Fin 2014, le studio Sony Pictures a connu un piratage de grande ampleur, considéré comme le pire vécu par une entreprise américaine. Rapidement, le gouvernement des Etats-Unis s'est tourné vers la Corée du Nord, tenue pour responsable de l'attaque. Si des doutes planent toujours aujourd'hui pour de nombreux observateurs, on sait cependant que les pirates à l'origine de l'attaque ont menacé Sony de représailles si le studio se décidait à sortir en salles le film L'Interview qui tue. Ce dernier met en scène de manière comique l'infiltration de deux journalistes en Corée du Nord, chargés par la CIA de tuer Kim Jung-Un. Le leader du pays est particulièrement moqué dans l'histoire.
Un lâcher de DVD en Corée du Nord
Fort d'une publicité inattendue, Sony a finalement décidé de sortir le film en VOD et dans certaines salles de cinéma. L'Interview qui tue est désormais disponible en DVD dans certains pays, dont les Etats-Unis, ce qui a donné une idée à un militant sud-coréen : envoyer des milliers de copies du film en Corée du Nord, où il est bien évidemment interdit. Lee Min-bok a ainsi déclaré au Guardian avoir effectué quatre envois de ballons en Corée du Nord depuis la Corée du Sud, le premier remontant à janvier, et le dernier en date ayant été réalisé samedi 4 avril.« J'ai lancé des milliers de copies et environ un million de tracts samedi, près de la partie occidentale de la frontière » déclare Lee Min-Bok, ancien nord-coréen qui a fui le pays et trouvé refuge en Corée du Sud. Il utilise des ballons gonflés à l'hélium pour militer contre le régime de Pyongyang. Les envois ont lieu pendant la nuit, lorsqu'il est plus difficile pour les forces armées nord-coréennes de les abattre.
Un lâcher de ballons aux abords de la frontière nord-coréenne, fin 2014.
Le ballon à l'hélium, une ouverture sur le monde
La démarche du militant est loin d'être la première du genre : les ballons à l'hélium sont utilisés depuis de nombreuses années pour faire transiter des données en Corée du Nord, un pays où les communications avec l'extérieur sont extrêmement limitées. Les ballons permettent notamment d'envoyer des CD, des radios ou des clés USB remplies de films et de séries télé ou encore des dollars en billets, autant de façons de lutter contre l'oppression du régime de Pyongyang tout en apportant une ouverture culturelle.La démarche est forcément mal vue en Corée du Nord où les militaires ont ordre de tirer à vue sur les ballons. Les lâchers de ballons aux abords de la frontière sont source de tensions entre Pyongyang et Séoul, puisque le Nord exige que le Sud empêche les militants de réaliser ce genre d'opération. En vain.
L'Interview qui tue est devenu en peu de temps symbole des relations conflictuelles entre les Etats-Unis et la Corée du Nord : il semble à présent qu'il soit également le symbole d'un certain militantisme frontalier.
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