Avec son démonstrateur ADRAS-J, l'entreprise japonaise Astroscale a réussi à s'approcher de façon autonome d'un ancien étage de fusée encore en orbite terrestre. L'objectif ? Montrer qu'il est possible d'aller à la rencontre de gros débris avant de les capturer et de les détruire. Ce sera la prochaine étape…
Le 18 février dernier, l'entreprise Astroscale envoyait ADRAS-J en orbite basse terrestre. La mission de ce satellite est avant tout une démonstration. La jeune pousse veut en effet s'affirmer à moyen et long terme comme un acteur incontournable d'un énorme marché à venir, celui de la désorbitation des débris autour de la Terre. Après avoir testé et opéré son premier satellite l'année dernière, ADRAS-J est la mission la plus ambitieuse d'Astroscale à ce jour.
Et il s'agit de ne pas se rater, car c'est l'agence spatiale japonaise qui a commandé cette démonstration et qui surveille les opérations. Après une première phase d'approche en mars, puis une phase pilotée début avril, ADRAS-J a passé deux semaines à s'approcher d'un ancien étage de fusée H-IIA, en orbite depuis 15 ans. Il vole désormais à quelques centaines de mètres et l'a photographié sous toutes ses coutures.
On s'approche, mais pas touche
ADRAS-J (abréviation d'Active Debris Removal by Astroscale-Japan) n'ira pas plus loin, et cela peut sembler peu. Mais en réalité, très peu d'entreprises sont capables aujourd'hui de réaliser un véhicule spatial qui s'oriente seul et s'approche de quelque chose pour un rendez-vous en orbite avec une navigation relative et autonome.
Surtout, il ne s'agit pas de rencontrer l'ISS, qui communique et se dirige avec précision, mais un ancien étage de fusée : 11 mètres de long, 4 mètres de diamètre, qui tourne lentement sur lui-même et dont l'état était inconnu avant cette rencontre. Des débris peuvent voler à proximité, et il aurait pu être en très mauvaise condition.
S'approcher d'un étage de fusée, ce n'est pas une grande première historique (après tout, les capsules Gemini s'approchaient d'Agena, et Apollo de leur étage supérieur), mais c'est là une étape déterminante pour un satellite autonome. D'ailleurs, la JAXA a loué ce succès.
Un étage à portée de main
L'agence japonaise attendait d'Astroscale une réussite, elle a donc signé il y a trois jours un contrat pour une mission supplémentaire, ADRAS-J2. Et cette fois, l'entreprise devra se rendre vers ce même étage de fusée H-IIA (cette dernière avait envoyé un satellite d'observation atmosphérique, GoSat, en 2009) pour l'attraper à l'aide d'un bras robotisé et faire qu'il ira se consumer dans l'atmosphère.
Il s'agira là encore d'une première, et surtout d'une démonstration. De nombreuses agences et entreprises vont avoir besoin de ce type de service dans les 10 ans à venir, d'autant que les lois et accords autour des débris orbitaux se durcissent au fur et à mesure que plusieurs milliers de nouveaux satellites partagent l'espace, surtout en orbite basse.
Selon l'ESA, il reste 2 220 étages de fusée à l'état de débris en orbite aujourd'hui. Un grand nombre d'entre eux datent des années 60, 70 et 80, d'autres seront désorbités naturellement avec les très faibles frottements atmosphériques dans les décennies à venir. Mais pour certains, il faudra leur donner un coup de main. Astroscale est sans doute la mieux positionnée sur ce marché pour l'instant.
Source : BBC