Le Grumpy Cat, un chat star d'Internet qui vaut de l'or

Audrey Oeillet
Publié le 10 décembre 2014 à 11h48
Sur un Web gouverné par les chats, c'est sans doute le plus célèbre : Tardar Sauce, le félin plus connu sous le nom de Grumpy Cat, aurait rendu sa propriétaire grandement millionnaire en deux ans.

Tardar Sauce n'est clairement pas une chatte comme les autres. Et rien à voir avec son patronyme peu commun : de toute façon, elle est beaucoup plus connue sous le nom de Grumpy Cat, soit « le chat grincheux ». C'est ainsi que les internautes ont surnommé le félin, suite à la publication, en 2012, d'une vidéo et d'une série de photos dans lesquelles il affiche une mine peu réjouie. La bouille insolite de ce chat grognon vient du fait qu'il est atteint de nanisme félin et d'une malformation des mâchoires. Des particularités qui ne l'empêchent pas de vivre « normalement », explique sa maîtresse : « 99 % du temps, c'est un chat tout à fait normal, qui joue, chasse, et fait tout ce que les chats font. » Mais c'est le 1 % restant qui compte vraiment.

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L'empire du chat qui n'aime rien

Né en avril 2012, le Grumpy Cat est rapidement devenu une star du Web, un mème : la réutilisation à outrance des clichés le représentant, assortis de légendes de circonstance, l'ont fait entrer au panthéon des références les plus en vogue d'Internet.

Une situation qui a bouleversé la vie de Tabatha Bundesen, propriétaire de Tardar. « Ce qu'elle a réalisé en si peu de temps est inimaginable et époustouflant. J'ai pu quitter mon emploi de serveuse dès les jours qui ont suivi sa première apparition sur les réseaux sociaux, et le téléphone n'a tout simplement pas cessé de sonner depuis. »

Phénomène - d'aucuns diront de foire - aux Etats-Unis, le chat de 2 ans et demi a été « invité » sur de multiples plateaux télé, à la rédaction de Vogue, ou encore au festival South by Southwest. Le site officiel du félin propose une quantité impressionnante de produits dérivés, de la peluche au tee-shirt en passant par le mug, et même la biographie.

L'empire du chat qui fait la gueule ne s'arrête pas là : fin novembre, la chaîne américaine Lifetime a diffusé un téléfilm de Noël dont Tardar Sauce était la star. Grumpy Cat's Worst Christmas Ever ne marquera clairement pas l'histoire de la télévision, mais il contribue à la popularité d'un félin qui n'avait rien demandé.

Une fortune de 80 millions d'euros ?

Si le Grumpy Cat est la star, c'est avant tout sa maîtresse qui en tire le plus de bénéfices. Selon le tabloïd britannique The Daily Express, Tabatha Bundesen aurait gagné l'équivalent de 80 millions d'euros en l'espace de deux ans. Des revenus qui seraient générés par les produits dérivés, les apparitions publiques du chat et sa présence dans différentes publicités, comme pour Friskies.

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Le détail de ces gains n'est pas donné, et Tabatha Bundesen, interrogée par le Huffington Post, qualifie cette information de « totalement inexacte » sans pour autant en dire davantage. La somme annoncée est effectivement très élevée, étant donné que le New York Magazine évaluait la valeur du félin à 1 million de dollars en septembre 2013. A l'époque, Ben Lashes, manager du Grumpy Cat, refusait de donner des chiffres, sans nier pour autant la dimension très lucrative de la situation.

Mais ce qui peut être présenté comme une success story du Web soulève quelques questions, concernant notamment le traitement de l'animal. En 2013, la PETA, l'équivalent de la SPA aux États-Unis, s'était d'ailleurs intéressée à la présence du chat au festival South by Southwest. La situation n'avait finalement pas fait plus de vagues, l'organisme estimant que l'animal, malgré la foule de gens venant le caresser, allait bien grâce à un encadrement strict. Les critiques formulées par d'autres observateurs n'allaient pas vraiment plus loin, et les apparitions du chat continuent aujourd'hui.

Le règne des mèmes

Le succès, improbable, de ce chat de 2 ans atteint de nanisme a de quoi surprendre. Il n'est qu'un exemple de la manière dont certaines personnes parviennent à tirer parti d'une gloire éclair, survenue de façon souvent aléatoire sur les réseaux sociaux.

Les mèmes d'Internet constituent un phénomène difficilement explicable, dont le succès est grandement basé sur l'aléatoire. Ils naissent la plupart du temps sur les réseaux sociaux ou au sein de sites communautaires comme 9gag ou Reddit. Une vidéo, ou plus souvent une photo, s'y retrouve postée et entraîne parfois une suite importante de réactions, qui vont développer un aspect viral. Plus le cliché est vu et repris, et plus le phénomène a des chances de perdurer. Parfois, comme pour le Grumpy Cat, il bénéficie d'un coup de pouce qui permet à une communauté de se former autour de lui. Sur Facebook, la page du chat compte plus de 7 millions de fans.


Mais sur Internet, on le sait bien : tout va vite. Il est possible de découvrir de nouvelles tendances virales chaque jour, et des phénomènes peuvent faire parler d'eux durant un certain temps avant de replonger dans l'anonymat. Et dans la déferlante de mèmes qui inondent le Web chaque année, rares sont ceux qui sortent du lot.

L'exemple, il y a quelques semaines, du fameux Alex from Target est assez représentatif de ce type de situation : un jeune homme, employé d'un magasin Target aux USA, a vu sa photo publiée sur Twitter, et massivement diffusée pendant plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Une popularité hasardeuse, que le jeune homme n'a pas cherché à avoir, mais qu'il cherche à alimenter aujourd'hui pour la faire perdurer. Néanmoins, nombreux sont les internautes qui sont déjà passés à autre chose.

Finalement, on peut se demander si les mèmes et le succès qui en découle (ou non) ne sont pas une simple évolution de la minute de gloire version télé-réalité. Mais Internet n'est pas dupe : s'il y a beaucoup d'appelés, souvent involontaires, il y a au final peu d'élus. Difficile de reprocher à ceux qui trouvent la recette du succès durable d'en profiter... même si on peut émettre une réserve lorsqu'il s'agit d'un chat qui n'a rien demandé.
Audrey Oeillet
Par Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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