Le groupe Meta (maison-mère de Facebook) a jeté l'éponge et va céder son projet de monnaie virtuelle, un temps appelé Libra puis Diem. Il n'aura pas résisté aux pressions réglementaires.
Mark Zuckerberg ne triomphera pas. Ce controversé projet de crypto-monnaie maison, qu'il avait défendu avec vigueur auprès du Congrès américain, est sur le point de tomber à l'eau pour le groupe Meta. La Diem Association, lancée en juin 2019 sous le nom de Libra, va être vendue pour environ 200 millions de dollars à Silvergate capital, une banque qui à la base devait émettre la fameuse crypto-monnaie.
Carpe(tte) Diem
Meta aura utilisé toutes ses cartes, finissant par faire tapis, la pression ayant été plus forte. Si, au départ, le projet de monnaie virtuelle avait suscité l'enthousiasme, avec une promesse de transparence, de stabilité de la crypto-monnaie et de grands noms associés (Visa, Vodafone, eBay, Mastercard, PayPal), qui au passage ont rapidement quitté le navire , la fin aura été plus tragique.
Très rapidement, le projet Libra a rencontré une rude opposition et suscité une levée de boucliers presque internationale, dont le plus lourd fut celui porté bras en l'air par les États-Unis eux-mêmes, redoutant que cette monnaie virtuelle issue d'un GAFAM ne perturbe le système financier du pays et du reste du globe. Les banques centrales, décideurs politiques et différents régulateurs avaient rejoint le mouvement, soulevant les risques de blanchiment d'argent et d'instabilité, entre autres.
Pour tenter de séduire les régulateurs, Libra a alors changé de nom, pour se nommer Diem, en abandonnant l'idée d'une monnaie virtuelle transfrontalière et en quittant son siège suisse, pour se concentrer uniquement sur le marché américain et adosser le stablecoin au dollar, revoyant ainsi ses ambitions à la baisse.
Une banque spécialisée dans les crypto-monnaies va récupérer le bébé
Face aux oppositions et après avoir essuyé le refus de la banque centrale américaine (la Fed), le groupe Meta a donc envisagé, ces derniers temps, la possibilité de céder les actifs de Diem. Le but serait de se déléguer de l'association tout en restituant le capital à ses membres investisseurs encore présents, selon plusieurs médias américains qui évoquent une source proche du dossier.
Meta discuterait ainsi avec des banquiers d'investissement pour procéder à la vente de la propriété intellectuelle de Diem (et des brevets qui vont avec) et offrir « un nouveau foyer » aux ingénieurs qui ont développé la technologie.
Dans un premier temps, Diem avait choisi une banque filiale, Silvergate Bank, pour émettre le stablecoin Diem USD. Tout étant tombé à l'eau, Meta (qui possède un tiers de l'association) a décidé de vendre Diem à cette banque amie pour 200 millions de dollars. Nul ne sait à quel avenir est désormais promis Diem, qui espère peut-être, loin de Meta, se racheter une virginité et présenter à terme un modèle qui calmera les angoisses des régulateurs et autres autorités.
Sources : Bloomberg, The Wall Street Journal