Le moment précis de l'arrivée de Chang'E 6 sur la surface lunaire. © CNSA/CLEP
Le moment précis de l'arrivée de Chang'E 6 sur la surface lunaire. © CNSA/CLEP

La mission Chang'E 6 s'est posée dimanche 2 juin au matin au sud du cratère Apollo, sur la face cachée de la Lune. Un véritable exploit technique, et le début d'un compte à rebours de 48 heures d'opérations à la surface. Car l'objectif est bien de repartir, et de ramener sur Terre des échantillons de cette zone inexplorée.

00 h 23, dimanche 2 juin 2024. C'est l'instant précis où l'atterrisseur de la mission chinoise Chang'E 6 a touché le sol lunaire. Quelques heures plus tôt, il s'était séparé de l'orbiteur, qui restera quelques jours en attente à environ 100 km d'altitude. La descente, utilisant un guidage qui repose à la fois sur des données radar, des imageurs capables de reconnaître le terrain et un capteur laser Lidar, s'est bien terminée, grâce notamment à l'action du moteur principal de freinage. Ce dernier n'a pas failli, pour la quatrième mission consécutive après Chang'E 3, 4 et 5 ! Spectatrices (le véhicule est entièrement autonome), les équipes du centre de contrôle de la CNSA ont pu recevoir les données quasiment en temps réel, grâce au relai assuré par le véhicule spécialisé Queqiao-2, sur une orbite particulière. Car Chang'E 6 est sur la face cachée de la Lune... Un challenge que seule la Chine a réussi à relever pour l'instant !

Ça se passe de l'autre côté

Contrairement au dernier prélèvement d'échantillons lunaires (2020), la Chine a pour l'instant décidé d'un ennuyeux embargo sur les images de sa mission, à l'exception de la descente jusqu'à la surface. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, qu'il y a eu un problème, plutôt que la communication n'est pas la priorité. Car Chang'E 6, sur la Lune, a fort à faire en 48 heures environ... À commencer par sa mission principale, récolter des échantillons de sol avec différents instruments et l'aide d'un bras robotisé.

Poussière à la surface, régolithe lunaire à quelques centimètres dessous, carottage à plus d'un mètre de profondeur, Chang'E 6 est bien équipée pour embarquer jusqu'à environ 2 kg de sol lunaire et les ramener vers les laboratoires terrestres. À noter que sur son flanc, le détecteur DORN, instrument du CNES fruit d'un partenariat franco-chinois, est aussi théoriquement en pleine campagne de mesure... Tandis qu'on peut espérer (peut-être d'ici quelques jours ?) voir des images inédites, s'ils décident à les communiquer, grâce au petit rover « secret » que transportait l'atterrisseur.

C'est donc la partie haute de cet ensemble qui s'est posée sur la Lune ce dimanche. Seul le bloc tout en haut redécollera demain. © CNSA
C'est donc la partie haute de cet ensemble qui s'est posée sur la Lune ce dimanche. Seul le bloc tout en haut redécollera demain. © CNSA

Retour à haut risque

Le voyage vers la Terre, lui, sera encore semé d'embûches. Après avoir renvoyé vers l'orbite ses échantillons (une partie de l'atterrisseur reste sur le sol lunaire, inactif), c'est le véhicule resté autour de la Lune qui devra les récupérer puis les transférer dans sa capsule de retour. Cette dernière quittera ensuite précieusement l'orbite lunaire pour revenir vers la Terre, avec un largage et un atterrissage pour l'instant programmés au 25 juin prochain. Cela conclura ce qui reste la mission lunaire la plus ambitieuse post-Apollo, concentrant le maximum de techniques développées par la Chine au cours des 15 dernières années.

Quant aux scientifiques et géologues, ils attendent avec impatience d'avoir accès, même à quelques grains d'échantillons. Ces derniers pourraient éclairer le passé du côté inexploré de la Lune, en particulier son activité volcanique... Et avec un peu de chance, les échantillons pourraient contenir d'anciens fragments du manteau rocheux de la Lune, éjecté par des impacts successifs d'un grand nombre d'astéroïdes. Ramener des échantillons de cette zone est classé comme une priorité scientifique par... le comité scientifique qui gère les missions américaines. Pas de chance pour eux, c'est un autre drapeau qui orne la mission Chang'E 6 !

Source : 

Space News