Cela fait quelques jours que notre étoile génère d'impressionnantes éjections de masse coronale. Résultat, une tempête géomagnétique inédite depuis 20 ans et des aurores boréales qui ont été visibles en France, en particulier vendredi soir. Mais en orbite, c'est aussi un moment difficile pour opérer des satellites…
Rarement une tache solaire avait fait autant parler d'elle. Pourtant, le « sunspot 3664 » est au cœur de l'attention depuis la semaine dernière. Largement visible (avec un filtre spécial ou des lunettes adaptées aux éclipses) sur le côté du Soleil qui nous fait face actuellement, cette tache qui mesure environ 17 fois le diamètre terrestre éjecte de grandes bouffées de particules. La trajectoire de la Terre nous fait traverser cette « tempête géomagnétique », la plus importante depuis 2003.
L'effet le plus attendu et le plus accessible était vraiment remarquable ce vendredi 10 mai, avec des aurores boréales visibles sur une majeure partie de l'Hexagone grâce à une météo particulièrement favorable. L'événement d'une vie ? L'intensité de la tempête a en effet atteint le grade G5, ce qui est très rare, et les conditions de visibilité de l'aurore étaient exceptionnelles. Peut-être avez-vous fait partie des très nombreux amateurs qui ont photographié le phénomène !
C'est beau, mais ce n'est pas qu'une fête
Dans l'espace cependant, les satellites ont dû faire face, selon leur altitude, à une véritable vague de particules chargées, en particulier pour ceux en orbite géostationnaire ou GEO (grands satellites de télécommunications, météorologie, etc.) et les constellations de positionnement en MEO (GPS, Galileo, Glonass, Beido…). Pour ces deux groupes, les équipes prévenues quelques heures auparavant ont pu éteindre temporairement les matériels les plus sensibles, mais aussi orienter leurs satellites pour protéger au maximum tel ou tel boîtier électronique. Reste que si les satellites étaient mal blindés ou protégés, ils ont pu être endommagés par ce type d'événement.
Aucun opérateur majeur n'a pour l'instant déclaré de problème particulier en public, mais il est encore trop tôt pour savoir quel a été l'impact réel (les constructeurs prévoient des blindages et des redondances, mais certaines unités sont plus vulnérables que d'autres). Il y a cependant bien eu quelques baisses de précision, en particulier sur les GPS, remarquées au cours du week-end à cause de déviations de tracteurs. La marque John Deere dispose en effet d'un système de positionnement qui doit être très précis, et les utilisateurs ont relevé des coupures.
Des effets limités, mais des effets quand même
En orbite basse, la grande majorité des satellites sont protégés par les ceintures de Van Allen, mais il y a eu quelques perturbations, notamment pour les grandes constellations comme Starlink (qui compte quasiment 6 000 satellites). Ce dimanche 12 mai, SpaceX communiquait toutefois pour expliquer que la situation était revenue à la normale, et la nuit dernière l'entreprise a même envoyé un nouveau lot de 23 satellites en orbite. Les opérateurs de satellite sont globalement restés silencieux sur l'événement. Ce sont peut-être plutôt les assureurs qui ont vu leur messagerie se remplir ce lundi matin…
Pour les débris en orbite enfin, cette éruption était même une relative bonne nouvelle. En effet, en réaction à une tempête solaire de ce type, le taux de particules en très haute atmosphère augmente, ce qui génère un freinage accru pour les véhicules et débris à faible altitude. Certaines vieilleries vont « polluer » moins longtemps l'orbite et se consumer plus rapidement.
Pour terminer, si vous avez raté les aurores de ce week-end, il y a malheureusement peu de chances de se rattraper. En effet, le Soleil tourne également sur lui-même, et donc la fameuse tache solaire qui génère cette tempête ne nous fait plus face. À partir de ce 13 mai au soir, elle ne sera même plus observable ! Même si notre étoile est actuellement dans un pic d'activité (le cycle dure environ 11 ans), il y a très peu de chances que cette aubaine se représente dans un futur proche. Mais sait-on jamais !
Source : ArsTechnica