Les décisions de Facebook en matière de désinformation ne plaisent pas à tout le monde, et surtout pas aux employés du groupe.
Facebook peut-il éradiquer les fake news et la haine de sa plateforme ? De nombreux (ex-)employés, mécontents des choix de leurs dirigeants, estiment en tout cas que le réseau social pourrait mieux faire.
Une pluie de départs en 2020
« Je ne peux plus contribuer à une organisation qui profite de la haine aux États-Unis et dans le monde » : début septembre, un des ingénieurs logiciel de Facebook, Ashok Chandwaney, annonçait sa démission de Facebook en ces termes, par le biais d’une lettre ouverte. Il mettait notamment en cause l’incapacité du réseau social à combattre la haine en ligne.
Ce départ, un de plus pour l’entreprise de Mark Zuckerberg, est révélateur d’un climat de tensions et de fronde interne. En juin dernier, aux cœur des manifestations en soutien à George Floyd, un groupe d’employés avait lancé une grève en ligne. D’autres ont préféré démissionner. Le motif : la non-modération des messages polémiques, voire haineux du président Donald Trump.
« J'ai regardé la situation et je me suis dit que je ne voulais tout simplement plus travailler ici, » explique Chandwaney. Il y a quatre mois, Timothy Aveny, un autre ingénieur démissionnaire, s’indignait : « Facebook fournit une plateforme qui permet aux hommes politiques de radicaliser des individus et de glorifier la violence. Nous regardons les États-Unis basculer dans le même genre de discorde alimentée par les réseaux sociaux, qui ont causé la mort de personnes aux Philippines, au Myanmar et au Sri Lanka ».
L'adhésion des employés : enjeu stratégique pour Facebook
Le manque d’action et de résultats dans la lutte contre la désinformation a mené un groupe d’experts, d'universitaires et de défenseurs des droits civiques à lancer le Real Facebook Oversight Board (RFOB) la semaine dernière. Son but : analyser et critiquer les décisions de modération de Facebook durant les élections présidentielles américaines.
Une décision qui désavoue les actions de Facebook en la matière. L'entreprise avait pourtant lancé son propre Oversight Board en novembre 2019… Mais ce comité avait décidé de ne surveiller aucun contenu ou activité de Facebook pendant les élections, annonçant qu'il ne se prononcerait qu'après le résultat du vote.
Facebook en pleine crise ? Plutôt que les critiques externes, ce sont celles émises en internes qui peuvent marquer un véritable tournant pour le réseau social : « Les employés de Facebook ayant de nombreuses opportunités d'emploi à leur disposition ont un poids énorme dans la réforme de l'entreprise », affirme Varoon Bashyakarla, membre de l'ONG Tactical Tech.
Un avis partagé par Ashok Chandwaney : « Je pense qu'il y a beaucoup de personnes […] qui poussent l'entreprise à s'améliorer. Nous le voyons avec celles et ceux qui se présentent aux discussions internes et aux séances de questions-réponses de Mark Zuckerberg, en parlant d'intégrité des élections, des droits civils et du mauvais traitement de certains travailleurs de Facebook, [ainsi qu'avec] la hausse du nombre d'employés qui parlent anonymement aux journalistes ».
Source : The Guardian