Internet Archive a annoncé dans un communiqué avoir mis fin à sa « bibliothèque nationale d'urgence » avec deux semaines d'avance. Celle-ci devait permettre un accès à diverses ressources face à la pandémie et aux mesures de confinement.
L'annonce a été faite après le dépôt d'une plainte réalisée par quatre grands éditeurs.
Une bibliothèque temporaire, retirée plus tôt que prévu
Internet Archive est un site qui s'est fixé pour mission de fournir « un accès universel à toutes les connaissances ». Il met à disposition divers types de ressources : images, vidéos, fichiers audio et bien sûr, des livres numérisés. Depuis octobre dernier, la plateforme fournit même un accès à près de 7 000 jeux MS-DOS.
Suite à la pandémie du nouveau coronavirus et aux mesures de confinement, Internet Archive a lancé une « bibliothèque nationale d'urgence » (National Emergency Library, ou NEL), dans le but de répondre aux besoins du public alors que les bibliothèques, les écoles et les universités restaient fermées.
Mais tous ne l'ont pas entendu de cette oreille. Le 1er juin, quatre éditeurs (Hachette, Penguin Random House, Wiley et HarperCollins) ont annoncé poursuivre Internet Archive.
Une atteinte au « concept de toute bibliothèque »
En réaction, Internet Archive a donc avancé l'arrêt de sa NEL au 16 juin, celle-ci étant initialement prévue pour le 30 juin. Dans son communiqué, la plateforme annonce un « retour au prêt numérique contrôlé traditionnel ». En d'autres termes, chaque personne ne peut « retirer » numériquement un ouvrage que si la librairie dispose d'un exemplaire physique en stock.
Il n'est cependant pas certain que cela suffise à calmer les tensions. Déjà en mars dernier, l'Authors Guild, la plus grande association professionnelle des écrivains aux États-Unis, estimaient qu'Internet Archive « agissait comme un site de piratage » violant les droits des auteurs sur leurs œuvres.
Le ton du communiqué se fait lui aussi de plus en plus acide. Pour l'organisme, « ce procès ne concerne pas seulement la bibliothèque nationale d'urgence. La plainte attaque le concept de toute bibliothèque possédant et prêtant des livres numériques, remettant en cause l'idée même de ce qu'est une bibliothèque dans un monde numérique ».
Il ajoute : « Ce procès contraste avec certains éditeurs universitaires qui ont initialement exprimé des préoccupations au sujet de la NEL, mais ont finalement décidé de travailler avec nous pour fournir un accès aux personnes coupées de leurs écoles physiques et de leurs bibliothèques ». Internet Archive invite finalement les éditeurs à cesser leurs « assauts coûteux ».
Sources : The Verge, Ars Technica, Internet Archive