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L'Agence de protection de l'environnement (EPA) américaine a rendu public mercredi la première proposition du gouvernement fédéral visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre issues du secteur aérien.

Problème : cette proposition rédigée par l'administration Trump afin de répondre aux exigences des Nations Unies est jugée peu ambitieuse.

Échapper à la justice

Ce règlement, qui n'est encore qu'une proposition, résulte effectivement d'une obligation légale du pays à répondre aux politiques fixées par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Cet organisme des Nations Unies élabore les normes du transport aéronautique et impose notamment une réduction de 4% de la consommation de carburant des avions entre 2015 et 2028.

Si ses règles ne sont pas respectées, les États-Unis pourraient faire l'objet d'un procès. En janvier, des groupes environnementaux avaient d'ailleurs déposé un avis d'intention de poursuivre l'EPA pour ne pas avoir réglementé les émissions des avions.

Andrew Wheeler, le directeur de l'EPA, met pourtant en avant les décisions de son agence, déclarant : « C'est la troisième fois au cours des deux dernières années que cette administration prend des mesures majeures pour réglementer les gaz à effet de serre de manière juridiquement défendable, réduit les émissions de CO2 et protège les emplois américains ».

Le dirigeant fait référence à deux autres décisions récentes : une première en 2019 portant sur les émissions des centrales électriques américaines, et une seconde en avril dernier régissant les émissions du secteur automobile. Mais dans les deux cas, la nouvelle réglementation autorisait davantage d'émissions de gaz à effet de serre que celle précédemment mise en place par l'administration Obama.

« Totalement insuffisante » selon les défenseurs du climat

Les critiques sont acerbes concernant cette proposition. Pour Clare Lakewood, avocate du Center for Biological Diversity, de nombreux avions commerciaux américains sont déjà conformes aux normes de l'OACI, ce qui signifie que les nouvelles directives ne provoqueront aucune amélioration de leur efficacité ou de leur consommation de carburant. Pour elle, « ces normes n'agiront absolument pas de la manière dont nous en avons besoin sur la pollution par les gaz à effet de serre issus des avions, si nous voulons nous protéger et protéger nos communautés ».

Annie Petsonk, avocate internationale à l'Environmental Defence Fund, partage ce sentiment, ajoutant que la proposition est « totalement insuffisante pour placer l'industrie aéronautique sur une trajectoire de baisse des émissions conforme aux objectifs de l'Accord de Paris ». Andrew Wheeler, pour sa part, déclare n'avoir pas entendu d'appel à des normes plus strictes, mentionnant uniquement les normes de l'OACI.

De leur côté, les compagnies aériennes se disent satisfaites de la réglementation. Pour Bryan Watt, un porte-parole de Boeing, la nouvelle règle est un « grand pas en avant pour protéger l'environnement et soutenir la croissance durable de l'aviation commerciale et de l'économie américaine ». Pour Nancy Young, la vice-présidente aux affaires environnementales du groupe de commerce industriel Airlines for America, la proposition « est bonne pour notre industrie, pour notre pays et pour le monde ».