Instagram et Threads : les préférences liées aux contenus politiques réinitialisées, une "erreur" selon Meta

Mélina LOUPIA
Publié le 30 juin 2024 à 13h46
Instagram et Threads, de mauvais élèves en matière de consentement © Ravi_Sharma1030 / Shutterstock
Instagram et Threads, de mauvais élèves en matière de consentement © Ravi_Sharma1030 / Shutterstock

Meta a récemment admis une « erreur » qui a réinitialisé les préférences des utilisateurs concernant les contenus politiques sur Instagram et Threads. Cette réinitialisation involontaire soulève des questions sur la gestion des contenus sensibles par les plateformes du groupe.

Tout semblait aller bien dans le meilleur des mondes pour Meta, lorsque certains utilisateurs d'Instagram et de Threads ont remarqué que leurs préférences concernant les contenus politiques avaient été réinitialisées sans leur consentement. Meta, la société mère, a qualifié cet incident d'erreur. Cette situation se produit alors que le groupe tente de limiter la visibilité des contenus politiques pour créer une ambiance plus neutre sur ses plateformes.

Un vœu pieu, certes, mais qui fait tout de même lever le sourcil de quelques utilisateurs des réseaux sociaux. Qu'en est-il de la transparence et du respect des choix, in fine du consentement, dès lors que l'on connaît le passif de Meta avec le RGPD ?

Quoi qu'il en soit, les scrutins électoraux soulèvent de sacrés défis auxquels les plateformes doivent faire face pour trouver un équilibre entre liberté d'expression et modération des contenus sensibles.

La limitation des contenus politiques sur Threads et Instagram vue par Meta

En février 2024, Meta a décidé de modifier la façon dont les contenus politiques sont présentés sur Instagram et Threads. Le but est de réduire l'exposition automatique des utilisateurs à ces contenus. Les utilisateurs peuvent désormais choisir s'ils souhaitent ou non voir des contenus politiques dans leurs flux. Ce changement a été introduit pour offrir un contrôle accru sur les types de contenus que les utilisateurs souhaitent voir.

Adam Mosseri, le patron d'Instagram, a expliqué que le contenu politique ne serait plus proposé automatiquement par les algorithmes. Ce changement s'applique aux sections Explorer et Reels sur Instagram ainsi qu'aux suggestions d'utilisateurs sur Threads. La définition du contenu politique par Meta inclut les sujets liés au gouvernement, aux élections, aux lois et à certains sujets sociaux.

Cependant, pour ceux qui souhaitent continuer de voir des contenus politiques, il est possible de désactiver cette limite dans les paramètres de contenu suggéré. Cette option permet aux utilisateurs de personnaliser leur expérience sur les plateformes en fonction de leurs intérêts. L'objectif de Meta est de ne plus amplifier de manière proactive les contenus politiques, tout en laissant aux utilisateurs la possibilité d'accéder à ces informations s'ils le souhaitent.

Cette approche vise à créer une atmosphère plus neutre sur Instagram et Threads, contrastant avec d'autres réseaux sociaux comme X.com, connu pour ses débats souvent polémiques. En réduisant la visibilité automatique des contenus politiques, Meta espère diminuer la polarisation et offrir une expérience utilisateur plus agréable et moins conflictuelle.

Le paramètre de désactivation des contenus politiques a été introduit en réponse aux critiques concernant la propagation de la désinformation et des discours haineux sur les réseaux sociaux. En permettant aux utilisateurs de contrôler leur exposition à ces contenus, Meta répond donc à une demande croissante de personnalisation et de sécurité en ligne.

Il est possible de choisir les contenus que vous voulez voir ou non © Wachiwit / Shutterstock
Il est possible de choisir les contenus que vous voulez voir ou non © Wachiwit / Shutterstock

Découverte par les internautes, une réinitialisation inattendue des paramètres de limitation des contenus politiques

Ce n'est que récemment que les utilisateurs de Threads et Instagram ont découvert que les préférences liées à l'affichage de contenus politiques sur leurs comptes avaient été réinitialisées sans leur consentement. La personnalité politique Keith Edwards a alerté ses abonnés en les invitant à vérifier leurs paramètres. D'autres utilisateurs lui ont emboîté le pas et ont également constaté que leurs choix de limitation des contenus politiques avaient été modifiés sans leur accord. À chaque fermeture forcée de l'application Instagram, les paramètres revenaient à zéro. Résultat : frustration et défiance.

