A l'occasion du Blend Web Mix, qui se déroule actuellement à Lyon, Elis Sloïm, président de la société Témesis et spécialiste de la qualité du Web et de l'accessibilité, dresse le bilan de l'évolution de la Toile. Si nous avons principalement oublié les problèmes du passé, d'autres ont progressivement fait surface.
Il y a une quinzaine d'années, connexions bas débit oblige, le Web tournait au ralenti, notamment pour les sites relativement lourds, c'est-à-dire avec pas moins de... deux photos. Outre les bannières publicitaires intrusives, l'internaute est salué de pop-ups. C'est d'ailleurs l'avènement des bloqueurs disponibles sous la forme d'extensions pour les navigateurs, avant d'être directement intégrés dans les paramètres. C'est aussi un Web de plugins au sein duquel les applications riches nécessitent un applet Java et où les premières expériences d'immersion sont réalisées via le lecteur Flash.
S'il n'y a certes presque plus aucun pop-up aujourd'hui et que les plugins disparaissent au rythme des évolutions du HTML5, M. Sloïm estime que la qualité de la Toile ne s'en trouve pas pour autant améliorée.
Pour certains, la croissance du marché du smartphone et de la tablette apporte certaines confusions avec des messages invitant l'internaute à récupérer une application, à accéder au site mobile ou à se rendre sur le site standard. Bénéficierai-je du même contenu ? Quelle sera la meilleure expérience ? Aussi, les contenus générés par les utilisateurs ont eu le vent en poupe. C'était un moyen d'enrichir rapidement et gratuitement un site Internet et une manière efficace d'optimiser son référencement au sein des moteurs de recherche. En réalité, n'est pas éditeur qui veut et la qualité du contenu s'en est rapidement trouvée affectée.
M. Slïm déplore également la législation européenne obligeant les sites à afficher une bannière pour la présence de cookies. Selon lui, l'acceptation de plusieurs cookies d'un seul clic est une mauvaise idée et les internautes ont simplement pris l'habitude de cliquer sur un bouton pour fermer ce bandeau sans chercher à s'informer. L'utilisation du JavaScript est également pointée. Les développeurs tendent à exploiter les ressources des internautes pour déporter leurs calculs. Toutefois, il n'est pas possible de prendre en compte la configuration matérielle de leurs ordinateurs afin d'optimiser leur expérience.
Enfin les éditeurs cherchent toujours un modèle économique stable avec pour seul recours viable de la publicité. Alors que le chargement de deux photos était périlleux il y a quelques années, certains sites Internet dépassent aujourd'hui 10 Mo. Selon une étude de Mozilla, en bloquant les divers mouchards, environ 39% de données en moins seraient chargées avec un temps d'attente diminué de 44%.
Reste à savoir quelles seront les prochaines évolutions. Face à l'omniprésence de la publicité et à la croissance des bloqueurs publicitaires, l'IAB, l'organisme supervisant la publicité en ligne, a récemment fait son Mea Culpa et promet des formats plus légers, moins intrusifs et sécurisés. Demain, peut-être, l'expérience de l'internaute sera replacée au cœur des attentions.