Avant son départ et son retour vers la Terre prévu en 2023, la sonde OSIRIS-REx a survolé une dernière fois l'astéroïde Bennu en observant à la surface le site de la collecte d'échantillons. Elle accompagne le petit corps céleste depuis fin 2018.
Mais pas question de prendre des risques !
Transporteur de luxe
C'est un dilemme qui a duré plusieurs mois. Le 20 octobre dernier, la sonde OSIRIS-REx de la NASA a réussi sa manœuvre la plus complexe et la plus dangereuse, la récolte de plusieurs centaines de grammes d'échantillons à la surface de l'astéroïde Bennu. Puis elle s'en est éloignée à petite vitesse, le temps d'évaluer la quantité de matériel qu'elle avait dans son système de collecte, avant de le stocker dans sa capsule de retour. Éloignée de plus d'un millier de kilomètres de l'astéroïde, devait-elle revenir vers ce dernier ?
L'allumage des moteurs et le grand changement de trajectoire pour ramener les échantillons vers la Terre sont prévus le 10 mai 2021, il y a donc du temps pour retourner à proximité… mais c'est risqué. En effet, Bennu est un agglomérat de petites roches et poussières à la gravité si faible que la collecte elle-même a pu propulser des morceaux en orbite ou à la dérive proche. Or, pas question d'aveugler un capteur ou d'endommager un propulseur lors d'une des dernières manœuvres !
Dernier regard sur Bennu
Reste que l'intérêt scientifique a primé dans la balance bénéfices/risques. Car retourner observer Bennu est important pour comprendre quel impact la prise d'échantillons a pu avoir sur la surface, et comment un corps avec une aussi petite gravité et peu ou pas de cohésion se stabilise après un petit bouleversement local.
Pour ce faire, la sonde s'est rapprochée de l'astéroïde à la fin de l'hiver, afin de revenir à un « point d'observation » proche à la fin du mois de mars… et survoler une seule et dernière fois Bennu, ce 7 avril. Tout a été calculé pour survoler « Nightingale », le site de prélèvement, à une distance de seulement 3,5 kilomètres. Suffisamment proche pour des clichés très résolus, et assez loin pour ne pas risquer le précieux matériel que transporte OSIRIS-REx. « Nous espérons aussi en apprendre plus sur la nature des matériaux de surface et des couches inférieures grâce à l'observation du site », explique le responsable scientifique de la mission, Dante Lauretta.
Le survol s'est très bien passé, mais les images ne seront téléchargées que durant la semaine, d'autres missions ayant la priorité sur les transmissions du réseau interplanétaire de la NASA (DSN). Selon Mike Moreau, l'un des responsables du programme, la sonde a enregistré plus de 4 Go de données lors du survol.
Il va être temps de rentrer pour OSIRIS-REx
Après l'envoi des données, OSIRIS-REx entrera dans une phase de transition vers sa configuration « de croisière ». En effet, la majorité des instruments scientifiques seront éteints pour préserver leur potentiel en vue d'une éventuelle prolongation de la mission, et la sonde entrera dans un ennuyeux (on le souhaite aux équipes) transfert de deux ans et demi.
Le 24 septembre 2023, elle larguera sa capsule qui devra rentrer dans l'atmosphère avant de déployer son petit parachute pour se poser dans le désert en Arizona… quasiment sept ans jour pour jour après son départ.
Source : NASA