Meta a reconnu cette erreur et a expliqué que les paramètres semblaient réinitialisés sans véritable modification des préférences des utilisateurs. Andy Stone, directeur de la communication du groupe, a assuré sur son compte Threads que cette anomalie avait été identifiée et corrigée.

En pratique, les utilisateurs pouvaient désactiver cette limite dans les paramètres de contenu, mais la modification se réinitialisait souvent. Meta a déclaré vouloir préserver la capacité des utilisateurs à choisir d'interagir avec des contenus politiques tout en respectant leurs préférences. Cette situation met une nouvelle fois en évidence la lenteur de Meta à se mettre en conformité avec le RGPD, notamment concernant la gestion rigoureuse et transparente des paramètres de contenu pour éviter la méfiance des utilisateurs. Cet incident rappelle cependant les difficultés des plateformes de réseaux sociaux à s'adapter sans cesse aux besoins et envies des utilisateurs pour leur permettre de personnaliser un maximum leurs comptes tout en leur garantissant la sécurité et la fiabilité des informations diffusées.

Régulation des contenus politiques sur les réseaux sociaux : un art délicat

La régulation des contenus politiques sur les réseaux sociaux est un sujet de plus en plus délicat. Instagram et Threads, propriétés de Meta, sont sous pression pour contrôler la diffusion des contenus politiques et électoraux. L'objectif est de limiter la désinformation et de garantir des échanges sains entre les utilisateurs. Meta a introduit des paramètres pour permettre aux utilisateurs de limiter l'exposition aux contenus politiques. Cependant, ces initiatives suscitent des controverses, notamment lorsque les préférences des utilisateurs sont modifiées sans leur consentement.

En Europe, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) joue un rôle clé dans la surveillance des pratiques de communication politique. Pour les élections européennes de 2024, et par la suite les législatives, la CNIL a mis en place un dispositif renforcé pour garantir le respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Ce dispositif comprend la surveillance des méthodes de prospection électorale, l'assurance de la conformité des pratiques de communication et la protection des données personnelles des électeurs. En cas de non-conformité, des sanctions peuvent être appliquées, soulignant l'importance d'une régulation stricte pour préserver la confiance des citoyens dans le processus électoral.

Aux États-Unis, la lutte contre la désinformation prend une autre dimension avec la menace des deepfakes. OpenAI, par exemple, a développé des outils pour détecter les contenus générés par IA afin de protéger l'intégrité des informations diffusées en période électorale. Cependant, l'efficacité de ces outils reste limitée face à l'évolution rapide des technologies de génération de contenus fallacieux. La régulation des contenus politiques sur les réseaux sociaux américains implique donc une combinaison de surveillance technologique avancée et de mesures législatives pour prévenir la manipulation de l'opinion publique.

La régulation des contenus politiques sur les réseaux sociaux nécessite une collaboration étroite entre les plateformes, les autorités de régulation et les utilisateurs. Les initiatives comme celles de Meta pour offrir plus de contrôle aux utilisateurs sont cruciales, mais doivent être mises en œuvre de manière transparente et respectueuse du consentement. La protection des données personnelles et la lutte contre la désinformation sont essentielles pour garantir des échanges en ligne sûrs et fiables, surtout en période électorale.

Instagram
  • Des interactions faciles par de nombreux canaux (publications, Stories, messagerie, etc.)
  • Un réseau social adapté aux préférences des utilisateurs dans la gestion de leur compte
  • De nombreux types de contenus à créer, à partager et à consulter
Threads
  • Concurrent crédible à Twitter
  • Un Instagram à la sauce Twitter
Par Mélina LOUPIA

Modératrice, contributrice et community manager pour le regretté OVNI Le Post, puis journaliste société spécialisée dans la parentalité et la psychologie notamment sur Le HuffPost, l'univers du Web, des réseaux, des machines connectées et de tout ce qui s'écrit sur Internet s'inscrit dans le champ de mes sujets préférés.

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Commentaires (1)
norwy

Mieux vaut s’excuser que de demander la permission

Meta est incorrigible là-dessus…