L'application qui devait prendre la place de Twitter a réussi l'exploit de faire préférer l'original à la copie. Même avec la nouvelle direction.
Depuis son lancement record, à un moment idéal pour récupérer les réfugiés de Twitter, l'application Threads a connu un rapide retour à la réalité, perdant rapidement nombre de ses utilisateurs initiaux. Cela n'est probablement pas la seule raison. Il est certain que la modération fluctuante de la plateforme n'a pas dû aider. En effet, celle-ci est souvent intraitable sur certains sujets (comme sa maison-mère Instagram), mais reste étonnamment laxiste avec les discours d'extrême droite.
Les discours de haine pullulent sur Threads
Alors que Meta a construit son succès et son modèle économique en grande partie sur les algorithmes de recommandations, censés présenter aux utilisateurs des contenus qui les intéressent, Threads est notoirement à la ramasse sur ce sujet.
Pas besoin de suivre des influenceurs d'extrême droite pour se voir suggérer des dizaines de posts ouvertement homophobes, racistes, transphobes, ou encore anti-avortement. Au point que des captures d'écran de tels messages sont tout simplement utilisées pour faire la promotion de Threads sur Instagram.
Le problème s'est peut-être intensifié ces derniers mois, mais il est tout sauf récent : une semaine après l'inauguration de l'application, plusieurs organisations de défense des droits civiques avaient écrit une lettre ouverte à Meta pour lui demander de prendre ses responsabilités et de cesser de faire la promotion de discours de « rhétorique néonazie, de mensonges sur les élections, et de désinformation sur la COVID-19 ».
Comment ? Un problème de modération chez Meta ?
Si ces suggestions peuvent être liées à un défaut d'algorithme, elles pointent aussi clairement vers une modération au minimum imparfaite, car avant d'être mis avant ces contenus doivent aussi passer le filtre de la modération. Et apparemment, ce ne sont pas le racisme ou l'islamophobie qui l'en empêcheront.
Pourtant, une entreprise comme Meta sait que l'on ne peut pas tout simplement oublier la modération sur des plateformes qui regroupent des millions d'utilisateurs. Ses oublis sur la question lui ont valu de nombreux procès dont deux où l'entreprise est accusée de complicité de crimes contre l'humanité. D'ailleurs, Threads a appris de ces erreurs et il serait faux de dire qu'aucun contenu n'y est modéré : le contenu pro Palestine, par exemple, y a vigoureusement été combattu depuis octobre dernier.
Aujourd'hui encore, Threads ne dispose toujours pas de ses propres CGU, et sa politique de contenu est la même que celle d'Instagram : impitoyable quand l'on voit trop de peau féminine, beaucoup plus laxiste avec les discours de haine. Les CGU d'Instagram interdisent pourtant théoriquement les discours discriminants ou de haine, « s'il est partagé pour challenger ou sensibiliser ». En d'autres termes, c'est à l'interprétation du modérateur. Et le modérateur a l'air, au minimum, extrêmement conservateur.
- Concurrent crédible à Twitter
- Une connexion directe avec Instagram
Source : Mashable