Janvier et septembre sont deux moments clés pour les éditeurs de BD : c’est souvent là qu’ils choisissent de publier leurs plus beaux paris. Et c’est donc naturellement en ce début d’année 2022 que sort Talion, une ambitieuse BD de science-fiction chez Glénat. Bienvenue dans un monde cauchemardesque… Avec une minuscule lueur d’espoir.
- Vous cherchez de beaux graphismes
- Vous aimez les héroïnes badass qui n’ont peur de rien
- Vous avez envie de vous embarquer dans une aventure épique et pleine de sens
- Vous en avez assez des lieux communs en SF (les riches en haut et les pauvres en bas, des zombies…)
- Vous avez besoin d’une œuvre qui vous donne le sourire
Talion (2022)
Sylvain Ferret
L'humanité est plongée dans une crise qui pourrait bien avoir sa peau. La nature a rendu son dernier souffle, et l’eau, indispensable à la vie, est polluée par la Vermine : quiconque en boit en trop grande quantité voit sa peau se recouvrir d’une écorce noire, et se transforme en zombie pour s'en prendre aux autres humains.
Dans ce contexte, la noblesse a trouvé le moyen d’assainir l’eau et profite de cet avantage, paisiblement installée dans les hauteurs de la ville. Pendant ce temps le peuple vivant dans les bas-fonds, ou « racines », se meurt.
Dans cette ambiance morbide, nous faisons la connaissance de Billie, la fille de deux duchesses, régentes de la royauté en place, qui n'est pas d’accord avec le système en place. Saura-t-elle faire face au roi, aux inégalités, et à la mort annoncée de l’humanité ?…
Fiche technique Talion T1
« Que perdure… votre foutu royaume… »
Bien née mais victime de mille souffrances durant son enfance, Billie a la rage au ventre. Entre une mère confortablement installée dans la noblesse et une autre paria, réfugiée chez les pauvres, elle a un pied entre deux mondes : une position finalement idéale pour devenir celle qui saura changer les choses.
En parallèle, le personnage de Taddeus est introduit, dès les premières pages, dans une scène de combat de toute beauté. Ce scientifique au visage buriné est convaincu de pouvoir trouver un remède à la Vermine, qui met en danger l’humanité et tout l’écosystème terrien. Billie, qui aime se moquer gentiment de ce vieil idéaliste, reste convaincue qu’une révolution est possible.
Le décor est planté : nous suivrons Billie dans son combat politique, et Taddeus dans sa lutte écologique.
« Un lieu oublié, et pourtant un socle d’espérance. »
Ce qui frappe en premier dans Talion, c’est bien sûr l'identité graphique de l'œuvre. L’artiste propose une couverture grandiose dans des tons gris et bleus, le titre se détachant nettement dans un rouge sanglant. Au premier plan on retrouve notre héroïne, toute petite face à cet univers menaçant, tandis qu'en fond se devinent des formes déchiquetées, comme des machines déchues ou des cathédrales brûlées.
L’auteur décrit lui-même son univers comme une sorte de « cyberpunk gothique ». Et c’est vrai que ce mélange entre contexte futuriste et royauté écrasante crée une ambiance bien particulière. Avec Talion, Sylvain Ferret s’est fait plaisir, en travaillant son univers dans de grandes cases pleines de détails, aux couleurs toujours sombres mais pourtant très lisibles.
« Un noble qui descend dans les racines ?! Ça n'arrive jamais !! »
Comme bien souvent en science-fiction, aussi futuriste soit elle, la société de Talion est aussi l’occasion de poser des propos politiques que l'on peut aisément transposer au contexte contemporain. Un monarque omnipotent, une nature détruite et un virus impitoyable… l'œuvre ressemble à un gros « warning » aux échos douloureux mais nécessaires.
Ce premier tome fait ainsi état des déboires de la population pauvre au cœur des racines, mais aussi des intrigues de la noblesse, vivant confortablement en hauteur. Car si le monde se porte aussi mal dans ce futur, c’est aussi à cause de ceux qui s’en sortent le mieux.
« Ce monde… ne laisse aucune place à l’imagination. »
Talion n’est pas une œuvre qui donne le sourire. Et ce n’est pas son but : entre son camaïeu de bleus et de gris, et le côté sombre de ses personnages, l'ambiance de la bande dessinée aspire complètement son lecteur. L’auteur, grand lecteur de mangas et plus précisément de shonen, livre par ailleurs un premier tome très référencé, dans lequel on reconnaît la moto iconique d’Akira, ou encore l’inspiration de Gunnm pour les décors, cauchemardesques.
Mais Sylvain Ferret est aussi un grand fan de jeux vidéo, et ça se sent. La ville, telle un personnage à part entière, est magnifique dans ce premier tome. Avec ses ruelles enchevêtrées, son côté futuriste décrépi, elle revêt un petit air de Final Fantasy qui n’est pas pour nous déplaire.
Enfin, la propreté et la clarté des scènes de combat nous laissent croire que l’auteur a l’habitude des bastons virtuelles contre des paquets de monstres en tout genre.
« C’est le début d’une révolution ! »
Ce premier tome est une introduction. Sylvain Ferret plante les bases d’un monde en souffrance, approchant de sa fin. Talion est destiné à être un triptyque, aussi Billie et Taddeus ont encore deux volumes pour renverser la situation. Vont-ils y arriver ?
En attendant de le savoir, vous pouvez également écouter l’épisode du podcast C’est plus que de la SF sur le sujet, où l’auteur de Talion et son éditeur nous en apprennent plus sur les coulisses de la création de ce premier tome.
Avec Talion, Sylvain Ferret signe son tout premier scénario en bande dessinée…. et quel réussite ! La situation cauchemardesque dans laquelle les personnages sont embarqués donne forcément envie de découvrir la suite. Et graphiquement, on en prend plein les yeux !
- Vous cherchez de beaux graphismes
- Vous aimez les héroïnes badass qui n’ont peur de rien
- Vous avez envie de vous embarquer dans une aventure épique et pleine de sens
- Vous en avez assez des lieux communs en SF (les riches en haut et les pauvres en bas, des zombies…)
- Vous avez besoin d’une œuvre qui vous donne le sourire
Talion est édité chez Glénat.