Les P.-D.G. de Facebook et Twitter, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey, ont été entendus par le comité judiciaire du Sénat des États-Unis le mardi 17 novembre. Ils ont dû s’expliquer sur leur gestion de l’élection présidentielle, mais surtout sur le fact-checking d’un article dénonçant les activités du fils de Joe Biden.
À majorité républicaine, le Sénat reproche aux réseaux sociaux des biais anti-conservateurs ainsi que de la censure à l’encontre du parti.
Les réseaux sociaux accusés de censure
En effet, Twitter a pour la première fois fact-checké une publication de Donald Trump au mois de mai, lorsqu’il a affirmé que le vote par correspondance serait forcément frauduleux. Si le président n’a cessé de faire des déclarations similaires depuis, et qu’il a également partagé une vidéo polémique à propos du coronavirus et a été, de ce fait, sanctionné par Facebook et Twitter, ses tirades post-élection sont encore plus ciblées par les deux réseaux sociaux.
Ils ont ainsi signalé plusieurs posts du président dans lesquels il affirme, sans aucune preuve, avoir gagné l’élection et que cette dernière a été truquée par les démocrates, menant à l’élection de Joe Biden. Cette manière de faire est destinée à censurer les conservateurs, selon les républicains, qui questionnent comment les plateformes s’y prennent pour déterminer ce qui est considéré comme de la désinformation. Twitter et Facebook ont cependant défendu leurs pratiques.
Mais lors de cette audience, c’est surtout un article du New York Post qui a été évoqué. Au mois d’octobre, le média publiait un papier dénonçant les relations douteuses de Hunter Biden, fils du président élu, avec un groupe pétrolier ukrainien. Suite à cette publication, Facebook a ajouté un label à l’article, tandis que Twitter a empêché sa diffusion. Les plateformes ont expliqué leur action par la source de l’information qui provenait d’un ordinateur hacké. Jack Dorsey a par ailleurs fait son mea culpa en assurant que Twitter n’avait pas assez bien expliqué sa démarche auprès des utilisateurs, menant même le réseau social à changer sa politique pour qu’un tel événement ne se reproduise plus.
La Section 230 dans le viseur des républicains, et des démocrates
Malgré cela, le président du comité, Lindsey Graham, a déclaré que les réseaux sociaux ne pouvaient plus être protégés de la sorte. Ces derniers bénéficient en effet d’une immunité grâce à la Section 230 du Communications Decency Act : ils ne peuvent pas être tenus responsables du contenu qu’ils hébergent. Après que Twitter a signalé l’un de ses tweets, Donald Trump avait d’ailleurs signé un décret permettant la réinterprétation de cette fameuse section.
Il s’agit là d’un point d’entente entre démocrates et républicains : chaque parti entend mettre fin à l’immunité dont jouissent les réseaux sociaux, mais pas pour les mêmes raisons. Si du côté républicain, on assure que les plateformes censurent et montrent ce qu’elles veulent, les démocrates souhaitent les punir en cas de contenus haineux ou dérangeants. Quoi qu’il en soit, cette audience n’a pas mené à grand-chose et le sénateur de l’Illinois, Dick Durbin, questionne la pertinence de sa tenue :
« Nous vivons dans un monde dangereux : il y a des questions de sécurité nationale, la pire crise pandémique de santé publique des temps modernes en Amérique, et nous sommes mis au défi de savoir s'il y aura une transition pacifique du pouvoir à la présidence de l'Amérique. À ce moment, nous avons décidé qu'aucun de ces sujets n'était important, et que ce qui était important était de déterminer si oui ou non, les médias sociaux étaient discriminatoires envers les républicains ».
Source : The Guardian