Quelques poignées de poussière lunaire dans cette capsule en font l'une des plus rares de toute l'exploration spatiale ! © CNSA
Quelques poignées de poussière lunaire dans cette capsule en font l'une des plus rares de toute l'exploration spatiale ! © CNSA

Tout simplement historique. 53 jours après son décollage, la mission Chang’e 6 en a terminé ce matin avec l’atterrissage de la petite capsule qui contenait les échantillons collectés sur la face cachée de la Lune. Une grande première, véritable démonstration technologique dont seule la moisson scientifique reste à valider.

Pour le moment et depuis une décennie, la Chine domine l’exploration lunaire de la tête et des épaules. Il n’y a qu’une seule agence capable de se poser et d’opérer des missions robotisées sur la face cachée de la Lune, et une seule agence capable aujourd’hui de ramener des échantillons prélevés à la surface lunaire. Mettre ces deux ingrédients inédits ensemble était un pari technique... Ce 25 juin, avec l’arrivée puis l’atterrissage de la capsule de la mission Chang’e 6 dans les steppes du Nord-Ouest chinois, la réussite technique est totale pour les équipes qui ont contribué à cet ambitieux programme.

À jamais les premiers… Encore ?

Les échantillons, collectés sur la face cachée quelques heures à peine après l’arrivée de l’atterrisseur sur le régolithe lunaire le 1er juin, ont décollé après 2 jours pour rejoindre l’autre moitié de la mission restée en orbite. L’amarrage puis le transfert des échantillons ont eu lieu le 6 juin, après quoi l’orbiteur n’avait plus qu’à attendre le bon moment pour que son départ de la Lune l’amène au-dessus des steppes chinoises.

Les moteurs l’ont donc propulsé hors de l’attraction lunaire le 21 juin. Puis ce matin, la capsule contenant les échantillons a été larguée à peine quelques poignées de minutes avant sa traversée de l’atmosphère. L’orbiteur, lui, a immédiatement remis les gaz pour passer à côté de la Terre : l’agence chinoise lui a sans doute concocté une suite de mission pour s’entrainer à de futures explorations du système solaire (orbites lunaires, points de Lagrange, visite d’astéroïde...). Ce fut déjà le cas pour son prédécesseur, l’orbiteur de la mission Chang’e 5.

L'atterrisseur de la mission Chang'e 6 sur le sol lunaire, avec son bras de collecte sur la gauche. Il avait été photographié par un petit rover dédié. ©CNSA/CLEP
L'atterrisseur de la mission Chang'e 6 sur le sol lunaire, avec son bras de collecte sur la gauche. Il avait été photographié par un petit rover dédié. ©CNSA/CLEP

D’importantes publications à venir

La capsule, quant à elle, sera ouverte dès ce 25 juin. Les échantillons, dans un container scellé, auront encore un certain trajet à parcourir avant de rejoindre Beijing, et les locaux spécialisés dans lesquels ils seront ouverts et analysés. Alors seulement, on pourra savoir quelle masse exacte la mission a pu rapporter, en sachant que l’objectif était d’environ 2 kg de matière. Dans le container scellé, il y a également une séparation pour différencier la matière collectée à la surface, et celle qui a été forée ou carottée à plus d’un mètre de profondeur par l’atterrisseur.

Dans tous les cas, cela promet des études inédites, s’agissant des premiers échantillons de toute cette région. Volcanisme lunaire, date des impacts météoritiques, exposition aux radiations et formation géologique de la face cachée sont en jeu : ces découvertes viendront surtout de laboratoires chinois, qui bénéficieront également d’un rayonnement lors de publications internationales. Il restera aux autres nations l’étude de rares échantillons distribués au gré d’accords scientifiques et surtout diplomatiques.

Source : BBC