Facebook Ombre

Une association caritative britannique, la NSPCC, a demandé à Facebook de reprendre son programme d'analyse des messages envoyés sur Messenger. Le programme permettait en effet de détecter des cas de maltraitance infantile. Selon l'association, plus de la moitié du contenu pédopornographique passerait désormais sous les radars de l'application, affirme le Guardian.

Le programme en question avait été mis à l'arrêt en Europe en raison des
nouvelles règles de protection de la vie privée imposées par la Commission européenne. Facebook se retrouve donc à devoir jongler entre la règlementation et la protection des mineurs, sur sa plateforme de messagerie.

Les services web peuvent-ils scanner les messages privés ?

En pleine tempête autour de WhatsApp et de ses nouvelles règles d'utilisation, Facebook est cette fois accusé par la NSPCC, une association caritative anglaise de protection de l'enfance, d'avoir mis trop
facilement un terme à son analyse des messages envoyés sur Messenger et permettant de détecter le contenu pédopornographique échangé via la messagerie.

Messenger peut en effet géolocaliser les messages et analyser leur contenu. Facebook scanne automatiquement les conversations à la recherche de contenu illégal, notamment en ce qui concerne la pédopornographie et la protection des mineurs. Or, avec la nouvelle mouture de la directive européenne ePrivacy (ePD), ce type de pratique pourrait être interdit au sein de l'Union européenne et au Royaume-Uni.

Un débat important est toutefois en cours : ces nouvelles règles
doivent-elles restreindre l'utilisation de logiciels permettant de repérer du contenu pédopornographique ou des prédateurs sexuels en ligne ? Selon le New York Times, sur les 52 millions de contenu (photos, vidéos, etc.) à caractère pédopornographique signalés en ligne entre janvier et septembre 2020, 2,3 millions provenaient d'Europe.

Après être longtemps restés éloignés des débats, cinq géants de la tech – Google, Microsoft, LinkedIn, Roblox et Yubo – ont diffusé un communiqué commun expliquant qu'ils refusaient de mettre un terme à ces programmes. « Nous pensons que la seule approche responsable est de rester ferme concernant le respect de nos engagements de sécurité sur lesquels les utilisateurs européens - et, en fait, les utilisateurs du monde entier - nous attendent et sur lesquels ils comptent », affirme le communiqué.

Facebook retire ses logiciels d'analyse

À la différence des auteurs du communiqué, Facebook a annoncé se plier immédiatement à ces nouvelles règles. Aussi, la NSPCC affirme dans The Guardian que l'entreprise est allée trop loin, trop vite, dans sa lecture des textes en bannissant entièrement ses logiciels d'analyse.

En conséquence, plus de la moitié des signalements passeraient désormais sous les radars de l'application, selon les données de l'association britannique. Pour cause, Facebook serait la plateforme en ligne recevant le plus de signalements pour des images pédopornographiques dans le monde entier. « Il y a un risque évident en ce moment, que les prédateurs voient comme une opportunité le fait d'utiliser les services de Facebook pour cibler les enfants », explique l'association au quotidien britannique.

Facebook n'a pas tardé à réagir, en confirmant que l'entreprise se pliait strictement aux règles de la directive ePrivacy, « [ce] qui ne signifie pas que nous arrêtons notre combat contre les abus sexuels sur mineurs et nous avons toujours en place un certain nombre d'outils pour garder les gens en sécurité », explique l'entreprise.

Source : The Guardian