Live Japon : Technologies pour enfants en difficulté scolaire

Karyn Poupée
Publié le 30 juin 2013 à 15h30
Apprendre lire, écrire, compter, communiquer en société n'est pas chose aisée et tous les enfants ne sont pas doués pour ce faire. Les plus en retard sont souvent l'objet de brimades de la part de leurs camarades, peut-être plus au Japon qu'ailleurs où la pression pour l'excellence scolaire est extrêmement forte. Les élèves qui rencontrent des difficultés dès le départ et accusent un retard risquent d'être vite marginalisés. Face à ce problème de société, et pas seulement par pur altruisme on s'en doute, l'opérateur nippon de télécommunications SoftBank s'est associé à des chercheurs-enseignants afin de proposer des solutions ou astuces techniques originales à ces élèves. Cela donne la surnommée "hybrid kids academy", une école ouverte à tous.

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"Grâce aux technologies, la confiance revient", tel est le slogan de cette école qui prétend apporter des réponses aux enfants et parents qui ont du mal à suivre le rythme d'apprentissage scolaire imposé. Le but est de faire appel aux smartphones et tablettes pour aider à prendre des notes, enregistrer, mémoriser, et ce pour les leçons et exercices basiques de lecture, écritude, calcul et communication.

Un programme spécial avec 5 niveaux débutera pour les élèves et leurs parents en juillet jusqu'à mars prochain avec des cours les vendredis et samedis.

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Le projet a en fait débuté en 2009 entre Softbank et des chercheurs de l'Université de Tokyo qui ont eu l'idée d'étudier comment les smartphones pourraient être utiles aux élèves à l'école, plus particulièrement à ceux qui souffrent de retard pathologique ou non. L'école qui ouvrira en juillet est le résultat de ces presque quatre années de travaux.

Les cours s'adressent aux élèves d'école primaire et de collège qui ont du mal à lire et/ou écrire, sont trop lents, n'arrivent pas à reproduire les kanji (idéogrammes), que le calcul rebute, etc.

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Des tablettes et smartphones sont prêtés durant les cours et peuvent être loués pour les exercices à la maison à ceux qui n'en possèdent pas. Les cours sont prévus de telle sorte que les absences ne soient pas handicapantes. Deux séances sur quatre par mois durant trois mois de présence sur neuf en gros doivent suffire.

Concrètement, il s'agit par exemple d'apprendre aux enfants à utiliser l'appareil photo de la tablette pour prendre une image de ce que l'enseignant a écrit au tableau si l'efface trop vite et que l'enfant n'a souvent pas le temps de tout noter parce qu'il est lent.

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Il s'agit encore de permettre aux enfants de filmer certains cours pour pouvoir reproduire ensuite à la maison, même sans se souvenir par coeur de tout. Une recette de cuisine apprise en classe, refaite avec succès à la maison, et l'enfant sera fier devant ses parents, encouragé assurément.

Il y a ainsi de nombreuses possibilités ouvertes, avec l'aide de programmes spéciaux ou avec les plus communément installés sur les terminaux. Le tout est de savoir comment bien les utiliser en classe, avec bien entendu l'autorisation requise. Rien qu'un apprentissage à la maison peut de toute façon être bénéfique, considèrent les chercheurs.

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Aux parents qui s'inquiètent du fait que devenant dépendants de ce type d'outils les enfants ne fassent plus les efforts requis ou, pire, qu'ils perdent carrément cette faculté de s'efforcer d'aller plus vite ou de faire mieux, les chercheurs répondent que si, malgré des efforts, un enfant ne parvient pas seul à s'améliorer il risque alors de se décourager. Si bien que l'aide d'un outil lui donne au contraire du soutien et du coeur à l'ouvrage. Tous les enfants n'avancent pas au même rythme, mais la même célérité d'apprentissage est imposée à tous, les mêmes facultés exigées de tous, ce qui occasionne des complexes anxiogènes que l'emploi d'outils comme les mobiles peuvent contribuer à apaiser.

L'important est que l'enfant ne perde pas confiance, expliquent encore les concepteurs de ce projet qui plaident pour que l'on sorte les téléphones portables des poches et cartables pendants les cours pour les utiliser à bon escient. Ce qui compte, c'est la méthode. Apprendre à l'école aux enfants à bien utiliser leur portable, c'est aussi leur donner des atouts pour plus tard, arguent-ils encore en expliquant par exemple que les livres ou journaux se lisent sur les écrans (pourquoi pas les manuels scolaires ?), que les présentations professionnelles se préparent aujourd'hui sur des tablettes (pourquoi pas les exposés scolaires ? ), que les agendas se gèrent sur smartphones (pourquoi pas les emplois du temps scolaires ?), etc.

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Les enfants qui souffrent de pathologies (mauvaise audition, hyperactivité, autisme, trisomie 21, etc.) peuvent aussi trouver dans les tablettes et smartphones des appuis qui leur permettent d'apaiser l'angoisse négative inhérente à leur maladie et de gagner une nouvelle forme d'indépendance et confiance (scolaire , familiale), à condition bien sûr que leur soient proposées des applications adaptées qui sollicitent leurs facultés d'apprentissage, leur curiosité, leur débrouillardise... L'intérêt des tablettes et smartphones est aussi dans le fait que ce sont des objets devenus communs et que ces enfants sont forcément heureux qu'on leur confie quelque chose qui ne les différencie pas des autres, qui valorise leurs capacités.

Il ne s'agit pas non plus de faire systématiquement employer des smartphones et tablettes à tous les enfants pour tout. Ceux qui peuvent manifestement effectuer une tâche sans, peuvent et doivent s'en passer lorsqu'ils n'en ont pas besoin. C'est là que le rôle de l'enseignant (et bien sûr des parents) est aussi important: dans cette capacité de juger quel enfant et pourquoi a besoin du soutien d'une tablette et quand.

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Une des difficultés n'est pas seulement de convaincre les parents, mais aussi les enseignants eux-mêmes, ceux des précédentes générations surtout. Les jeunes instituteurs qui sont plutôt enclins à intégrer dans leurs cours l'emploi des tablettes ont tendance à être stoppés dans leur élan par leurs aînés qui considèrent que ces outils perturbent plus qu'autre chose l'enseignement scolaire. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le Japon n'est pas le pays où l'intégration dans les programmes scolaire va le plus de soi, malgré la fierté de compter nombre de grands groupes d'électronique et l'importance attachée à l'enseignement des sciences et techniques.

Les écoles privées qui donnent des cours en plus et en dehors des heures scolaires (classes auxquelles sont inscrits de nombreux élèves) sont sans doute plus enclines à proposer ce genre d'apprentissage. Le programme des chercheurs de l'Université de Tokyo, de SoftBank et Eduas n'est en outre qu'un parmi d'autres, preuve que les choses avancent, du moins dans le secteur privé même s'il y a plus de réticence dans des établissements publics.

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