Borisov, vue par Hubble. Crédits NASA/ESA/HST
Borisov, vue par Hubble. Crédits NASA/ESA/HST

C'est ce que tendent à montrer deux études. Le passage de la comète interstellaire 2I/Borisov dans notre Système Solaire a notamment permis d'en savoir plus sur sa nature, grâce à l'étude de sa chevelure. On apprend entre autres qu'elle n'aurait jamais rencontré d'autre étoile que la nôtre depuis le début de son (long) voyage…

Et les mesures enregistrées sont beaucoup plus nombreuses que pour 'Oumuamua.

Interstellar sans Murphy

Par définition, une rencontre avec un objet interstellaire est une course contre la montre. Fin août 2019, alors que la comète 2I/Borisov était découverte par l'astronome du même nom, un compte à rebours s'est enclenché pour observer au mieux son passage près de notre Soleil, avant qu'elle nous échappe pour se diriger vers le vide, et peut-être croiser un jour une autre étoile. Cela prendra du temps bien sûr, peut-être des millions d'années ou plus.

Après le printemps 2020, il n'a plus été possible de la suivre. 2I/Borisov avait-elle déjà survolé d'autres astres ? Rien n'est moins sûr, explique une étude anglaise dans Nature Communications (S. Bagnulo et Al).

Tu seras ma première étoile

À l'aide du Very Large Telescope (VLT), les scientifiques ont observé la polarimétrie de la chevelure de 2I/Borisov, c'est-à-dire la façon dont elle interagit avec la lumière. Ces mesures se sont révélées très différentes de celles des autres comètes déjà observées dans notre Système Solaire, à une seule exception près, celle de Hale-Bopp en 1997. Or, c'est un consensus scientifique, Hale-Bopp opérait cette année son premier passage proche de notre Soleil !

2I/Borisov était-elle donc « pure » de n'avoir jamais rencontré aucune autre étoile auparavant ? C'est une possibilité intéressante ; mais les auteurs de l'étude n'éludent pas la probabilité inverse, (à savoir que Hale-Bopp ait pu être une comète interstellaire « capturée » au siècle dernier).

Borisov, étudiée l'année dernière. Crédits NASA/ESA/D. Jewitt
Borisov, étudiée l'année dernière. Crédits NASA/ESA/D. Jewitt

Vieille boule de neige

Une autre étude parue dans Nature Astronomy s'intéresse pour sa part à la structure de la comète (qui, certains s'en souviendront, s'est un peu fragmentée lors de son passage). Utilisant des données collectées par le réseau de télescopes ALMA et le VLT, l'équipe menée par B. Yang a étudié les propriétés des poussières cométaires éjectées par 2I/Borisov… Qui en larguait environ 200 kg par seconde !

Leur étude montre que le noyau n'est pas bien homogène, et qu'il s'est probablement formé par la coagulation de plusieurs « boules de glace » issues de différentes zones de son système d'origine. Résultat, certains éjectas montrent d'impressionnants taux de monoxyde de carbone, et d'autres moins.

Selon les conclusions de l'article, cela pourrait indiquer que la comète s'est formée relativement proche de son étoile d'origine, avant de migrer (en étant éjectée ou fractionnée) dans une zone plus lointaine de son système, qu'elle a quitté ensuite. Comme quoi, parfois, l'expression « billard cosmique » prend du sens…

Source : New Scientist