Si la science-fiction peut être sombre, comme dans Carbone et Silicium par exemple, elle peut être aussi humoristique : c'est le cas de Bots, notre BD du jour. Dans ce triptyque paru aux éditions Ankama, on suit l’histoire de deux robots et d’un bébé…
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Bots (2016-2020)
d’Aurélien Ducoudray et Steve Baker
Une fois n'est pas coutume, dans le monde de Bots, les humains ont complètement disparu. À vrai dire, on a même oublié qu’ils ont existé. Seuls subsistent des robots de tous types : des grands, des petits, des bleus, des rouges, des gris, des rouillés, des flambants neufs, des méchants, des gentils… Et au milieu de tout ça, il y a War-hol et Rip-r. Réunis par la guerre, ces deux robots s'apprêtent à vivre une expérience pour le moins inattendue…
« Il sait que durant toute la durée de sa pile atomique, il sera un mule-bot, qu’il portera des trucs sur son dos »
Dans ce monde, chaque robot a une fonction bien définie. Le job de Rip-r est de réparer ses congénères, celui de War-hol est de faire la guerre. Il sera donc le premier étonné lorsque son programme lui ordonnera de quitter la ligne de front, avant de découvrir dans son ventre… Un bébé humain !
Pourquoi est-il là ? Depuis combien de temps ? Que doit-il en faire ? Face à cet événement inattendu, nos deux robots partent en quête de réponses et devront peut-être, pour les obtenir, bousculer l'ordre établi.
« Et moi, je suis Steve Jobs junior ? »
C’est donc dans un univers entièrement robotisé que se déroule l’histoire de Bots. Et le trait de Steve Baker s'y prête plutôt bien : avec ses ancrages d'inspiration comics et ses traits d’expression très franco-belges, il obtient un style hybride qui confère de vraies personnalités à ses personnages robotiques.
Pas facile de nous immerger dans une histoire où pratiquement tous les protagonistes sont faits de métal, et dont les désirs et les buts sont uniquement dictés par leur programme. Pourtant, la plume d'Aurélien Ducoudray et le trait de crayon de Steve Baker parviennent à faire en sorte que l'on s'attache aux deux protagonistes, grâce à des psychologies bien pensées et des designs travaillés.
« Ça fait 250 années octets que j’le dis, et personne m’écoute ! »
Comme dit en introduction, le récit de Bots se veut humoristique. Et ce, même si l’histoire se déroule dans un monde où les humains ont tous disparu, supposant que des choses tragiques ont eu lieu par le passé.
L'humour de Bots vient avant tout des dialogues et des jeux de mots : Aurélien Ducoudray fait appel au monde de la technologie pour imaginer ses expressions, choisir ses noms propres… Même son de cloche du côté des dessins, truffés de références à Futurama, Star Wars, aux consoles de notre enfance…
En fonction du lecteur, ces références et ces jeux de mots seront soit un point fort, soit un point faible. En effet, elles sont si nombreuses qu’elles peuvent parfois nous détourner du récit, et peuvent parfois sembler être « enfoncées au marteau et au burin ». C’est le principal reproche qu’on peut faire à Bots, dont l’histoire est captivante et le dessin très agréable à l'œil.
« C’est vrai, capitaine, qu’on sait plus quand la guerre a commencé ? »
Si l’histoire est pleine d’humour, elle n'en est pas moins jalonnée de réels enjeux. Dans Bots, une guerre sévit depuis très longtemps et, nous le disions, c’est d'ailleurs sur le champ de bataille que se rencontrent War-hol et Rip-r.
Le monde de Bots est aussi bouffé par la propagande, et la guerre s’éternise à tel point qu’on ne sait plus qui se bat contre qui. Dans cette ambiance chaotique, l’arrivée d’un petit bébé innocent et toujours content a tout d’un cheveu sur la soupe…
Au fil des pages se développe une vraie réflexion sur la vie et sa valeur, qui trouvera son paroxysme dans le dernier tome quand nos deux robots se retrouveront face à un choix cornélien. Une fin d’ailleurs plutôt audacieuse, aussi terrible que bien trouvée.
« Et qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ? »
Bots nous apporte une proposition originale, à base d’humour, de grosse baston, de traits cartoonesque, le tout englobant des thématiques vraiment intéressantes. Le duo Baker-Ducoudray fonctionne plutôt bien, et nous propose ici un triptyque qui vaut le détour.
Les trois tomes de Bots sont édités chez Ankama.
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