© Metropolitan FilmExport
© Metropolitan FilmExport

Amateurs de destruction massive, réjouissez-vous ! Le réalisateur d'Independance Day revient pulvériser notre bonne vieille planète avec Moonfall, son dernier film catastrophe en date.

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique du film :

L'art délicat de la destruction

La Terre est menacée par la chute de la Lune, déviée de son orbite par une force mystérieuse. Alors que tout semble perdu et que le monde attend son extinction, deux anciens astronautes vont tenter le tout pour le tout pour sauver l'Humanité.

Roland Emmerich est de retour et il n'a pas changé. Le réalisateur, responsable des méga-cartons Independance Day, Le Jour d'Après ou encore 2012 n'a décidément rien perdu de sa délicatesse et le prouve une nouvelle fois avec Moonfall, son dernier panzer taillé pour les écrans géants des salles de cinéma.

Le début du métrage se déroule sans encombre, avec un flashback situé dans l'espace qui nous présente les deux personnages principaux, interprétés par Halle Berry et Patrick Wilson, au cœur d'une mission spatiale qui va évidemment mal tourner.

En quelques minutes seulement la menace est posée et cette première scène d'action, si elle n'oublie pas de piquer quelques plans à Gravity au passage, est suffisamment efficace pour nous mettre rapidement dans l'ambiance.

© Metropolitan FilmExport
© Metropolitan FilmExport

Le film fait ensuite un bond de 10 ans dans le futur et prend littéralement une heure pour mettre en place une intrigue qui n'en demandait pas tant. Moonfall présente au passage les innombrables personnages secondaires, qui devront trouver une solution pour empêcher la Lune de s'effondrer sur la planète ou simplement échapper aux inondations et autres catastrophes climatiques causées par l'approche de la Lune.

C'est long, d'autant que les différents protagonistes ne sortent jamais des bons vieux clichés hollywoodiens que l'on pensait pourtant disparus depuis une bonne quinzaine d'années. On retrouve en effet le fils rebelle au bon cœur, un enfant innocent, sa courageuse baby-sitter, le beau-père rigolo, le nerd à lunettes et le militaire droit dans ses rangers… tout y est.

L'intelligence en apesanteur

Malgré tout Roland Emmerich a du métier et, comme dans ses précédentes réalisations, un montage dynamique nous fait passer de scène en scène et de lieux en lieux avec une fluidité assez exemplaire, tout en donnant toutes les informations indispensables pour comprendre les enjeux, les motivations de chacun et les moyens de sauver la Terre.

© Metropolitan FilmExport

Attention toutefois, Moonfall demande une sévère ouverture d'esprit pour passer outre ses incohérences grossières et son abyssale ineptie. Roland Emmerich n'a jamais cherché à approcher une certaine réalité scientifique dans ses films. Avec Moonfall, le metteur en scène se surpasse en faisant un joyeux bras d'honneur aux lois de la physique et à la logique.

Oui il est ici possible de faire décoller une fusée spatiale avec la moitié des moteurs en panne. Evidemment, seuls deux pauvres ingénieurs devant un écran peuvent assister au lancement. Partir dans l'espace en seulement 20 minutes, sans préparation ni plan de vol ? Pas de problème, où sont les clés de la navette ?

L'incohérence culmine dans un dernier acte qui use et abuse du fameux « Tais-toi, c'est magique ». Cela permet aux trois scénaristes de justifier les énormes coups de pouce donnés à nos héros pour poursuivre leur aventure, et ce, après une interminable séquence qui tente de donner un semblant d'explication et de cohérence à tout ce foutoir.

© Metropolitan FilmExport

Badaboum Cinematic Universe

Soyons honnêtes, nous n'étions pas venus voir Moonfall pour sa rigueur scientifique ou sa capacité à soulever des questionnements métaphysiques bouillonnants, mais bien pour ses scènes d'action. Malheureusement, le film se montre étonnamment timide sur le sujet.

Toute l'action du film se retrouve finalement contenue dans le dernier tiers. Avant, seuls quelques plans larges montrant la démolition de villes comme New-York sont disséminés à travers le long-métrage. Ces rares séquences sont impeccables d'un point de vue technique, avec des effets spéciaux de très grande qualité (ce qui devient de plus en plus rare dans les blockbusters contemporains), mais ne sont pas aussi impressionnantes qu'espéré.

© Metropolitan FilmExport

Roland Emmerich semble ne jamais savoir ou vouloir renouveler sa mise en scène et se livre à un grand recyclage de l'ensemble de sa filmographie. On retrouve les tsunamis du Jour d'Après, les démolitions de mégalopoles de 2012 ou encore les séquences spatiales vues dans Independence Day : Resurgence, filmées comme à l'époque, sans aucune trouvaille visuelle.

La mise en scène reste malgré tout parfaitement lisible et là encore, on sent le savoir-faire d'un solide artisan du cinéma qui sait positionner sa caméra au bon endroit et couper au bon moment. On aurait simplement souhaité plus de folie, plus d'intensité et une exécution bien moins mécanique.

Un film de BOOMer

Moonfall est un film vieillot, coincé dans les années 90 où les spectateurs se massaient en salles pour découvrir des spectacles monumentaux, enfin rendus possibles par l'avancée des effets spéciaux numériques. Près de 30 ans plus tard, les attentes du public ne sont plus les mêmes et les VFX sont partout, à la fois dans les salles et sur les plateformes de streaming.

© Metropolitan FilmExport

Roland Emmerich, lui, ne semble pas avoir pris la mesure de ses évolutions et propose la même soupe à peine réchauffée. Est-ce que cela fait de Moonfall un mauvais divertissement ? Non. Est-il indispensable de courir en salles pour le découvrir ? Pas forcément non plus, hormis si vous êtes à la recherche d'un film aussi pop-corn et régressif que possible, à apprécier entre amis.

Moonfall est en salles depuis le 9 février 2022.