Un nouvel article, paru dans Science et basé sur les images capturées
lors de la collecte d’échantillons de la mission Hayabusa2, cherche à expliquer les différences de matériaux en surface de l'astéroïde.
La sonde est sur son chemin pour ramener ses échantillons sur Terre.
Hayabusa2 repart de son astéroïde !
Equipe rouge, équipe bleue
À l'œil nu, nous n'y verrions aucune différence : l'astéroïde Ryugu est sombre comme un morceau de charbon. Mais en passant 18 mois à proximité immédiate de ce corps céleste au cours de sa mission, la sonde Hayabusa2 a pu collecter des images de Ryugu qui permettent d'identifier des différences.
Une partie de la surface présente plus de reflets bleus à l'équateur et aux pôles, en contraste avec un matériel plus rougeâtre aux latitudes moyennes. Mais les équipes scientifiques ont montré qu'il n'y a pas de « zone frontière » entre les deux : les éléments les plus anciens à la surface sont plutôt rouges, tandis que les arêtes récentes et les cassures sont plutôt bleues.
Quelques mystères subsistent
Même s'il n'est pas courant d'aller prélever du matériel sur des astéroïdes, les sondes en ont approché suffisamment ces 20 dernières années pour que les scientifiques aient déjà observé des différences de couleur.
Lorsqu'un astéroïde reste longtemps exposé aux radiations et aux rayons solaires, il rougit. Ce phénomène est intéressant, parce que ces variations de couleur peuvent expliquer comment un astéroïde s'est formé, ce qu'il s'est passé pendant les millions, voire les milliards d'années qu'il a passé en orbite entre la Terre et Mars. Cela étant, il y a toujours des surprises.
Par exemple, quand Hayabusa2 a collecté du matériel à la surface, ses propulseurs pour remonter ont complètement retourné les petits cailloux et les blocs sur le site. L'étude montre que des matériaux « rougis » se trouvent aussi en profondeur et dans certains cratères récents.
Ryugu, plus jeune que prévu ?
L'étude détaillée des échantillons, qui démarrera l'hiver prochain après l'atterrissage de la capsule dans le désert australien et le passage de Hayabusa2 à côté de la Terre, apportera des éléments solides pour comprendre la formation et l'histoire de l'astéroïde Ryugu. En attendant, les scientifiques de l'équipe de Tomokatsu Morota (Université de Tokyo) ont formulé plusieurs hypothèses expliquant cette « érosion rouge ».
L'une d'entre elles postule que Ryugu pourrait être beaucoup plus jeune que ce qui est admis par la majorité des autres équipes scientifiques… Avec une formation de l'astéroïde il y a seulement 17 millions d'années et des passages « proches du Soleil », donc une orbite très différente de celle qu'il présente actuellement, entre 300 000 et 8 millions d'années.
L'équipe scientifique admet elle-même que la probabilité est faible (il est communément admis que ces astéroïdes ont plusieurs milliards d'années) mais souligne l'intérêt de l'étude des échantillons de matières pour lever le doute.
Source : Sky and telescope