra aussi le synchroniser à un smartphone grâce à la connexion Bluetooth. Dans ce cas, il faudra installer l’application compagnon eBike Connect développée par Bosch. Disponible en versions iOS et Android, elle offre de nombreuses possibilités intéressantes.

Outre l’accès aux paramètres, eBike Companion permet de planifier un trajet qui s’affichera sur l’écran de l’ordinateur de bord. Il faudra auparavant télécharger gratuitement les cartes topographiques de la région où l’on se trouve. L’application peut produire une flopée de statistiques sur la façon dont est utilisé le vélo. Bien entendu, sur mémorisation est facultative et nécessite l’accord de l’utilisateur.

Fixé par un sytème d’attache magnétique que nous jugeons très fiable, l’ordinateur de bord Kiox peut aussi faire office de clé de verrouillage. En le retirant du cockpit, moteur du vélo est totalement désactivé. Il est alors impossible de démarrer l’assistance électrique de ubuesque façon que ce soit, y compris en utilisant un nouveau module Kiox.

À défaut d’être dissuasive, cette fonction baptisée Lock Premium, s’avère intéressante. Pour en bénéficier, il faut impérativement effectuer un achat in-app de 9,99 €… Certes, cela est négligeable rapporté au prix du Precede:ON. Mais nous trouvons cela d’une mesquinerie qui ne colle pas à l’image que souhaite donner Canyon à ses clients.

Nous avons bien conscience que cet achat est imposé par Bosch, à l’origine de la motorisation et de l’électronique de bord. On aurait apprécié que Canyon prenne en charge son activation automatiquement lors de la vente du vélo.

Autonomie : très satisfaisante

Pour finir, un mot sur l’autonomie électrique, pouvant monter d’après Canyon à près de 100 km en mode économique. D’après notre expérience, elle varie beaucoup en fonction du poids de charge du vélo.

Dans notre cas, nous l’avons utilisé avec une charge pouvant atteindre 120 kg : le poids de votre serviteur, déjà imposant par nature, est aggravé par le port régulier d’un sac à dos de 70 litres rempli à ras bord de courses alimentaires.

La batterie intégrée au cadre est sécurisée par une clé.

Dans ces conditions, nous avons tout de même atteint une petite cinquantaine de km en terrain plat et en abusant du mode Turbo (on est paresseux ou on ne l’est pas). Ce n’est déjà pas si mal.

Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de tester plus en profondeur l’autonomie effective en modes sport et éco. Mais au vu des performances en turbo, elle devrait être en phase avec ce qu’annonce Canyon.

L'avis de Clubic sur le Canyon Precede:ON CF9

Positionné en très haut de gamme, le Precede:ON de Canyon est sans aucun doute l’un de vélos à assistance électrique les plus réussis du moment. On apprécie la qualité de ses composants ainsi que le soin apporté à leur assemblage. D’ailleurs, le constructeur affiche une rassurante confiance dans ses produits, puisqu’il les garantit six ans.

On apprécie les multiples fonctions apportées par l’ordinateur de bord, la puissance de son moteur et surtout la réactivité de l’assistance électrique. Certains seront moyennement emballés par le changement de vitesse automatique, ce n’est pas notre cas.

Vu la vocation citadine du Precede:ON, on ne peut qu’apprécier ne pas avoir à constamment jongler avec le dérailleur. En revanche, il est dommage que la transmission patine dans quelques cas précis. Bien qu’il ne soit pas rédhibitoire, ce petit défaut n’a pas sa place dans un vélo de ce prix.

Même s’il n’est pas simple de l’essayer avant achat (Canyon distribue uniquement ses produits en direct depuis son site web), le Precede:ON est un produit hautement recommandable pour une utilisation quotidienne.