Google affronte aujourd'hui la menace la plus sérieuse de son histoire. Après des décisions judiciaires défavorables sur son monopole dans la recherche en ligne et la technologie publicitaire, le géant technologique entre dans une phase critique qui pourrait redessiner son empire.

Après cinq années de bataille juridique pour préserver son intégrité, Google voit ses défenses s'éroder progressivement. L’entreprise se retrouve au centre de deux procès antitrust majeurs engagés par le Département de la Justice des États-Unis (DOJ), qui la vise pour des pratiques jugées monopolistiques dans la recherche en ligne et la publicité numérique. Ce lundi marquera le début d'un procès de trois semaines à Washington qui déterminera les mesures correctives nécessaires pour rétablir la concurrence dans la recherche en ligne.
Chrome, données, et intelligence artificielle… Google dans le viseur du Département de la Justice
Le Département de la Justice entend bien s’attaquer aux fondations de la domination de Google dans la recherche. Un juge fédéral a déjà statué en 2023 que la firme détenait illégalement un monopole sur ce marché. Le procès, qui s’ouvrira ce lundi 21 avril, visera à définir des sanctions quelque peu radicales. Parmi elles figurent la vente forcée du navigateur Chrome, le partage des données de recherche avec la concurrence, la surveillance gouvernementale des nouveaux investissements en matière d'intelligence artificielle, et la fin des accords d'exclusivité avec les fabricants de navigateurs et de téléphones.
« Les accords exclusifs avec Apple ont étouffé toute concurrence viable », affirme le DOJ, soulignant que Chrome constitue un verrou stratégique pour l’accès aux moteurs de recherche. De plus, les volumes massifs de données collectées grâce à Google Search lui confèrent un avantage évident face aux concurrents. Le DOJ prévoit d’appuyer ses arguments avec les témoignages d’acteurs de la recherche comme DuckDuckGo, Bing et Yahoo, mais également d’entreprises spécialisées dans l'intelligence artificielle telles qu’OpenAI et Perplexity.
De son côté, Google compte défendre ses produits comme des outils populaires que les sanctions pourraient lourdement fragiliser. L'objectif de ce dernier étant simplement d’atténuer sa peine, les juges étant déjà convaincus de ses pratiques anticoncurrentielles. Comme rapporté par The Verge, le DOJ estime que des mesures sérieuses sont nécessaires pour démanteler le monopole de Google dans la recherche. D'ailleurs, cette affaire constitue la plus grande menace antitrust à laquelle une grande entreprise technologique a été confrontée aux États-Unis depuis la perte historique de Microsoft concernant son monopole sur les systèmes d'exploitation début 2000.

Publicité numérique : bientôt la fin d'un règne pour Google ?
Au-delà du procès sur la recherche en ligne, le géant de Mountain View doit également faire face à une procédure similaire concernant ses outils publicitaires. L'année dernière, la juge Leonie Binkema a statué que Google monopolise le marché avec deux services illégalement liés : DFP (serveur publicitaire pour éditeurs) et AdX (place de marché). Le DOJ pourrait alors demander la séparation de ces services, dans une démarche potentiellement moins spectaculaire que la cession de Chrome, mais qui n'en demeure pas moins lourde de conséquences. Comme le souligne le dossier : « le marché publicitaire que Google domine soutient une large part de l’économie du web ».
Lors du procès initial, plusieurs éditeurs ont témoigné de leur dépendance aux décisions unilatérales de Google. Rendre cet écosystème plus concurrentiel permettrait, selon le DOJ, de redonner de l’élan au Web ouvert. Si aucun calendrier n’est encore fixé à ce jour, la réputation de célérité du tribunal de Virginie laisse présager une décision possible d'ici à la fin de l'été 2025. Cependant, les recours de Google pourraient repousser toute mesure de plusieurs années, jusqu’à un éventuel passage devant la Cour suprême.
Source : The Verge