Eléctricité

En pleine vague de chaleur, les autorités californiennes ont récemment demandé à ce que les batteries de stockage des panneaux solaires installés chez des entreprises et des particuliers soient utilisées pour alimenter le réseau électrique collectif et éviter les coupures de courant.

Mais si les batteries se présentent peu à peu comme une alternative bas-carbone aux centrales à gaz, leur mise en réseau impose de relever plusieurs défis.

Californie : un bon élève dans la lutte contre le réchauffement climatique

Ces dernières années, la Californie a enchaîné les épisodes climatiques particulièrement violents, soumettant le réseau électrique locale à rude épreuve. En effet, avec des températures largement au-dessus des normales saisonnières, les climatiseurs californiens tournent à plein régime, entrainant un pic de la demande énergétique.

Aux Etats-Unis, la Californie a pourtant la réputation d’être un excellent élève en matière d’énergies renouvelables. D’une part, la moitié de la production électrique locale provient de centrales à gaz naturel qui produisent nettement moins de CO2 que les centrales à charbon présentes ailleurs aux Etats-Unis. D’autre part, le climat californien est propice à l’installation d’équipements photovoltaïques, qui sont de plus en plus souvent couplés à un stockage en batterie permettant un fonctionnement de nuit.

Centrale électrique virtuelle

Ces batteries de stockage, normalement destinées à être utilisées par leurs propriétaires, ont récemment été mises en réseau afin d’éviter des coupures de courant. Le mois dernier, au plus fort du pic de demande énergétique, l’agence de régulation des infrastructures publiques a en effet demandé à la California Solar and Storage Association de mettre ses membres à contribution.

Des centaines de batteries présentes chez des professionnels, collectivités territoriales et particuliers ont ainsi fourni plusieurs centaines de mégawatts. Soit l’équivalent, sur une courte période, de la production électrique d’une petite centrale au gaz. Une première étape intéressante, sachant que le potentiel de ces installations va grandissant. En effet, la compagnie Sunrun installe désormais deux fois plus de panneaux solaires équipés de batteries que l’année dernière. Et dans la région de San Francisco, déjà 60% de leurs installations photovoltaïques comprennent des batteries.

A terme, plusieurs experts estiment que des batteries connectées et pouvant être contrôlées à distance pourraient former de véritables usines électriques virtuelles, dispersées et redondantes.

Un modèle de distribution à redéfinir

Mais avant cela, il reste à régler de nombreux détails, notamment celui de la compensation financière. Pour l’heure, les entreprises sont dédommagées pour l’utilisation de leurs batteries, mais la participation des particuliers reste bénévole. Avec la généralisation des installations de batteries, les autorités californiennes et les compagnies électriques devront néanmoins trouver des solutions plus pérennes afin de passer d’un modèle centralisé à une production électrique plus dispersée, mais aussi plus complexe à gérer. La possibilité de réquisition des batteries en cas d’urgence est également au cœur des débats.

Enfin, à plus long terme, la question du recyclage des batteries finira par se poser, au risque de créer une nouvelle catastrophe écologique en essayant d’en enrayer une autre.