Pour la première fois, un astéroïde faisant partie du groupe des « troyens » de Jupiter est catégorisé comme actif. « 2019 LD2 » éjecte du gaz et des poussières, comme une comète.
Une découverte très intéressante, sept ans avant l'arrivée sur place de la sonde Lucy de la NASA.
Bizarrerie en orbite
En juin 2019, le télescope ATLAS, habituellement utilisé pour observer les objets stellaires proches de la Terre, a détecté un nouveau corps sur la même orbite que Jupiter. Rapidement classé, 2019 LD2 est très intriguant car des chercheurs de l'Université de Belfast, rejoint par d'autres équipes, montrent qu'il se comporte comme une comète. En effet, même s'il n'a pu être observé entre fin 2019 et début 2020 (car il passait derrière le Soleil), 2019 LD2 éjecte bien du gaz, ou de la poussière.
Actif depuis plus d'un an, il fait partie d'un groupe d'astéroïdes capturés depuis des milliards d'années dans l'orbite de Jupiter par la masse formidable de la géante gazeuse : c'est un troyen. Plus précisément, il suit la même orbite que Jupiter à son point de Lagrange Jupiter-Soleil L4.
2019 LD2, le cheval de Troie ?
Astéroïde ou comète ? La frontière entre les deux n'est pas toujours aussi évidente qu'on voudrait le croire, et même certains astéroïdes que l'on pense inactifs ont montré récemment qu'ils pouvaient éjecter du matériel (c'est le cas du petit astéroïde Bennu, étudié par la sonde OSIRIS-REx).
Mais générer une « queue de comète » est particulier, surtout pour un troyen. Avec leur âge supposé, les astéroïdes troyens sont figés et n'ont normalement plus de glace en surface. « Mais nous croyons depuis des décennies que les Troyens disposent de grandes quantités de glace sous leur surface, sans en avoir la preuve », explique Alan Fitzsimmons dans le communiqué de l'observatoire.
Il faut en savoir plus
Alors comment se fait-il que 2019 LD2 produise un tel spectacle ? La réponse est encore ouverte au débat scientifique. Il peut s'agir d'un effondrement d'une partie de l'astéroïde sur lui-même, mais aussi d'une collision avec l'un de ses nombreux voisins qui aurait exposé en partie la glace restée sous sa surface. Il est aussi possible que 2019 L2 ne soit pas un Troyen traditionnel, et qu'il ait été capturé très récemment par l'influence gravitationnelle de Jupiter.
Les observations vont se poursuivre dans les années à venir pour en savoir plus, et peut-être pour préparer des mesures avec la sonde Lucy.
Cette mission de la NASA, qui doit décoller en octobre 2021, a justement pour mission de survoler plusieurs astéroïdes troyens pour en découvrir plus quant à leurs origines et la genèse de notre Système Solaire. Alors, si elle peut observer une curiosité supplémentaire…
Source : Gizmodo