Des grains de matière rapportés lors de la récolte de l'astéroïde Bennu © Lauretta & Connolly et al. (2024)
Des grains de matière rapportés lors de la récolte de l'astéroïde Bennu © Lauretta & Connolly et al. (2024)

Après le retour sur Terre de la capsule contenant les précieux échantillons de l'astéroïde Bennu, la mission OSIRIS-REx livre d'importantes publications sur les composés chimiques retrouvés. Ce sont bien des matériaux « intacts » datant des débuts du Système solaire. Avec des indices sur une ancienne planète disparue ?

Si les premiers résultats visuels des 121,6 grammes d'astéroïde rapportés par la mission OSIRIS-REx avaient déjà donné des données prometteuses, il restait scientifiquement beaucoup à faire. D'ailleurs, les recherches ne font que commencer avec ces petits morceaux de l'astéroïde géocroiseur Bennu (500 mètres de diamètre environ), et contrairement à ce que l'on imagine souvent, même de minuscules fragments peuvent suffire aux instruments les plus modernes pour déchiffrer un lointain passé.

Car c'est l'enjeu : contrairement aux météorites qui s'écrasent sur Terre, ces échantillons prélevés à la surface (et un peu en dessous) de Bennu n'ont pas subi de modification majeure en plus de 4,5 milliards d'années. « La récolte que nous avons rapportée est la plus grande réserve de composés d'astéroïdes inaltérés disponible sur Terre », a expliqué le responsable scientifique de la mission, Dante Lauretta.

Fiers de leurs poussières

Alors, ces poussières, de quoi sont-elles constituées ? Eh bien, sans surprise, elles contiennent les matériaux originels présents dans notre Système solaire : du carbone, de l'azote, des composés organiques et une surprise, du phosphate de magnésium. Ces sels n'avaient pas été détectés lors des mesures réalisées à distance par la sonde OSIRIS-REx et pourraient signifier que l'astéroïde est issu, ou partiellement issu, d'une ancienne planète avec un océan.

Les différents minéraux retrouvés sont compatibles avec ceux que l'on peut découvrir sur Terre dans certaines crêtes océaniques, où les matériaux du manteau plutôt que ceux de la croûte rencontrent l'océan. Et les composés retrouvés font aussi partie des ingrédients de base biochimiques de la vie (même s'ils ne prouvent pas la présence de vie).

La caméra embarquée de la sonde OSIRIS-REx avait capturé cette image quelques mètres au-dessus de la surface de l'astéroïde. Au centre, l'instrument de collecte TAGSAM © NASA
La caméra embarquée de la sonde OSIRIS-REx avait capturé cette image quelques mètres au-dessus de la surface de l'astéroïde. Au centre, l'instrument de collecte TAGSAM © NASA

Sous l'océan, sous l'océan

Un passé liquide pour Bennu ? C'est l'une des nouvelles enquêtes qui va passionner les planétologues et peut-être complexifier un peu la compréhension des prémices de notre Système solaire.

Il faudra d'abord prouver avec des analyses complémentaires d'autres laboratoires autour du monde les premiers résultats, puis poursuivre les études comparées avec les échantillons de l'astéroïde Ryugu, rapportés par la mission japonaise Hayabusa2. Si les composés n'étaient pas aussi purs, ils révélaient eux aussi des origines liées à un monde humide.

Quant à lier la famille d'astéroïdes dont ils sont tous les deux issus et la présence des briques chimiques nécessaires à la vie sur Terre, la connexion sera difficile à prouver. Cela révèle toutefois que la porte est toujours ouverte ! Les échantillons de Bennu et Ryugu sont presque les seuls à disposition, avec les très rares grains de matière de l'astéroïde Itokawa rapportés par la mission Hayabusa en 2010, et avant la mission chinoise Tianwen-2 qui s'envolera l'année prochaine.

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Source : NASA