Métal Hurlant

En 1975 naissait Métal Hurlant, le porte étendard de la BD de science-fiction par excellence. Durant plus de dix ans, le magazine créé par Jean-Pierre Dionnet a accueilli dans ses pages des pointures de la bande dessinée, comme Druillet, Moebius, Gotlib, Tardi, Bilal… si cette période vous manque, ou si vous avez toujours rêvé de découvrir de nouveaux Métal Hurlant, réjouissez-vous : le magazine sera bientôt de retour !

La toute nouvelle équipe a lancé vendredi dernier une campagne de crowdfunding pour soutenir ce lancement, déjà couronnée de succès. Plus de 4 000 préventes ont en effet été atteintes pour l'instant, sur un objectif de 1 000. Le rédacteur en chef de cette nouvelle mouture, Vincent Bernière, est aussi à l’origine du retour des Cahiers de la Bande Dessinée.

Il nous raconte la genèse du projet.

Un second retour

« Au début je voulais reprendre le magazine Pilote, j’ai eu plusieurs rendez-vous avec l’éditeur Dargaud, mais ça n’a pas abouti. Après je me suis demandé quel journal méritait d’être relancé, et j’ai pensé à Métal Hurlant. Ce que je voulais, c’était faire de la création de BD tous azimuts. »

Ce n’est pas la première fois que le magazine s’offre un retour : entre 2002 et 2004, la revue reparaissait dans une nouvelle formule publiée à la fois en France et aux États-Unis. Deux ans, c’est court comme durée de vie ; mais pour Vincent Bernière, ce n’est pas décourageant. Il ne considère tout simplement pas cette seconde version comme un échec.

« En termes de qualité, les histoires étaient de très bonnes tenue. Ce qui a peut-être pêché, c’est que le format n’était pas viable. Un comic book publié en librairie en France et aux États-Unis, ce n’était pas pertinent. Sans ça, le produit lui-même était plutôt bien, et il a même donné lieu à une série. »

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La nouvelle garde de la science-fiction en BD

Ce Métal Hurlant « troisième du nom » sera trimestriel, et proposera à chaque édition un peu moins de 300 pages de bandes dessinées et d’articles, pour une vingtaine d’euros. Au programme côté BD : des auteurs comme Mathieu Bablet, Hugo Bienvenu, Fabien Vehlmann, Alfred ou encore Brian Michael Bendis, explorant la science-fiction sous forme d’histoires courtes.

Sur la page KissKissBankBank du projet, on peut déjà découvrir quelques pitchs : Mathieu Bablet racontera l’ultime rave party dans Les Premiers Pionniers, et Ugo Bienvenu nous emmènera à la rencontre d’un couple dont l’homme se lamente tandis que sa femme le trompe avec un robot humanoïde dans HOP. Brian Michael Bendis et Edgar Jacob, eux, raconteront l’histoire d’un père au milieu du désert faisant revenir sa fille sous forme d’hologramme, dans Clean and Clear.

Un extrait de l'oeuvre de Mathieu Bablet pour Métal Hurlant
Un extrait de l'oeuvre de Mathieu Bablet pour Métal Hurlant

Vous l’aurez remarqué, le casting annoncé n’est pas 100 % français. Des auteurs australiens, espagnols, polonais ou encore belges rejoignent les rangs de Métal Hurlant, l’équipe souhaitant prochainement inclure d'autres nationalités encore, dont des auteurs japonais ou coréens. Reste que pour l'heure, les auteurs sont encore majoritairement masculins.

« On compte 20 % de femmes actuellement, ça a été un vrai souci pendant l'élaboration du projet et j’espère qu’on fera mieux à l’avenir. L’équipe compte notamment deux scénaristes, trois autrices, deux transgenres. On est très ouverts à la diversité des genres, mais ce n’est pas si facile. »

Chaque numéro explorera une thématique différente, en commençant par l’anticipation proche. Une fois sur deux, un numéro « vintage » permettra aux lecteurs de découvrir des œuvres, introuvables pour certaines depuis plusieurs dizaines d’années, parmi lesquelles des travaux de Moebius, Dionnet, Richard Corben…

Cependant, le but n’est pas exactement de retrouver trait pour trait le magazine des années 70-80 qui a fait vibrer toute une génération :

« L’enjeu est double : éveiller la curiosité des anciens lecteurs, qui sont difficiles à satisfaire parce qu’ils ont une idée arrêtée de Métal Hurlant. Et plaire au jeune lectorat, qui est plutôt celui qui participe au crowdfunding d’ailleurs. Ce nouveau lectorat, c’est ceux et celles qu'il faut absolument conquérir. L’intérêt c’est pas de retrouver le magazine qu’on a tant aimé à l’adolescence. Et c’est pareil pour le numéro vintage, il devrait susciter autant d’intérêt pour les jeunes générations, que pour les anciennes. »

Pour en juger, il faudra attendre septembre prochain, date de publication du premier numéro de cette nouvelle version de Métal Hurlant. En attendant, vous pouvez soutenir le lancement de la revue en participant à la campagne de crowdfunding.