Le 24 septembre dernier, la capsule de la mission OSIRIS-REx se posait avec succès dans le désert en Utah. Son parachute semblait avoir eu un peu de retard à l'ouverture, même si cela n'a pas posé problème. En réalité, une enquête interne vient de montrer que la NASA est passée à deux doigts de la catastrophe.
Ce sont des échantillons exceptionnels. Des petits morceaux d'astéroïdes (plusieurs dizaines de grammes tout de même) qui sont étudiés dans les laboratoires et commencent tout juste à livrer leurs secrets. La mission OSIRIS-REx, qui a décollé en 2016, était de les récolter à la surface de l'astéroïde Bennu, et de « déposer » sur Terre la capsule contenant ses précieux morceaux le 24 septembre dernier. Les équipes de la NASA, en direct et dans une coordination maintes fois répétée, ont repéré la capsule sous son parachute qui avait, semble-t-il, un peu d'avance, puis l'ont récupérée au sol avant de la transporter avec toutes les précautions possibles vers leur laboratoire à Houston, au Texas.
Oui, mais étonnant tout de même, cette avance sur l'horaire, non ? L'équipe d'ingénierie en charge du projet a étudié les images de ce retour, les données de télémesure et les relevés radar… Et leur conclusion est très simple, la NASA a vraiment eu de la chance. Parce que le système de parachute était tout simplement mal câblé.
Un léger problème de connectique
Le système n'est pourtant constitué que de trois fils, qui commandent chacun une séquence particulière du déploiement sur cette petite capsule ! Le premier est destiné au petit parachute de contrôle, le « drogue chute ». Ce dernier, que l'on éjecte normalement autour de 35km d'altitude, ne freine pas significativement la capsule, mais il lui permet de s'orienter correctement (bouclier vers le bas) et de stabiliser son vol. Le deuxième et le troisième fil servent à quelques fractions de seconde d'écart : on coupe le point d'attache principal (action n°2) du drogue chute, et l'on commande dans la foulée l'éjection du parachute principal (action n°3), qui est entrainé par le câble d'attache, lorsque le système est à environ 3 km d'altitude. Bref, trois fils. Pas bien compliqué, en théorie.
Mais, et c'est là que ça se complique, une fois que le système est livré pour être empaqueté dans la capsule de vol et branché, plus question de le tester, évidemment (sans quoi il faut remettre le système pyrotechnique, replier les parachutes, et tout refaire). Pour couronner le tout, personne ne s'en est aperçu, mais deux branchements ont été inversés, parce qu'un label indiquait « main » (en anglais : principal) et désignait deux actions différentes sur le système de commande et sur le système de parachutes.
Résultat, que s'est-il passé ? Arrivé à 35 km d'altitude, le système de bord de la capsule contenant les précieux échantillons a envoyé son signal, sur le système mal câblé : le drogue chute ne s'est pas déployé, parce qu'en réalité le système venait de couper le point d'attache du drogue chute… qui était toujours replié dans son boitier. Et il est resté dedans durant 30 kilomètres de chute supplémentaire ! Ainsi, il n'est pas étonnant que la capsule soit arrivée au sol en avance, elle a été un peu moins freinée que prévu, et heureusement sa forme aérodynamique a permis de garder sa stabilité au cours de la descente.
À 3 km d'altitude, le système de bord commande les autres actions, et cette fois le drogue chute et le parachute principal sont éjectés quasiment en même temps. Le drogue chute s'envole, absolument inutile. Là encore, coup de chance, le parachute principal s'ouvre seul (normalement il est aidé par le drogue chute…), ne s'emmêle pas sur lui-même, ne se déstabilise pas et freine suffisamment la capsule pour que finalement, à quelques centaines de mètres du sol, tout soit finalement revenu dans l'ordre. Les échantillons d'OSIRIS-REx se posent dans le désert avec toute la douceur requise.
Ça n'avait l'air de rien. Mais ça n'est pas passé loin…
Source : Blog Nasa