Des chaînes YouTube apparemment destinées aux enfants diffusent des vidéos avec des vignettes et des titres inappropriés, voire pornographiques. Ces contenus, sans restrictions d'âge, sont accessibles à tous les utilisateurs, y compris aux mineurs. YouTube semble rencontrer de grandes difficultés pour endiguer ce phénomène.
Déjà dans le collimateur de l'Union européenne sur la façon dont elle protège les mineurs, YouTube se retrouve à nouveau empêtrée dans une polémique qui fait froid dans le dos. Des chaînes de contenus animés pour enfants publient des vidéos aux vignettes suggestives et aux titres équivoques.
Ces contenus douteux n'ayant aucune limite d'âge sont donc visibles par tous, y compris par les mineurs, même sans qu'ils possèdent un compte. La plateforme est prise entre le marteau des annonceurs et l'enclume de la protection de l'enfance.
Des dessins animés apparemment innocents qui font en réalité dans le graveleux
C'est la douche froide pour les parents. Derrière des dessins animés inoffensifs se cachent des contenus explicites qui n'ont rien à faire devant les yeux des bambins. La chaîne X Studio, prise en exemple par nos confrères d'Android Authority, illustre le problème. Avec ses 50 000 abonnés, elle diffuse des animations mettant en scène du harcèlement sexuel et des attouchements. Les vignettes suggestives et les titres à double sens sont légion, et mettent en scène deux personnages du dessin animé, à l'image de « JAX devrait-il le faire avec POMNI ? », « POMNI CHAUDE AU LIT AVEC JAX »… On est à des années-lumière des aventures de Oui-Oui.
Ce genre de chaîne n'a fait que monter en puissance pour montrer patte blanche sur YouTube et gagner des abonnés. Elles ont d'abord publié du contenu innocent pendant des mois avant de basculer vers l'obscène. Cette tactique lui a permis de s'attirer les faveurs des algorithmes et de fidéliser un jeune public avant de lui proposer des vidéos inappropriées. Certains personnages semblent même directement copiés sur des dessins animés légitimes comme The Amazing Digital Circus. De quoi tromper encore plus facilement la vigilance des parents.
YouTube et Google peinent à protéger les mineurs des contenus inappropriés sur la plateforme
La plateforme a pourtant développé et mis en application des outils de protection des mineurs contre ces contenus explicites. En 2019, YouTube a mis en place la suppression automatique de contenus faussement étiquetés pour les enfants. Plus tard, en 2021, elle a permis aux parents de mieux contrôler ce que visionnent leurs ados grâce à des options de filtrage. Enfin, en 2022, elle propose le mode restreint, que ce soit sur le compte des parents ou sur le YouTube Kids de leurs enfants.
Malgré ces mesures préventives, ces vidéos louches se situent dans une zone grise. Elles ne sont pas explicitement étiquetées comme contenu pour enfants, ce qui complique la tâche de modération. YouTube se retrouve ainsi à courir après des fantômes, incapable de stopper net ce flux de contenus douteux.
L'Union européenne a d'ailleurs ouvert une enquête contre YouTube et TikTok en novembre 2023, leur demandant de rendre des comptes sur leurs mesures pour protéger les mineurs. La Commission évaluera les réponses et pourrait ouvrir une procédure plus formelle. En cas de non-respect du Digital Services Act, les amendes peuvent atteindre 6 % du chiffre d'affaires mondial.
Dans ce contexte, on le comprend aisément, la vigilance parentale reste le meilleur rempart. Quelques règles de base peuvent faire toute la différence :
- Activer le mode restreint sur YouTube ;
- Utiliser YouTube Kids pour les moins de 13 ans ;
- Surveiller l'historique de visionnage ;
- Discuter avec les enfants des contenus inappropriés.
YouTube propose également des outils comme Family Link pour superviser l'activité des enfants. Les parents peuvent configurer des profils adaptés à l'âge sur YouTube Kids, avec des options pour désactiver la recherche et la lecture automatique.
En attendant que YouTube trouve la parade, Clubic recommande aux parents de jouer les gendarmes du Net. Une mission pas toujours évidente à l'heure où les écrans font partie intégrante du quotidien des enfants.
- Grand catalogue de contenu vidéo
- Chaînes sans limites sur les thématiques
- Gratuit
Source : Android Police