Le groupe d'équipements et services informatiques japonais Fujitsu a en effet annoncé qu'il allait installer une série de nouveaux centres dédiés au "cloud computing" hors du Japon d'ici à fin mars 2011, pour proposer à l'échelle planétaire de nouveaux services en ligne. "Fujitsu va passer d'une posture défensive (pour assainir ses activités après l'éclatement de la bulle internet et la crise financière) à une tactique offensive de développement", via une accélération de l'expansion internationale, la création de nouveaux services et la réorganisation de la structure interne, a expliqué le PDG de Fujitsu, Masami Yamamoto, lors de la présentation de la stratégie du groupe.
Fujitsu exploite pour le moment quelque 90 centres de traitement de données dans une quinzaine de pays, lesquels seront en tout ou partie progressivement adaptés à l'informatique en nuage. Fujitsu va en outre former spécialement 1.000 personnes d'ici à mars 2011 et un total de plus de 5.000 avant fin mars 2012. Le groupe, qui conçoit et vend aussi des équipements de centres de données, veut élever à environ 30% de ses revenus annuels ceux émanant de l'informatique en nuage à l'horizon 2015-2016, soit 1.300 à 1.500 milliards de yens (11,8 à 13,6 milliards d'euros). Il envisage des investissements importants dans ce domaine et songe à des acquisitions d'entreprises impliquées dans cette activité.
Fujitsu a également annoncé un partenariat mondial dans ce domaine avec le mastodonte des logiciels américain Microsoft. Fujitsu va installer dans ses centres de traitement de données la plate-forme logicielle Azure dédiée de Microsoft, permettant aux entreprises clientes d'exploiter à distance les applications professionnelles de ce dernier.
Les autres grands noms de l'informatique japonais (NEC, Hitachi, Toshiba) misent aussi sur le potentiel nouveau qu'offre l'informatique en nuage pour élargir leur clientèle mondiale dans nombre de secteurs.
Comme l'a montré le rachat opportuniste récent du site de vente en ligne français PriceMinister par le gestionnaire de galerie marchande virtuelle nippon Rakuten, la cherté actuelle de la devise japonaise (yen) face aux autres principales monnaies (dollar, euro) donne une puissance de frappe renforcée aux entreprises nippones pour faire des acquisitions à l'étranger. 100 yens équivalaient à 60 centimes d'euro il y a deux ans, ils en valent désormais 90. Cette force, qui résulte des récents soubresauts financiers et économiques internationaux, elles sont désormais tentées de l'exploiter, d'autant que la reprise se fait sentir au Japon et que la confiance revient grâce aux dynamisme entraînant des pays dits émergents.
Dimension Data, qui a grossi par diverses acquisitions, propose des prestations de télécommunications et des solutions en ligne dans une cinquantaine de pays. Par cette offre de rachat, NTT souhaite notamment étendre le déploiement de services informatiques "en nuage". "En couplant les atouts des deux entreprises, nous allons être en mesure de proposer des prestations de bout en bout au niveau mondial. Nos points forts respectifs vont nous permettre d'accélérer la mise en oeuvre de notre stratégie", s'est réjoui le PDG de NTT, Satoshi Miura. Le géant japonais est un modèle pour nombre de sociétés de télécommunications mondiales. Ses activités (téléphonie fixe et cellulaire - NTT Docomo - , infrastructures de données, services mobiles, accès à internet, etc.) sont essentiellement situées en Asie, en Europe et aux Etats-Unis. De fait, il voit un complément régional idéal dans Dimension Data, présent en Afrique, au Moyen-Orient et en Australie. Sur le volet des clients aussi les deux groupes s'imbriquent parfaitement, NTT traitant surtout avec des entreprises nippones à l'échelle internationale, tandis que Dimension Data sert davantage des grandes sociétés de diverses nationalités au niveau local.
L'informatique en nuage n'a pas fini de faire parler d'elle au Japon, un pays qui se veut un fer de lance en Asie et dont les industriels comptent bien profiter de la proximité géographique et culturelle avec la Chine, premier marché mondial de l'internet et de la téléphonie mobile où nombre d'infrastructures restent à construire.