L'Ademe et l'Arcep souhaitent sensibiliser les pouvoirs publics et la population, affirmant que si rien n'est fait, l'empreinte carbone du numérique pourrait tripler d'ici 2050.
Invitées par le ministère de l'Écologie à mener une étude sur l'empreinte environnementale du numérique en France à l'horizon 2030 puis 2050, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et l'Arcep (le régulateur des télécommunications) ont dévoilé, lundi, des résultats plutôt alarmants. Les deux agences, qui reconnaissent l'intérêt du numérique dans la mise en œuvre de la transition écologique, estiment aussi qu'il pourrait voir son empreinte carbone tripler entre 2020 et 2050. En 2020, l'empreinte carbone du numérique pesait pour 2,5 % des émissions totales de la France.
Le trafic de données et le nombre d'équipements en forte hausse conduiraient à une explosion de l'empreinte carbone du numérique
Si aucune mesure concrète n'est prise pour diminuer l'empreinte environnementale du numérique en France, celle-ci devrait progresser de 45 % d'ici 2030. Cette forte hausse serait alors en partie due au trafic de données (multiplié par 6 entre 2020 et 2030) et à des équipements de plus en plus nombreux (+65 % par rapport à 2020). La consommation électrique, elle, grimperait aussi de 5 %, pour atteindre les 54 TWh/a…
Le constat est encore pire pour « l'après ». L'Ademe et l'Arcep indiquent qu'en ne changeant rien, l'empreinte carbone du numérique pourrait tripler entre 2020 et 2050. La réduction des impacts dans certains secteurs (comme la mobilité) permise par les progrès technologiques ne permettrait pas de compenser l'explosion de la consommation en électricité et en ressources.
« Pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris en 2050, le numérique doit prendre la part qui lui incombe : un effort collectif impliquant toutes les parties prenantes (utilisateurs, fabricants de terminaux et d’équipements, fournisseurs de contenus et d’applications, opérateurs de réseaux et de centres de données) est donc nécessaire », expliquent les deux agences, qui proposent des leviers d'action.
L'Ademe oppose les scénarios et propose des leviers d'action
L'une des solutions consiste à mettre en œuvre des politiques dites de « sobriété numérique », qui passeraient par la stabilisation du nombre d'équipements et le contrôle des nouveaux produits ou services. L'Ademe et l'Arcep pensent notamment à l'allongement de la durée de vie des terminaux, au développement de la filière du reconditionné, à la sensibilisation et à la disponibilité des métaux stratégiques utilisés pour fabriquer divers appareils et machines (ordinateurs, smartphones, téléviseurs, data centers etc.).
L'écoconception devrait alors devenir la norme, et l'ensemble de ces leviers pourrait permettre, selon l'étude, de réduire l'empreinte carbone du numérique d'environ 16 % en 2030, par rapport à 2020. Ici, on parle d'un scénario « de sobriété ».
L'Ademe a d'ailleurs conçu d'autres modèles et scénarios aux impacts divers. Le « Pari réparateur », par exemple, table sur un quintuplement de l'empreinte carbone d'ici 2050 par rapport à 2020. Ici, on favorisait un appui exclusif sur les technologies visant à utiliser davantage de ressources matérielles pour « conserver un monde vivable ». Un autre scénario, « Génération frugale », dont nous parlions un peu plus haut, planche davantage pour une transformation dans la façon de se déplacer, de se chauffer, de s'alimenter, d'acheter des équipements et de les utiliser, pour diminuer la demande énergétique aussi bien par la contrainte que par la sobriété. L'Ademe estime que ce modèle, drastique, conduirait à diviser par deux l'empreinte carbone du numérique d'ici 2050.
Source : Ademe