Live Japon : Toshiba, chantre de l'hydrogène

Karyn Poupée
Publié le 11 avril 2015 à 15h54
Plus les années passent, plus le Toshiba que l'on connaît comme fabricant de PC portables, de TV ou de mémoires flash NAND semble s'éloigner de ces métiers pour embrasser de nouvelles activités qui n'ont pas nécessairement de rapport avec l'électronique. A moins que ce ne soit le contraire, que cette entreprise centenaire revienne vers certains de ses domaines d'origine.

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Il y a quelques jours, Toshiba a inauguré dans une circonscription de la préfecture de Tokyo un nouveau centre de recherche dédié à l'hydrogène. A la grande satisfaction du gouvernement japonais (dont un haut représentant était là pour couper le ruban rouge), Toshiba prévoit d'y préparer plusieurs solutions de production, transport, conservation et exploitation de cette ressource à partir de laquelle le groupe espère tirer un chiffre d'affaires annuel de 100 milliards de yens (770 millions d'euros) d'ici à 2020.


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L'hydrogène est considéré au Japon comme la ressource nouvelle sur laquelle la société va pouvoir s'appuyer à l'avenir comme elle l'a fait jusqu'à présent sur les hydrocarbures. L'hydrogène, c'est le « carburant » des piles à combustible, celles que l'on est censé trouver aussi bien dans des appareils électroniques que dans des voitures ou même sur les infrastructures de réseaux électriques.
« Nous allons agir de diverses façons pour réaliser la société de l'hydrogène », a promis le patron du groupe, Isao Tanaka.
Situé dans un des complexes industriels de Toshiba, ce nouvel espace de R&D expérimente les différents équipements requis pour la production d'hydrogène (via l'électrolyse à partir d'une énergie renouvelable comme celle venant du rayonnement solaire), son stockage et son exploitation. En apparence, n'était la présence au milieu d'une énorme citerne dans laquelle s'accumule l'hydrogène créé, l'ensemble des équipements ressemblerait d'ailleurs à s'y méprendre à des serveurs informatiques enfermés dans des salles blanches. C'est neuf, ça brille et c'est bien loin du carbone qui noircit tout.


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Le groupe espère quintupler en cinq ans ses recettes afférentes à l'hydrogène. « Nous pensons que la clientèle de nos produits est extrêmement large », a expliqué le responsable de cette activité, Osamu Maekawa.
Si l'hydrogène ne se trouve pas disponible tel quel dans la nature, il peut se fabriquer par électrolyse, en utilisant une autre énergie, par exemple renouvelable.
Toshiba se concentre notamment sur cinq types d'installations, avec des échéances de réalisation différentes mais qui pourraient en partie être fournies dès à présent. Il s'agit par exemple de systèmes permettant aux administrations, gares ou supérettes appelées konbini de créer leur propre hydrogène et de le stocker pour l'exploiter ensuite en tant que ressource de pile à combustible génératrice d'électricité.



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Toshiba indique que ce type de solution pourrait aussi convenir aux refuges lors des catastrophes naturelles et générer assez d'électricité et eau chaude pour faire vivre 300 personnes pendant 7 jours. De plus, lorsqu'il est utilisé pour alimenter une pile à combustible qui fonctionne sur le modèle de l'électrolyse inversée afin de produire du courant, l'hydrogène est aussi à l'origine de la génération d'eau chaude, ce qui est particulièrement salvateur, rappelle aussi le conglomérat. Les autorités locales pourraient constituer ainsi les premiers clients de ce type d'installations.


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Le groupe pense aussi à des équipements offrant la possibilité aux entrepôts, aéroports, usines ou ports d'alimenter un parc de véhicules à pile à combustible. Ces derniers ne sont plus seulement un concept, mais désormais une réalité industrielle, pas seulement pour les engins de manutention. Toyota a commencé à vendre une berline de ce type, appelée Mirai (futur), et bientôt Honda en vendra aussi une nouvelle. Ce qu'il va falloir, c'est développer un réseau de station d'hydrogène, et Toshiba en sera.

Est aussi en cours de développement un dispositif pensé pour les îles isolées, stations balnéaires ou hôpitaux qui viserait à les rendre autonomes en énergie à 100%. D'autres travaux portent sur les centrales électriques employant de l'hydrogène produit sur un site distant, pour faire tourner des turbines à gaz. 


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A l'horizon 2025 et au-delà, Toshiba ambitionne d'établir une chaîne complète d'approvisionnement en hydrogène, a expliqué M. Maekawa. « Par exemple, il s'agirait de produire à moindres coûts de l'hydrogène en grande quantité à l'étranger à partir d'énergie renouvelable (parcs solaires, fermes à éolienne), de le transporter jusqu'au Japon puis de l'utiliser ensuite dans des centrales électriques, sans la nécessité de construire des lignes de transmission pour connecter un site de production extérieur au Japon », souligne Toshiba.


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« La ressource solaire et éolienne n'est pas suffisamment stable pour alimenter directement des installations électriques, mais elle peut être utilisée pour entraîner un dispositif d'électrolyse qui produit de l'hydrogène, une substance qui peut être stockée et transportée pour une utilisation ultérieure au moment voulu », insiste Toshiba. Ce groupe est, avec son compatriote Hitachi, un des rares au monde à être capable de fournir la quasi intégralité des équipements informatiques, électroniques et électriques nécessaires pour les réseaux de courant de nouvelle génération appelés "smart grids" .


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Toshiba a un autre objectif: être un des principaux fournisseurs de l'infrastructure à hydrogène dont veut se doter la municipalité de Tokyo pour les Jeux olympiques de 2020 dans le but de montrer un exemple concret de la "ville intelligente alimentée à l'hydrogène".
Le gouvernement nippon, et particulièrement les ministères de l'Environnement et de l'Industrie, poussent (y compris avec des incitations financières) les initiatives relatives à l'emploi de l'hydrogène. Dépourvu de ressources naturelles, le Japon cherche là une solution pour s'affranchir en partie de sa dépendance énergétique au Moyen-Orient et à l'Océanie. L'hydrogène a aussi pour avantage de présenter un intermédiaire efficace pour l'exploitation des énergies renouvelables instables.
Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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