Jusqu'à ce qu'une mission puisse un jour le photographier de près (comme ici l'astéroïde Dimorphos), on ne saura pas à quoi ressemble 2024 PT5 © NASA
Jusqu'à ce qu'une mission puisse un jour le photographier de près (comme ici l'astéroïde Dimorphos), on ne saura pas à quoi ressemble 2024 PT5 © NASA

Découvert récemment, l'astéroïde 2024 PT5 va entrer, le 29 septembre, dans une orbite qui va le conduire à faire un seul grand tour de la Terre, avant de repartir jusqu'à au moins 2055. Un événement assez rare à détecter, sans danger, mais intéressant à étudier : il peut s'agir d'un reliquat d'impact sur Terre !

Pour son programme ce week-end, l'astéroïde 2024 PT5 a une trajectoire un peu particulière : il vient faire un tour autour de la Terre ! Découvert le 7 août par un télescope installé en Afrique du Sud, ce petit caillou interplanétaire (d'une taille d'environ 10 mètres de diamètre) a d'abord été considéré comme un astéroïde géocroiseur « classique », c'est-à-dire qu'il passe occasionnellement près de la sphère d'influence terrestre.

Mais 2024 PT5 a une course autour du Soleil qui est pratiquement la même que la nôtre : la différence de vitesse entre les deux est relativement faible. Résultat, au mois d'août, il est passé entre la Terre et la Lune, mais l'influence de notre planète a perturbé sa trajectoire, le lançant dans une ellipse particulière. Et entre le 29 septembre et le 1er décembre, il sera « captif », mais pas définitivement. La vitesse accumulée lui permettra de repartir et de continuer sa course autour du Soleil.

Quasi-lune, pour un tour complet

Ce n'est pas la première fois qu'une quasi-lune ne reste dans notre voisinage que quelques jours ou quelques mois. Au fil du temps, les chercheurs ont déjà identifié et étudié quatre de ces astéroïdes, qui font l'objet de curiosité à la fois pour améliorer les modèles de l'attraction terrestre à longue distance (comparer la trajectoire réelle avec celle calculée en amont), mais aussi pour déterminer leur origine et leur période de visite.

2024 PT5 devrait par exemple revenir en 2055, et les calculs montrent pour l'instant qu'il pourrait encore une fois rester pour un unique tour de la Terre. N'espérez pas le voir ou l'observer dans le ciel de nuit avec une lunette par exemple, c'est impossible sans un matériel digne des plus grandes agences.

Vu les impacts qui ont pris place sur la Lune, il ne serait pas étonnant qu'il y ait quelques restes dans notre voisinage © NASA
Vu les impacts qui ont pris place sur la Lune, il ne serait pas étonnant qu'il y ait quelques restes dans notre voisinage © NASA

Quelle est sa genèse ?

La nature de ces astéroïdes « quasi-lunes » intéresse beaucoup les chercheurs. L'année prochaine, la Chine enverra sa sonde Tianwen-2 étudier l'un d'entre eux, 469219 Kamo'oalewa, qui a une orbite un peu différente de celle de 2024 PT5. Un récent article scientifique évoque la possibilité qu'il s'agisse d'un reste d'un titanesque impact générant un cratère lunaire, un bout de matière arraché par l'impact et toujours présent dans notre voisinage. Pour 2024 PT5, les hypothèses sont ouvertes aussi, pourquoi pas un impact terrestre…

Compte tenu de sa taille, il existe une dernière piste pour expliquer l'existence de 2024 PT5. Il pourrait en effet s'agir d'un ancien étage de fusée. Ceux qui ont servi à envoyer des missions lunaires par exemple sont relativement bien documentés, mais ce n'est pas le cas pour tous : l'étude de la trajectoire et de la masse de cet astéroïde (la probabilité est quand même forte) apportera des indices concordants. S'il réfléchit très bien la lumière et qu'il est très léger (comme un réservoir en métal), alors on saura à quoi s'en tenir ! Pour autant, il ne sera pas beaucoup moins intéressant à étudier.

Source : Sky & Telescope