Après Passengers il y a quelques semaines, notre film du jour nous emmène à nouveau dans l'espace, où une équipe d'astronautes cherche cette fois à réanimer rien de moins que notre bon vieux Soleil.
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Sunshine (2007)
de Danny Boyle
Loin des grosses machines de studio dont j'ai pu vous parler fréquemment dans cette chronique, Sunshine est un film en partie indépendant, soutenu par feu le studio Fox et réalisé par Danny Boyle.
Ce nom ne vous dit peut-être rien mais le metteur en scène touche-à-tout a mis en images des films aussi populaires qu'éclectiques, de 28 jours plus tard, à Slumdog Millionnaire en passant par Trainspotting.
Pour cette première (et unique à ce jour) incursion dans la science-fiction, Danny Boyle nous convie à un voyage périlleux vers notre plus grande étoile. Mais évidemment, comme toujours avec ce type d'aventure, les choses ne vont pas se passer exactement comme prévu.
« Huit astronautes attachés au dos d'une bombe »
Nous voilà donc propulsés en 2057. La Terre est entrée dans un hiver perpétuel à cause de l'affaiblissement du Soleil qui ne procure plus assez de chaleur pour maintenir les températures idéales à la survie de l'humanité.
Le film débute directement dans l'espace, où l'on retrouve l'équipage de l'ICARUS II, un vaisseau tractant une bombe thermonucléaire d'une puissance encore jamais expérimentée par l'humain. L'objectif de la mission est à la fois simple et périlleux : envoyer cette bombe au cœur du Soleil afin de le réactiver et de garantir la survie de l'humanité.
« Mesdames et messieurs, Mercure »
Nous retrouvons ainsi l'équipage de l'ICARUS II près de sept ans après son envol. Il semble alors tout proche d'accomplir son objectif, à l'inverse de l'ICARUS, première mission envoyée pour réanimer le Soleil, qui n'a plus donné signe de vie.
Au jeu de créer un univers crédible en quelques plan, Danny Boyle s'en sort avec les honneurs, et ce même sans beaucoup de moyens. Pour figurer l'intérieur du vaisseau le film montre peu de décors, mais chacun d'eux est surchargé d'objets, de détails, de traces d'usure même, pour nous faire ressentir le quotidien de l'équipage et le passage du temps.
Le vaisseau aussi est particulièrement soigné, même si on ne le voit complètement qu'à de rares occasions, tant il est large et complexe. La caméra préfère s'attarder sur des éléments précis, comme l'immense bouclier thermique qui vient protéger la carlingue d'une température de plus de 35 000°C. L'ensemble fonctionne et parvient à nous plonger en quelques minutes au cœur de l'intrigue.
L'ambiance sonore du film participe aussi beaucoup à l'immersion avec un travail incroyablement soigné apporté aux différents bruits produits par l'ICARUS II. Petit conseil : si vous regardez le film seul, n'hésitez pas à mettre un casque pour profiter à fond de l'expérience.
« Il n'y aura plus rien pour prouver que nous avons été là, rien que de la poussière d'étoiles »
À quelques milliers de kilomètres de leur cible, les membres d'ICARUS II captent un son étrange qui se révèle être la balise d'urgence de la première mission. L'équipage est-il toujours en vie ? Et dans le cas contraire, le vaisseau renferme sûrement toujours une deuxième bombe et pourquoi pas de l'oxygène. Cela vaut bien un détour, même risqué.
Si Sunshine cite bien volontiers le classique parmi les classiques 2001 l'Odyssée de l'Espace à de multiples reprises, cette escapade sur le vaisseau abandonné paye son tribut à un autre classique de la science-fiction, Alien. L'ambiance devient rapidement lourde et très angoissante, notamment avec l'apparition d'images subliminales des membres de la première mission ICARUS insérées dans le montage de manière totalement aléatoire, ce qui a le don de me mettre très mal à l'aise.
La mise en scène s'évertue à rendre certains plans illisibles, à déformer les visages et l'environnement de sorte à nous faire perdre toute notion de l'espace. Le danger est inconnu et il peut arriver de n'importe où.
« Qu'est-ce que vous voyez ? »
Sans en dévoiler davantage, soulignons que cette péripétie permet à Dany Boyle d'embrayer sur le cœur thématique du film, à savoir le rapport au créateur, qu'il soit purement scientifique, mystique ou religieux, et qui est représenté ici par le Soleil.
Plusieurs fois dans le film on croise différents personnages fascinés par l'étoile. Ils le regardent fixement des heures durant et certains seraient prêts à perdre la vue pour admirer l'espace d'un instant sa lumière presque divine.
Mais à force de vouloir toucher le soleil il est facile de se bruler les ailes. Je passe d'ailleurs sur le nom des deux missions, ICARUS : le symbole mythologique est évident, pas la peine d'en rajouter une couche. Source de vie pour les uns, le Soleil va se transformer progressivement en enfer pour les autres.
Dans Sunshine les personnages vont ainsi être confrontés à la question de leur place dans le grand infini et devoir accepter, comme ils le peuvent, une réponse forcément décevante, quitte à sombrer dans la folie.
« Si vous vous levez un matin et que la journée s'annonce particulièrement belle, c'est qu'on a réussi »
Sunshine est une aventure spatiale qui fait finalement la part belle à l'introspection. Peu importe que nos héros réussissent ou non leur mission, ce « détail » est en fait expédié en quelques secondes, c'est leur voyage et leurs épreuves qui intéressent le plus ici.
À vous désormais d'effectuer le vôtre et pour cela je ne peux que vous recommander de vous jeter sur le film sans plus tarder.
Sunshine est disponible en DVD et Blu-Ray chez 20th Century Fox et en achat et location VOD.
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