C'est une opportunité inespérée au lancement de la mission européenne, mais le 17 décembre dernier, la sonde Solar Orbiter a traversé la queue de la comète Leonard. Cette dernière était déjà loin, mais les instruments très sensibles consacrés en particulier au vent solaire ont pu étudier sa composition.
Et cette fois, tous les instruments étaient étalonnés !
Le dernier show de la comète Leonard
Les astronomes amateurs et professionnels ont été nombreux en décembre à suivre la comète C/2021 A1 Leonard qui a offert un joli spectacle, même si elle n'était pas (à moins de conditions exceptionnelles) visible à l'œil nu.
Au University College de Londres, Samuel Grant, qui travaille sur les interactions entre le vent solaire et les queues des comètes, utilise une simulation logicielle pour estimer les directions des particules. « Je l'ai utilisée sur Leonard et Solar Orbiter, avec plusieurs variations de vitesse du vent solaire. Les deux se croisaient ! » La sonde européenne, relativement proche de la Terre après son assistance gravitationnelle du 27 novembre dernier, n'a donc pas croisé la comète de près : elle était 44 millions de kilomètres plus loin… Mais, portées par le vent solaire, les particules qu'elle a éjectées ont bel et bien été mesurées, avec un pic le 17 décembre.
Turbulences !
Sans surprise, la détection la plus franche de ce passage dans le « sillage » de Leonard a été faite grâce à la suite instrumentale consacrée à l'analyse du vent solaire (SWA), via son capteur de particules chargées HIS (pour Heavy Ion Sensor). Le responsable de l'instrument a été catégorique et a expliqué que les détections d'ions à cette occasion étaient directement liées à la comète. SWA-HIS a ainsi capté de l'oxygène, différentes molécules carbonées et même de l'eau.
Mais Solar Orbiter embarque de nombreux autres instruments, et les relevés du magnétomètre MAG sont aussi en cours d'analyse… Et il y a bien entendu les autres capteurs qui ont observé Leonard grâce à leurs suites optiques. Le coronagraphe Metis, notamment, a pu observer la comète dans le spectre ultraviolet et en visible. Cela devrait permettre de déterminer à quel rythme la comète éjectait son eau et sa poussière.
Des mesures, des mesures et encore des mesures
Les données de Solar Orbiter, si elles profitent du passage « dans » le flux généré par la comète Leonard, viennent en réalité s'ajouter à un véritable florilège de mesures européennes et américaines au mois de décembre. La sonde Soho l'a observé, tout comme STEREO-A, et même la sonde solaire Parker, entre deux plongeons au sein même de « l'atmosphère » solaire. De quoi mieux comprendre ces objets lointains, dont une part importante s'est formée à l'aube du Système solaire et ne survit pas à un seul passage près du Soleil…
De plus, étalonner les instruments permet de préparer le futur. L'ESA prépare notamment Comet Interceptor, une petite mission qui décollera avant que les scientifiques aient déterminé son objectif : elle sera placée en attente, avant de manœuvrer pour survoler au plus près une comète plongeant vers son destin.
Pour Solar Orbiter enfin, dont les instruments sont maintenant à 100 % opérationnels, c'était une nouvelle opportunité de réaliser des mesures sur une comète. Les équipes étaient ravies de passer dans le sillage de la comète C/2019 Y4 Atlas en 2020, mais c'était encore trop tôt dans sa mission pour que les instruments fonctionnent de manière optimale.