© Twitter
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À l'aide d'une étude, Twitter a cherché à déterminer si ses algorithmes amplifiaient un bord politique par rapport à un autre.

La réponse est oui, la droite, mais l'entreprise n'a pas encore réussi à déterminer pourquoi.

La droite amplifiée par les algorithmes

Twitter continue les études pour déceler les biais et préjugés présents dans ses différents algorithmes. Cette fois-ci, l'entreprise a décidé d'étudier ses algorithmes de recommandations, chargés de déterminer quels tweets doivent être présentés à un utilisateur n'ayant pas choisi d'afficher sa timeline dans un ordre chronologique inversé. Elle a cherché à savoir s'ils favorisaient un bord politique en particulier lors de leurs suggestions, à travers trois groupes de questions :

  1. Quel degré d'amplification algorithmique le contenu politique des élus reçoit-il dans une timeline classée par les algorithmes, par rapport à l'ordre chronologique inversé ? Cette amplification varie-t-elle selon les partis politiques ou au sein d'un même parti politique ?
  2. Certains types de groupes politiques sont-ils plus amplifiés par l'algorithme que d'autres ? Ces tendances sont-elles cohérentes entre les pays ?
  3. Est-ce que certains organes de presse sont plus amplifiés que d'autres ? Est-ce que cette amplification algorithmique favorise un côté du spectre politique plus qu'un autre ?

Pour la première partie de l'étude, qui concerne les élus politiques, l'entreprise a analysé les tweets d'élus politiques de sept pays, dont la France, postés entre le 1er avril et le 15 août 2020. Le bord politique des élus étudiés a été déterminé par rapport à leur affiliation publique à un parti politique. Dans tous les pays étudiés sauf l'Allemagne, les tweets postés par des élus de droite étaient plus amplifiés par les algorithmes que ceux postés par des élus de gauche. Mais être un politique de droite ne garantit pas que ses tweets seront forcément mis en avant, il existe des différences dans l'amplification des tweets entre deux membres d'un même parti.

Aucune conclusion n'est encore tirée

La deuxième partie de l'étude concernait la presse. Pour ça, des centaines de millions de tweets contenant des liens vers des articles de journaux ont été analysés durant la même période. Pour déterminer le bord politique des médias, Twitter s'est fondé sur les classements de AllSides et Ad Fontes Media. L'étude conclut que les journaux définis comme étant à droite sont plus amplifiés par l'algorithme que ceux considérés comme étant à gauche. Mais ce résultat est à prendre avec des pincettes : le bord politique est déterminé par des classements indépendants, donc forcément subjectifs, et les résultats peuvent donc changer en utilisant une source différente.

Cependant, l'entreprise n'a pas encore de réponse à apporter quant à ces trouvailles. Comme souligné par Rumman Chowdhury, directrice de l'équipe META (Machine Learning Ethics, Transparency and Accountability), « il est beaucoup plus difficile de déterminer pourquoi ces tendances observées se produisent, car il s'agit d'un produit des interactions entre les personnes et la plateforme ». Autrement dit, les raisons de ce biais ne sont pas encore connues. Chowdhury spécule qu'il peut aussi bien être dû à l'algorithme lui-même qu'aux interactions des utilisateurs avec celui-ci, ou au fait que les politiques de droite savent peut-être mieux utiliser la plateforme pour vendre leur idéologie. Aucune conclusion n'est donc encore tirée, et l'équipe META va continuer de travailler pour déterminer si des changements doivent être apportés à leurs algorithmes.

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En attendant, l'entreprise continue de travailler sur sa transparence. Après le lancement d'un bug bounty consacré à déceler les biais et préjugés de ses algorithmes, elle finalise un partenariat afin de pouvoir partager ses données avec des chercheurs pour qu'ils puissent reproduire le même type de travail, tout en préservant l'anonymat de ses utilisateurs.