Instagram veut tout faire pour prouver que le réseau social n'est pas nocif pour les jeunes © mundissima / Shutterstock
Instagram veut tout faire pour prouver que le réseau social n'est pas nocif pour les jeunes © mundissima / Shutterstock

Instagram lance un programme permettant à des chercheurs d'étudier l'impact de la plateforme sur la santé mentale des jeunes. Cette initiative, en partenariat avec le Center for Open Science, survient dans un contexte où le réseau social est accusé par la Commission européenne de nuire au bien-être des adolescents. Des mesures de protection sont également mises en place.

C'est ce qui s'appelle tenter de se refaire la cerise. Les réseaux sociaux, et particulièrement Instagram, se retrouvent au cœur d'un débat houleux concernant leur influence sur la santé mentale des jeunes. D'un côté, la Commission européenne pointe du doigt les pratiques de Meta, jugeant insuffisants les efforts pour protéger les adolescents. De l'autre, Instagram tente de redorer son blason en ouvrant ses portes aux chercheurs.

Cette démarche inédite vise à étudier scientifiquement les effets de la plateforme sur le bien-être des utilisateurs. Le 17 juillet 2024, Meta et le Center for Open Science (COS) ont lancé un appel à propositions pour un programme pilote novateur. Cette initiative répond aux demandes croissantes de recherches approfondies sur l'impact des médias sociaux, notamment celles formulées par le National Academies of Sciences Study Consensus Report. Entre accusations, recherches et mesures préventives, le géant des réseaux sociaux se trouve à un tournant crucial.

Instagram dans le collimateur : des accusations qui font mouche

La Commission européenne ne mâche pas ses mots. Elle accuse Instagram et sa maison mère Meta de porter atteinte à la santé mentale des jeunes utilisateurs. Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a mis les pieds dans le plat en déclarant que Meta ne faisait « pas assez d'efforts pour se plier au DSA et pour réduire les risques mentaux et physiques associés à l'utilisation de ses plateformes ».

L'inquiétude majeure porte sur ce que Bruxelles appelle une « spirale infernale ». Les algorithmes des réseaux sociaux sont soupçonnés de pousser les adolescents à une surconsommation numérique, les exposant potentiellement à des contenus nocifs. Cette addiction présumée inquiète les autorités, qui craignent des répercussions néfastes sur le développement et le bien-être des jeunes.

Les conséquences pour Meta pourraient être sévères. L'entreprise risque une amende colossale pouvant atteindre 6 % de son chiffre d'affaires mondial. Plus grave encore, en cas de récidive, elle pourrait tout simplement être bannie du territoire européen. Une épée de Damoclès qui se fait de plus en plus menaçante au-dessus des têtes de Mark Zuckerberg et son équipe.

La riposte d'Instagram : entre recherche et prévention

Instagram ne reste pas les bras croisés. Le réseau social a décidé de contre-attaquer en misant sur la transparence et la recherche scientifique. Un programme pilote inédit vient d'être lancé, permettant à des chercheurs universitaires d'accéder à certaines données de la plateforme. L'objectif : étudier rigoureusement l'impact d'Instagram sur la santé sociale et émotionnelle des jeunes utilisateurs.

Cette initiative, menée en partenariat avec le Center for Open Science, offre aux scientifiques un accès limité mais précieux à des informations sur l'utilisation d'Instagram. Les chercheurs pourront ainsi croiser ces données avec leurs propres études comportementales, ouvrant la voie à une compréhension plus fine des enjeux.

Les jeunes et les réseaux sociaux, une relation compliquée © DavideAngelini / Shutterstock

Le programme se concentre sur quatre domaines de recherche principaux :

  1. Les comparaisons de forces entre l'utilisation d'Instagram et d'autres facteurs influençant la santé mentale des adolescents ;
  2. Les différences entre pays et régions concernant l'impact des médias sociaux sur les jeunes ;
  3. L'étude des variations entre différents groupes démographiques ;
  4. L'analyse des raisons derrière les corrélations observées entre Instagram et la santé mentale des jeunes.

Curtiss Cobb, vice-président de la recherche chez Meta, souligne l'importance de cette démarche : « Nous espérons que les résultats produits par les chercheurs permettront de mieux comprendre les nombreux facteurs qui ont un impact sur les adolescents d'aujourd'hui, afin que la société puisse se rassembler pour trouver des solutions productives. »

En parallèle, Instagram muscle son arsenal préventif. La fonctionnalité « Amis proches » permet aux adolescents de restreindre leur fil d'actualité à un cercle restreint. Une bulle de protection contre le flot potentiel de contenus indésirables ou de harcèlement. L'activation de cette option est simple et modulable, offrant aux jeunes un contrôle accru sur leur expérience en ligne.

Pour les parents inquiets, voici quelques conseils pour limiter l'addiction aux réseaux sociaux :

  • Fixer des horaires d'utilisation ;
  • Montrer l'exemple en limitant sa propre utilisation ;
  • Discuter ouvertement des risques et avantages des réseaux sociaux ;
  • Encourager les activités hors ligne ;
  • Créer des zones sans écran à la maison.

La bataille pour la santé mentale des jeunes sur les réseaux sociaux ne fait que commencer. Entre pression réglementaire, recherche scientifique et nouvelles fonctionnalités, Instagram tente de trouver un équilibre. L'avenir dira si ces efforts suffiront à apaiser les inquiétudes et à créer un environnement véritablement sain pour les adolescents en ligne.

  • Des interactions faciles par de nombreux canaux (publications, Stories, messagerie, etc.)
  • Un réseau social adapté aux préférences des utilisateurs dans la gestion de leur compte
  • De nombreux types de contenus à créer, à partager et à consulter
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