Meta refuse de déployer sa prochaine intelligence artificielle multimodale au sein de l'Union européenne. En cause, un paysage réglementaire qu'elle juge incertain et défavorable à ses activités.
Cette fameuse IA, qui sera capable de raisonner à travers la vidéo, l'audio, les images et le texte, sera lancée dans une large gamme de produits, a fait savoir la société. Les smartphones et ses lunettes intelligentes Ray-Ban Stories en font partie. Malheureusement, les utilisateurs européens ne pourront pas en profiter.
« Nous lancerons un modèle multimodal de Llama dans les mois à venir, mais pas dans l'UE en raison de la nature imprévisible de l'environnement réglementaire européen », a indiqué le géant de la Silicon Valley lors d'un entretien accordé à Axios.
Des régulateurs trop lents ?
Le texte qui turlupine la firme de Mark Zuckerberg est le Règlement général sur la protection des données (RGPD). En mai, la société a expliqué qu'elle entraînerait son futur modèle sur les publications publiques disponibles sur ses plateformes Instagram et Facebook. Une pratique qui a très fortement déplu aux régulateurs européens, forçant Meta à faire marche arrière. Finalement, les données de ses utilisateurs au sein de l'UE ne seront pas exploitées pour la formation de l'IA.
Auprès d'Axios, Meta critique la lenteur des décideurs européens comparée à leurs homologues internationaux. L'entreprise affirme avoir fourni de nombreuses informations aux régulateurs avant l'intégration de sa nouvelle politique, mais déplore leur réaction tardive. Elle souligne que, malgré une législation comparable au RGPD au Royaume-Uni, son IA y sera déployée, illustrant les disparités réglementaires entre pays.
La décision de Meta pourrait avoir des répercussions significatives : les entreprises européennes se verraient privées de l'accès à ses modèles en open source. Aussi, les plateformes étrangères intégrant ces technologies seraient contraintes de les retirer de leurs offres en Europe.
Les GAFAM se rebiffent contre la réglementation européenne
Ce n'est pas la première fois qu'un géant technologique adopte une telle approche. Apple a récemment annoncé qu'Apple Intelligence et iPhone Mirroring, deux fonctionnalités phares d'iOS 18, seraient lancés plus tardivement en Europe. Cette décision est justifiée par la législation européenne sur les marchés numériques (DMA), considérée comme un obstacle par la marque à la pomme.
La réglementation européenne est considérée par les big tech comme la plus stricte au monde. L'introduction de nouveaux textes pionniers ces dernières années renforce ce sentiment. Pour les GAFAM, ces encadrements nuisent à la fois aux consommateurs et à la compétitivité des entreprises européennes. Par exemple, Meta assure que la formation de ses IA sur les données européennes est essentielle pour garantir que ses produits reflètent correctement la terminologie et la culture de la région.
Du côté des législateurs, on plaide pour un paysage concurrentiel plus juste pour les petites entreprises, et pour la protection de la vie privée des citoyens européens.
- 3 modèles dont un de 400 milliard de paramètres
- Libre
- Peut tourner en local sur les machines bien équipées
Source : Axios