Essai Voltaire 2021 01

Nouveau venu dans le monde des VAE haut de gamme français, Voltaire tente de séduire par un style nostalgique et un accent mis sur la sécurité. Est-ce suffisant pour justifier son tarif ?

Voltaire est né au bon moment. Cette marque bien française, parisienne plus précisément, est logée dans le cœur du 17e arrondissement. La petite équipe a conçu son tout premier vélo qu’elle a commercialisée à l’automne 2020. Suite aux premières commandes, les livraisons ont débuté en avril 2021, au point pour la sortie du troisième et dernier confinement.

Design et prise en mains : un coup de coeur rétro

Pour se démarquer, le Voltaire joue la carte rétro. Le chrome à outrance sur toutes les parties métalliques apparentes, les poignées et sellerie en similicuir brun et le cadre bas vert anglais respirent la classe. L’allure est aussi compacte, avec des roues moyen format de 26 pouces qui ravira celles et ceux stockant leur vélo en appartement. D’ailleurs, le poids est limité pour sa manipulation, avec seulement 21,5 kilos sans option et batterie incluse. Cependant, le guidon ne braque pas assez à droite (contre 90° à gauche), ce qui réduit le champ d’action en espaces étroits.

Un éclairage parfaitement intégré, imitant un phare de vieille auto
Un éclairage parfaitement intégré, imitant un phare de vieille auto

Le feu arrière est à fonction stop (via frein arrière seulement). Ce système moderne fait contraste avec le phare avant imitant les optiques des autos des années 1930, tout comme son logo vintage en proue. Le tout est assez bien fini, avec des moulures masquées, une peinture appliquée et une superbe sonnette.

Souci du détail, avec le feu arrière intégré au garde-boue

Voltaire signale que le VAE est « conçu pour les tailles de 1,55 à 1,80 m ». Bonne nouvelle : notre 1,84 m passe sans problème car l’amplitude de la hauteur de selle est importante, et on peut la régler en profondeur. Seul hic : la potence n’est pas réglable, conséquence de l’intégration de l’écran, qui en garantit l'imperméabilité. De type scooter à 2 pieds pour surélever le vélo, la béquille du Voltaire est très stable et solide mais difficile à manipuler.

Conduite et confort : attention aux grandes tailles

Voltaire a choisi d’implanter le moteur sur le moyeu arrière, solution préférée des VAE haut de gamme. Pas de chaîne et de vitesses mais une courroie souple, sans carter cependant. Le tout est relié au pédalier à capteur de couple.

En termes de pédalage, le Voltaire offre une vraie souplesse d’utilisation, le tout sans aucun bruit. Le mode Eco est largement suffisant sur plat et faibles pentes et permet d'atteindre les 25 km/h sans forcer. En l'essayant, on a même cru qu’il était au maximum avant d'être contredit par les chiffres sur l’écran ! Il montre cependant ses limites en pentes. Le mode Vif est l’idéal pour les 55 Nm maximum car il n'entraîne aucun sur-effort au démarrage (même en pente) avec une réponse quasi immédiate. De même en reprise, bien que les à-coups soient présents. Si l’absence de vitesse simplifie la conduite, on pédale vite dans la semoule après 27 km/h.

Style vintage mais transmission moderne automatique à chaîne souple

N’avoir que 2 modes, passe encore. Le gros point noir repose plutôt dans l’absence de bouton sur le vélo : il faut obligatoirement passer par le téléphone pour passer de l’un à l’autre, ce qui exige de s’arrêter. Ce choix est celui de la simplicité d’utilisation pour Voltaire, mais il frustrera probablement beaucoup de monde. Car oui, on aime utiliser modérément la batterie sur plat ou pistes sans grande interruption, et réserver la pleine puissance dans les montées (ou juste par envie de moins pédaler ). La marque a déjà assuré vouloir corriger ce défaut sur la prochaine évolution.

Peu pratique, on doit passer par l'application pour changer de mode

Si les petits gabarits auront un sentiment de position à la Hollandaise, notre grande taille (1,84 m) pousse à se courber considérablement. De fait, les longs trajets sont un peu douloureux. La selle moussée est confortable sur 20 km, mais au-delà on préfèrera recourir à une sur-selle à gel. Néanmoins, la position des mains est bonne et les freins à disques inspirent confiance. Enfin… sauf en cas de pluie, où l'intensité de freinage est amputée et un les disques provoquent un bruit assourdissant. Ce souci est relativement répandu et n'est pas nécessairement propre au vélo électrique Voltaire.

Batterie, autonomie et recharge : des performances irrégulières

Donnée pour 360 Wh, la batterie a joué au yo-yo. Sur notre parcours de 38 km, il a fallu jouer l’écoconduite pour ne pas finir à plat. Pourtant, nous avons réalisé au moins 10 km en mode Eco. Voir fondre la jauge aussi vite a été déstabilisant, surtout sans pourcentage exact sur l'écran. D'autant plus que quand la jauge passe au orange, elle s’efface légèrement et devient moins visible sur le fond blanc. Le deuxième trajet en mode Eco a donné 20 km sur 50%. Le troisième trajet a donné un bug de distance (66 km vs 36 réels), avec 36% restant en mode Eco, soit 56 km avec pleine batterie. Un résultat étrange, que l’on suspecte lié à l’affichage.

La batterie est amovible via le tube de selle

Même en tenant compte de notre poids plus élevé que la moyenne (80 kg), difficile d’atteindre 50 km en Eco et 30 km en mode Vif. C'est insuffisant. La marque nous a indiqué que ce problème était rare et sans doute propre à notre vélo d'essai, mais impossible de le vérifier.

