Concept pour le démonstrateur ELSA-D. Crédits : Astroscale
Concept pour le démonstrateur ELSA-D. Crédits : Astroscale

Ce devait être un moment important pour Astroscale, qui utilise sa plateforme ELSA-D en orbite pour montrer ses capacités d’approche et de capture d’un petit satellite à désorbiter. Malheureusement, suite à une anomalie, toute la démonstration est stoppée pour le moment. 

Tant qu’il ne faut pas une mission de secours pour la mission de secours…

Une capture à haut risque

Si l’entreprise Astroscale, basée au Japon, est encore relativement inexpérimentée, elle est considérée comme l’un des futurs acteurs d’un business en pleine éclosion, celui de la gestion des débris en orbite. Il faut dire que ce qui n’était alors qu’une start-up travaille sur le sujet depuis 2015. Initialement, son concept reposait sur un satellite qui vient se coller à sa cible avant de l’entraîner à entrer dans l’atmosphère.

La plateforme ELSA (End of Life Services by Astroscale) est beaucoup plus concrète : il s’agit d’un satellite équipé pour la capture et capable de manœuvrer, pouvant récupérer des satellites équipés d’un « tag », une petite plaque magnétique, pour leur faire changer d’orbite, voire les désorbiter et retourner ensuite à son poste. En guise de démonstration, ELSA-D est en orbite basse depuis le 22 mars 2021, utilisant un petit satellite qu’elle a amené « sur son dos » pour ses essais de capture dans l’espace. Mais tout ne se passe pas exactement comme prévu.

Où est passée la cible ?

Dans un premier temps, ELSA-D laissait présager un succès, car le satellite de 175 kg a bien réussi à débuter ses opérations au printemps dernier : il est manœuvrant, économique, et tous ses systèmes de bord fonctionnent. Puis à l’été, il a relâché son petit satellite compagnon de 17 kg, qui s’est éloigné de quelques dizaines de centimètres avant une première capture réussie. De bon augure ?

Malheureusement, pour la deuxième démonstration, il fallait cette fois s’éloigner au minimum de plusieurs dizaines de mètres. À ce stade, le satellite principal est capable de manœuvrer de façon relative à sa cible, en toute autonomie et à une distance de sécurité de son objectif, durant plusieurs orbites. Mais une « anomalie » est survenue, et Astroscale a décidé de stopper toute l’opération de démonstration jusqu’à ce que les problèmes soient résolus. L’entreprise précise qu’elle contrôle toujours les deux satellites.

Le satellite ELSA-D et son petit démonstrateur, dans leur configuration de lancement. Crédits : Astroscale
Le satellite ELSA-D et son petit démonstrateur, dans leur configuration de lancement. Crédits : Astroscale

Il reste du travail pour Astroscale

Panne du système de capture, problème de caméra ou de capteur, défaut sur le satellite ou la cible, les causes peuvent être nombreuses. Il faudra espérer qu’Astroscale résolve rapidement ses problèmes pour que les deux véhicules ne soient pas trop éloignés l’un de l’autre. Surtout, il serait malvenu pour une entreprise ambitieuse dans le domaine de la gestion des débris en orbite que la mission se termine justement en laissant derrière elle deux nouveaux débris…

D’autres démonstrations sont attendues dans les années à venir, cette fois avec d’anciens satellites ou gros morceaux issus de lancements orbitaux. L’entreprise suisse ClearSpace ira par exemple montrer qu’elle peut chercher un dispositif VESPA utilisé lors de la mise en orbite d’un satellite sur un lanceur Vega. Les enjeux sont importants…

Source : Spacenews