La firme technologique Meta, propriétaire de Facebook et d'Instagram, a finalement renoncé à exploiter les données publiées par ses utilisateurs européens pour entraîner ses intelligences artificielles. Cette décision a été saluée par les régulateurs, mais décriée par le géant des réseaux sociaux.
La bataille juridique fait rage entre Meta et les autorités européennes de protection des données. L'entreprise américaine envisageait d'utiliser les publications de ses utilisateurs sur Facebook et Instagram afin d'alimenter ses systèmes d'intelligence artificielle.
Cependant, à la suite de vives critiques et d'une plainte déposée par un groupe de défense de la vie privée, Meta a été contrainte de suspendre ce projet dans l'Union européenne. Un revers de taille pour le mastodonte, qui voit ses ambitions d'innovation dans le domaine de l'IA freinées par les régulateurs.
04 février 2024 à 11h33
Meta dans la tourmente : exploitation des données personnelles et polémique
L'idée de départ semblait alléchante pour Meta : utiliser les publications mises en ligne par ses utilisateurs européens pour entraîner ses intelligences artificielles. Textes, photos, vidéos, tout contenu partagé publiquement sur Facebook et Instagram aurait pu être exploité dans ce but. Selon l'entreprise, cette initiative aurait permis de proposer une expérience améliorée aux internautes.
Seulement voilà, cette annonce a rapidement fait polémique. L'association européenne NOYB (None of Your Business), fer de lance de la défense de la vie privée sur le Vieux Continent, a dénoncé une violation flagrante du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Son fondateur, Max Schrems, s'est insurgé contre cette « collecte massive de données personnelles sans consentement explicite des utilisateurs ».
Les protestations se sont alors étendues aux réseaux sociaux, où un mouvement de contestation a pris forme. Un instagrammeur influent a notamment publié un tutoriel détaillant la procédure pour s'opposer à l'utilisation de ses données par Meta. En quelques jours, des milliers d'internautes européens ont suivi ses conseils, exigeant que le géant californien préserve leur vie privée.
Meta est contrainte de reculer, mais reste amère
Jean qui rit, Jean qui pleure. Dans un communiqué laconique publié en mise à jour, la société de Mark Zuckerberg a annoncé la suspension de son projet d'exploitation des données européennes pour l'entraînement de ses intelligences artificielles.
Meta exprime en effet sa déception face à la demande des régulateurs européens de retarder l'entraînement de ses modèles d'IA avec les données publiques de Facebook et Instagram. L'entreprise estime que cette décision freine l'innovation et la concurrence dans l'IA en Europe. Bien que convaincue de la conformité de son approche, Meta se voit contrainte de suspendre le lancement de son assistant IA en Europe. Sans les « informations locales », Meta affirme ne pouvoir offrir qu'une expérience de second ordre. L'entreprise poursuivra le dialogue avec les régulateurs pour permettre aux Européens de bénéficier de la même innovation que le reste du monde.
Cette décision a été saluée par la Commission irlandaise de protection des données (DPC), principal régulateur de Meta sur le Vieux Continent, sur son site web :
Le DPC salue la décision de Meta de suspendre ses projets visant à former son grand modèle linguistique en utilisant du contenu public partagé par des adultes sur Facebook et Instagram dans l'ensemble de l'UE/EEE. Cette décision fait suite à un engagement intensif entre la DPC et Meta. La DPC, en coopération avec ses collègues autorités européennes chargées de la protection des données, continuera de collaborer avec Meta sur cette question.
Si Meta assure vouloir poursuivre le dialogue avec les régulateurs, ce revers illustre les tensions croissantes entre les géants de la tech et les garde-fous juridiques européens en matière de protection des données personnelles. Un bras de fer qui ne fait que commencer, arbitré par le RGPD.
- Connectivité globale sur le web
- Accès à l'Information et aux contenus
- Des interactions faciles par de nombreux canaux (publications, Stories, messagerie, etc.)
- Un réseau social adapté aux préférences des utilisateurs dans la gestion de leur compte
- De nombreux types de contenus à créer, à partager et à consulter
Sources : The Verge, Le Monde, Data Protection Commission, Facebook