Malgré son cadre bas classique, le Voltaire affiche une différence de conception pour un VAE : l’énorme tube de selle contenant la batterie. Point fort : elle est amovible, contrairement aux Vanmoof. Mais la position entraîne une manipulation difficile. D’abord, il faut procéder à un déverrouillage en bas du tube avec une clé universelle, que l'on remplacerait volontiers par une clé unique. Ensuite, une poignée pivote la selle pour accéder à l’intérieur et à la batterie. Celle-ci dispose d’une languette à l’accès difficile pour les grandes mains, surtout avec la selle réglée très haut.

Hormis ce souci, retirer la batterie est relativement simple. Pour la remettre, il faut la laisser retomber (doucement) dans le bon axe. Par temps pluvieux, il faudra s’armer d’un chiffon, le tube restant humide plusieurs jours.

On peut charger directement sur le vélo, tant mieux car manipuler la batterie est difficile

Le chargeur et son connecteur sont spécifiques à Voltaire, ce qui limite l’intérêt du vol. Une fois branché, rien n’indique l’état de la recharge sur le transformateur (son voyant vert devient rouge, c'est tout) ni sur la batterie. Il faut allumer le vélo pour afficher la jauge, et l’application pour avoir un pourcentage. Comptez 40 minutes pour une 30-80%, 2h pour retrouver 0-80% de batterie et 2h30 pour une charge complète. Comme pour l’autonomie, quelques bugs sont à signaler, comme un passage brutal de 6 à 33% de batterie, ou à l’inverse une perte de 13 points en 5 minutes. Le problème serait, ici encore, isolé.

Application et sécurité : un détecteur de vol très efficace

L’écran du Voltaire est vertical et grand (6,5 x 3,9 cm). De ce fait, il dicte la forme centrale du guidon. Son rétroéclairage est puissant avec une bonne lecture de jour, mais il n'est malheureusement pas adaptable, ce qui le rend un peu trop puissant de nuit. n’est pas tactile et ne dispose d’aucun bouton : son affichage est donc unique, ce qui ne correspond pas vraiment aux usages actuels.

L'écran affiche donc en tout instant la vitesse, l’heure, le mode activé, la jauge de batterie et le kilométrage en cours. La jauge de batterie est vraiment trop approximative : difficile de voir si l'on est à 70 ou 40% de batterie ! Pour vérifier, il faudra sortir son téléphone après un nouvel appairage sur l'appli. Quelques indicateurs permettent tout de même de repérer facilement une batterie qui commence à s'épuiser : la jauge verte devient orange sous 20%, et rouge sous 10%.

L'écran est bien visible, non tactile et sans bouton

Qui dit pas de bouton dit pas de fonction arrêt / marche, que beaucoup d’autres vélos électriques proposent. L’activation NFC via le badge est toutefois rapide (1 seconde environ), idem à l’arrêt. En passant par l'application, cela prend quelque 4 à 5 secondes.

Tracking au point, mais maigres infos pour l'application

La sécurité est le gros point fort de ce Voltaire. Équipé d’une balise GPS et d’une petite batterie interne dans le cadre, le vélo est armé contre toute tentative de vol. S'il est déplacé, une alarme sonne et envoie une première notification de mouvement, qui est désactivable. On ne comprend pas bien pourquoi la notification renvoie vers la page d’accueil de l’application et non vers l’alerte de vol potentiel, mais admettons. Voltaire nous informe donc d’un « Risque de vol », et offre le choix entre « Trouver son vélo » (qui activera la localisation) et ignorer. Une seconde notification pourra venir attester que le vélo est immobile, autrement dit indiquer au propriétaire que la première était probablement une fausse alerte. Bien vu pour ne pas s’inquiéter après chaque mouvement, surtout si le vélo se trouve en local d’immeuble fréquenté.

En cas de mouvement prolongé, l’alarme du vélo sonne par intermittence, et les lumières clignotent. Une notification « Vélo de XXX se déplace » permet de suivre sa position. On aurait aimé un peu plus de fonctions sur l'application, comme le suivi du trajet ou les dernières distances parcourues - statistiques que beaucoup de VAE proposent aujourd'hui.

Vélo électrique Voltaire : prix et disponibilité

Avec son tarif de 2 390€, le Voltaire n’est pas donné. Il ne propose aucune alternative de cadre ou de taille, mais se décline en 3 couleurs Noir intense, Bleu nuit et Vert anglais (le coloris de notre exemplaire de test). En option, le rack avant Pelago s'échange contre 95€, et le panier avant contre 110€. On regrette l'absence de porte-bagage arrière.

La marque facture la seconde batterie 270€, le chargeur additionnel 80€ et la chaîne de remplacement AXA 45€. C’est complet (ou presque), mais la note grimpe vite. Il faudra en plus compter l’assurance 2 ans à 270 € pour une sérénité totale, couvrant casse et vol.

Un vélo séduisant aux défauts de jeunesses, mais Made in France

Voltaire indique que la livraison est gratuite en 3 semaines, partout en France. La garantie est de 2 ans pour la partie mécanique. L’assemblage est réalisé en France, chez Cycleurope, à Romilly-sur-Seine (10). Les jantes sont fabriquées en France mais la batterie et le cadre viennent de Chine, tout comme la majorité des composants électroniques.

Plusieurs boutiques propose de toucher ou d'essayer le Voltaire à Paris, Bordeaux, Biarritz et Deauville. De là à en déduire que la marque vise clairement un public chic, il n'y a qu'un pas… Le réseau devrait cependant s’étendre à d'autres grandes villes françaises, précise la marque. La production a débuté en avril 2021 avec 350 €, et le volume devrait grimper en 2022. Le constructeur devrait dans la foulée proposer une première évolution du vélo : espérons qu'elle améliorera la partie logicielle et les bugs.