Vue d'artiste de la mission Ramses de l'ESA  (les dimensions du survol et la position de la Terre ne sont pas vraiment à la bonne échelle...) © ESA
Vue d'artiste de la mission Ramses de l'ESA (les dimensions du survol et la position de la Terre ne sont pas vraiment à la bonne échelle...) © ESA

En avril 2029, l'astéroïde Apophis passera à environ 32 000 kilomètres de la surface de la Terre. Une opportunité de l'étudier depuis notre planète, mais aussi d'envoyer des sondes pour étudier ce géocroiseur de très près ! L'ESA dévoile à son tour son propre projet, Ramses, qui décollera en 2028 pour étudier l'astéroïde.

13 avril 2029, dans la nuit. S'il n'y a pas trop de nuages, les habitants d'Europe, d'Afrique et d'une partie de l'Asie pourront lever les yeux et observer à l'œil nu l'astéroïde Apophis traverser le ciel. Imposant rocher (ou agglomérat) de 375 mètres de diamètre, ce dernier passera à proximité sans impact sur Terre, et heureusement ! Il s'approchera tout de même à 32 000 kilomètres d'altitude, soit plus proche que la ceinture des satellites géostationnaires.

S'il est connu, c'est surtout parce que lors de ses premières détections, l'incertitude des mesures avait amené à le classer comme un potentiel impacteur. On sait désormais avec précision déterminer qu'il ne pose aucun risque pour au moins un siècle (malgré son nom ou les élucubrations de nombreux catastrophistes que l'on peut retrouver notamment sur de vieilles vidéos). Étudier Apophis est donc une opportunité unique. Au sol… et en vol !

Observer Apophis de très près

En effet, il est généralement nécessaire de prendre beaucoup de vitesse avec une sonde et de voyager durant plusieurs années pour rejoindre les astéroïdes qui ont déjà été survolés et étudiés par différentes agences terrestres (il y en a tout de même une petite vingtaine à présent). Apophis, pour sa part, offre une opportunité supplémentaire pour une étude de près avec une sonde. Comme il passe juste à côté de la Terre, il n'y a plus qu'à prendre de la vitesse avant le rendez-vous et à bien calculer les paramètres orbitaux !

C'est ce que fait déjà la NASA avec sa sonde OSIRIS-REx et son extension de mission OSIRIS-Apex, qui suivra Apophis et fera le rendez-vous quelques mois après le survol. C'est désormais le cas pour l'ESA aussi, qui va « griller la priorité » aux Américains et envoyer une petite mission appelée Ramses (Rapid Apophis Mission for Space Safety).

Le profil 3D de l'astéroïde Apophis reconstruit à partir de relevés radars de ses précédents passages proches de la Terre © UArizona / JPL / Arecibo
Le profil 3D de l'astéroïde Apophis reconstruit à partir de relevés radars de ses précédents passages proches de la Terre © UArizona / JPL / Arecibo

Rien à voir avec Stargate pourtant

Ramses décollera en avril 2028 pour arriver à proximité d'Apophis, avant son rendez-vous avec la Terre en février 2029. Les délais sont très rapides pour préparer une mission qui, jusque-là, n'était pas vraiment sortie des cartons. Mais l'ESA tient à mener Ramses comme une sonde de défense planétaire, c'est-à-dire avec un temps de développement faible et réactif pour préparer un véhicule de reconnaissance.

Ramses sera équipé de capteurs consacrés avant tout à la caractérisation d'Apophis : sa taille, sa cartographie, sa composition, la répartition de ses masses. Et en le suivant lors de son survol de la Terre, les scientifiques sont aussi très intéressés par le fait d'observer les potentiels changements que notre planète et son attraction vont provoquer sur l'astéroïde. Changements à la surface, inflexion de l'orbite, Ramses sera derrière lui pour le surveiller. La mission européenne fera intervenir plusieurs scientifiques français, y compris le célèbre astrophysicien Patrick Michel, qui a participé à toutes les missions marquantes vers les astéroïdes de la dernière décennie.

Enfin, si un catastrophiste lit un jour cet article, soyez rassuré à propos d'Apophis, la petite sonde Ramses n'aura absolument aucune influence sur la trajectoire de l'astéroïde, lequel ne frappera donc toujours pas la Terre.

Source : ESA