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Si la production d'énergie éolienne est poussée par les autorités de pays de plus en plus nombreux, elle peut aussi être source de sévères gaspillages.

En France, les éoliennes ont été à l'origine de 8,9 % de l'électricité consommée en 2020, avec 39 700 GWh (soit 39,7 TWh). L'objectif reste de faire grimper cette proportion à 20 %, d'ici 2028. En Europe (au sens large), plusieurs pays sont bien plus avancés que la France en la matière. C'est le cas notamment du Royaume-Uni, qui l'an dernier a produit 30 % de son énergie à partir d'énergies renouvelables, en très grande partie (23 % de la production totale) grâce à l'éolien. Cependant, cette source d'énergie continue de causer d'importantes pertes, dénoncées par deux professionnels des données climatiques britanniques, Archy de Berker et Peter Dudfield.

Des GWh et de l'argent perdus, et des émissions de CO2 supplémentaires générées

Les jours où le vent souffle le plus outre-Manche, la quantité d'électricité produite par les éoliennes est plafonnée, réduisant même la part générée de 6 %. « C'est pire que ça », dénonce Archy de Berker. « Non seulement nous avons éteint nos éoliennes, mais nous avons payé les propriétaires de parcs éoliens pour qu'ils les éteignent ».

Conséquence directe de cette pratique : le Royaume-Uni a dépensé 215 millions de livres sterling (soit plus de 240 millions d'euros) en une seule année rien que pour éteindre les parcs éoliens. Mais surtout, il a perdu des GWh à en pleuvoir et dépensé 717 millions de livres (soit plus de 800 millions d'euros) supplémentaires pour relancer des centrales à gaz, afin de remplacer… l'énergie éolienne définitivement perdue.

Le bilan de cette dérive énergétique est plutôt triste : les Britanniques ont émis 1,5 million de tonnes de CO2 supplémentaires l'année dernière. La répartition des grands parcs éoliens du pays ainsi que les décisions politiques prises dans le passé expliquent en partie ces dérives, qui vont jusqu'à faire gaspiller autant d'énergie éolienne au Royaume qu'il en utilise.

Le jour de Noël par exemple, plus de 10 millions d'euros ont été dépensés en coûts de réduction, pour diminuer la production de 76,2 GWh… une énergie qui permettrait d'alimenter 11 000 foyers en électricité pendant un an. Des pertes colossales donc.

Le potentiel de l'éolien reste miné par la répartition des parcs et les soucis de transfert territorial de l'énergie

Depuis 2015, et même si cette décision pourrait s'inverser, l'Angleterre a interdit la construction de parcs éoliens sur ces terres. L'Écosse et ses mers très venteuses accueillent la majorité des parcs éoliens du Royaume-Uni. Pourtant, une grande partie de la consommation d'électricité des Britanniques reste le fait d'une population surtout concentrée dans le sud-est de l'Angleterre.

© archy.deberker.com
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Il faut donc ainsi acheminer l'électricité du nord au sud du territoire, et cela coûte très, très cher. Le dernier gros câble mis en place pour assurer le transfert de l'énergie a coûté 1,35 milliard d'euros. « Parfois, nous avons simplement plus d'énergie éolienne que nous n'avons de câbles pour la transmettre », expliquent les deux spécialistes, qui parlent d'un vrai goulot d'étranglement.

Les arrêts successifs de la production éolienne et la relance d'une production plus proche géographiquement des consommateurs (souvent à essence) coûtent très cher aux consommateurs, qui finissent par payer trois fois l'électricité qu'ils reçoivent : le paiement au parc éolien, celui pour l'éteindre et le dernier pour le générateur alternatif. Si cette stratégie pouvait par le passé se montrer raisonnable financièrement parlant, la flambée des prix de l'essence redistribue les cartes aujourd'hui et se révèle être un non-sens total, aussi bien pour notre planète que pour les sujets de sa Majesté le Roi Charles III.

Pour résoudre ce problème et diminuer les pertes, construire plus de câbles plus gros encore se révèle être la solution préconisée, avec l'ajout notamment d'une liaison à courant continu haute tension au large de la côte est. Gonfler le stockage d'énergie éolienne au niveau des goulots d'étranglement peut aussi être envisagé, les batteries pouvant stocker plus d'énergie et restant plus faciles à déployer que des câbles. Mais les décisions restent à prendre, pour enfin donner sa pleine puissance à l'éolien.