Les mineurs qui utilisent Snapchat seraient à la portée de nombreux prédateurs sexuels © Vodafone x Rankin everyone.connected / Pexels
Les mineurs qui utilisent Snapchat seraient à la portée de nombreux prédateurs sexuels © Vodafone x Rankin everyone.connected / Pexels

Ce sont des accusations extrêmement graves. Dans une nouvelle plainte, l'État américain du Nouveau-Mexique dénonce l'inaction de Snapchat face à de nombreux cas d'exploitation sexuelle et de manipulation de jeunes utilisateurs. Les fonctionnalités phares de l'application ne seraient, en outre, absolument pas sécurisées.

Le 5 septembre dernier, le procureur général du Nouveau-Mexique, Raúl Torrez, a entamé des poursuites à l'encontre de la plateforme au travers d'une plainte scellée, c'est-à-dire masquant certaines informations sensibles. Un type de procédure courant dans le droit américain.

Il a finalement décidé de publier une nouvelle version détaillée du document afin de révéler les nombreuses accusations pesant sur Snapchat. Et elles font froid dans le dos…

Un terreau fertile pour les prédateurs sexuels

L'écosystème du réseau social favoriserait grandement les agissements des prédateurs sexuels, qui profitent de ses fonctionnalités pour mener des activités malveillantes. Par exemple, la plainte explique que la fameuse carte Snap permet à des adultes de trouver des comptes de mineurs très simplement, en plus d'être en mesure de les localiser.

De même, l'outil de recommandation d'amis aurait permis à des adultes d'ajouter des mineurs inconnus dans leur liste de contacts. Le cas d'un habitant du Nouveau-Mexique ayant utilisé cette fonctionnalité pour attirer et violer une jeune fille de 11 ans est notamment cité.

Les messages éphémères, eux, donneraient aux utilisateurs un faux sentiment de sécurité, facilitant l'approche des prédateurs qui exploitent ce format pour solliciter des images explicites. Le constat est accablant : les employés de Snapchat traiteraient 10 000 cas mensuels de « sextorsion », un délit impliquant l'utilisation d'images ou de vidéos à caractère sexuel pour menacer ou faire chanter la victime.

D'autres activités illicites, comme la vente de drogues ou d'armes, seraient monnaie courante sur l'application.

La carte Snap © Snapchat
La carte Snap © Snapchat

Snapchat est au courant, mais n'agit pas

Pire encore, la direction de l'entreprise serait au courant de la toxicité ambiante, mais favoriserait le design de son produit plutôt que sa sécurité. Ainsi, ses employés recevraient régulièrement des signalements d'utilisateurs concernant des comportements inappropriés comme le « grooming », qui vise à manipuler et exploiter enfants ou adolescents, généralement à des fins sexuelles.

90 % de ces signalements seraient ignorés, dénonce le document, tandis que 30 % des victimes n'auraient jamais reçu d'aide. Il prend l'exemple d'un profil ayant reçu 75 dénonciations, mais qui demeure actif, car Snapchat refuse d'agir en raison de « coûts administratifs disproportionnés ».

Dans le même temps, le système de vérification de l'âge du réseau social peut très facilement être contourné, une fausse date d'anniversaire faisant l'affaire.

Snapchat est une application particulièrement prisée des jeunes utilisateurs © Alexander Shatov / Unsplash

Instagram et Facebook visées par des accusations similaires

« Nous avons travaillé avec diligence pour trouver, supprimer et signaler les mauvais acteurs, éduquer notre communauté et donner aux adolescents, ainsi qu'aux parents et tuteurs, des outils pour les aider à être en sécurité en ligne. Nous sommes conscients que les menaces en ligne continuent d'évoluer, et nous continuerons à travailler avec diligence pour résoudre ces problèmes cruciaux », réagit Snapchat dans un communiqué.

Il est important de noter qu'un contrôle parental est mis à disposition par l'application, mais seulement 0,33 % des adolescents l'utilisent.

Snapchat n'est pas le premier réseau social à faire face à de telles accusations. Aux États-Unis, une vaste plainte à l'échelle fédérale accuse Facebook et Instagram de faciliter l'exploitation sexuelle des mineurs. L'année dernière, une enquête menée par des chercheurs des universités du Massachusetts et de Stanford a démontré qu'Instagram faisait malencontreusement la promotion de pornographie infantile, à cause de lacunes dans ses algorithmes.

  • Photos et vidéos éphémères.
  • Filtres et effets créatifs.
  • Messagerie instantanée privée.
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Source : Engadget