Bennu

Pour la première fois, des roches fissurées par des températures spatiales extrêmes ont été photographiées sur un objet sans atmosphère, grâce à la sonde de la NASA OSIRIS-REx en orbite de Bennu.

Il lui reste moins d'un an d'étude avant de revenir vers la Terre.

Trop de pression, ils craquent !

126°C au soleil, et -160°C à l'ombre… Répétez toutes les quatre heures et vingt minutes, et vous aurez une idée de ce que les rochers à la surface de l'astéroïde Bennu subissent depuis des millions d'années. Dans ces conditions, il ne semble pas surprenant que, lors de ses passages les plus proches de Bennu, la sonde de la NASA ORISIS-REx, ait observé des fissures et des séparations sur certaines roches à la surface.

Pourtant… « C'est la première fois qu'on peut observer ce processus, que nous appelons fracturation thermique, sur un objet sans atmosphère », explique Jamie Molaro, premier auteur d'une étude parue dans Nature communications.

Sur Terre bien sûr, c'est très commun : on dit parfois qu'il « gèle à pierre fendre », mais c'est alors l'eau, infiltrée dans les fissures, qui finit par briser la roche. Sur les corps comme Bennu, ce sont simplement les variations de températures qui agissent sur la surface et créent des micro-fissures avec le temps.

Le processus est sans doute très linéaire, et pourrait permettre de remonter très loin dans le passé de l'astéroïde.

Coup de Soleil ?

Il a fallu du temps pour confirmer l'hypothèse. Déjà parce que ce n'est que dans les derniers mois que la sonde a pu s'approcher à moins de 100 mètres de l'astéroïde Bennu pour le photographier avec des résolutions inférieures au centimètre. Ensuite parce que les scientifiques ont tenu à écarter les autres possibilités, comme par exemple celle des impacts entre Bennu et de potentiels astéroïdes plus petits, ou celle des déplacements de blocs suite à d'autres collisions. « Les blocs rocheux sur Bennu présentent différents signes de fracturation thermique possibles, mais le plus évident vient des images qui montrent une "exfoliation", c'est-à-dire des roches qui perdent leurs couches externes, qui se fracturent et tombent », détaille Jamie Molaro. Reste encore à comprendre quel est le temps nécessaire pour que la fracturation thermique puisse prendre place en fonction du matériau.

En coulisses, la préparation continue…

La recherche scientifique continue pendant que les équipes responsables du pilotage de la sonde continuent de préparer la future collecte d'échantillons à la surface de l'astéroïde, avec les résultats de leurs mesures. Retardés par la crise liée au coronavirus, les ingénieurs de l'agence tenteront une « répétition générale » de la descente au mois d'août. OSIRIS-REx descendra alors jusqu'à environ 25 mètres du sol, avant de tenter de récolter quelques centaines de grammes d'échantillon en octobre prochain. La sonde entamera son voyage de retour avant juin 2021, pour venir déposer les échantillons sur Terre en 2023.